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Généralités
sur l'Art Roman en Bourgogne
Aperçu
chronologique
Cette page
constitue la synthèse du site. Le but est de présenter
quelques généralités sur l'architecture et
la sculpture en Bourgogne durant les phases successives de la période
romane. Le patrimoine roman bourguignon est aussi riche que divers.
On trouve un grand nombre de belles églises romanes qui ont
toutes leurs propres caractéristiques concernant le plan,
l’élévation, le voûtement et la décoration.
Il est quand même possible de trouver de nombreuses similarités
entre les édifices. Il est intéressant de classer
ces églises en différents types en analysant les caractéristiques
architecturales, le décor sculptural, l’époque
de construction et la situation géographique. Je donne ici
un petit aperçu chronologique de l’évolution
de l’art religieux en Bourgogne, depuis les débuts
de la chrétienté en Gaule jusqu’au début
de la période gothique. Je présente également
différents types d’édifices en donnant leurs
caractéristiques majeures et en évoquant les églises
principales. Cet aperçu n’est pas exhaustif ; voir
l’Inventaire pour tous les édifices
romans et la page des Thèmes iconographiques
pour un aperçu du décor roman. Vous pourriez consulter
le Glossaire pour un lexique des termes
utilisés.
Les débuts de l'art
chrétien en Bourgogne
Les époques carolingienne
et préromane
L'an 1000 et le premier art roman
Expériences et évolutions
du 11e siècle
L'art et le rayonnement clunisiens
Vézelay et le groupe voûté
d'arêtes
L'apogée du roman et le triomphe de la
sculpture
L'ordre cistercien et l'architecture du silence
La période de transition et les débuts
de l'art gothique
Les débuts
de l'art chrétien en Bourgogne (avant 750)
La Bourgogne a toujours été un important
carrefour de routes, reliant l’Ile de France et le nord au
Midi et reliant l’Italie et les Alpes à l’ouest
du pays. La
région a joué un rôle assez important pendant
la période gallo-romaine, en témoignent de nombreuses
traces, surtout dans sa capitale antique Augustodunum.
Le pays est christianisé depuis le deuxième siècle
après J.-C. par des évangélisateurs
venus de l’Orient. Les noms des apôtres bourguignons
des 2e et 3e siècles se mèlent avec des légendes
: Symphorien, Bénigne, Reine, Andoche,
Thyrse, Florent, Valérien, Marcel,
Reverianus, Sidroine, Savinien ou Potentien. Le culte
chrétien commence à se développer et c’est
sur les lieux des martyres des premiers chrétiens que sont
construits des tombeaux, des cimetières et des lieux de culte.
Les premiers évêchés sont fondés et des
cathédrales sont érigées à
Sens (3e ou 4e siècle), à
Auxerre (vers 400), à
Autun
(4e-5e siècle), à Chalon
(449), à Nevers (vers
500), à Mâcon (536),
et aussi à Langres en
Champagne, dont le diocèse couvrait une bonne partie de la
Bourgogne actuelle (avant la création de l'évêché
de Dijon en 1731). Sens
fut même siège d'une archévêché
qui comprenait également les provinces de Paris et d'Orléans.
Des basiliques funéraires sont érigées et des
communautés religieuses s’organisent sur les tombeaux
des saints, comme à Saint-Valérien de Tournus
(4e siècle), Saint-Pierre-l’Estrier à Autun
(4e siècle), Saint-Germain d'Auxerre
(vers 430), Sainte-Reine à Alise
(5e siècle) ou Saint-Bénigne de Dijon
(vers 510). La plus ancienne abbaye de la Bourgogne aurait été
fondée vers 450 à Moutiers-Saint-Jean.
Comme les édifices de ces époques lointaines étaient
souvent construits en bois et ont été maintes fois
détruits et reconstruits, il n’en reste rien à
l’exception de quelques rares vestiges et objets dans les
musées civils.
La période mérovingienne, de 481
à 751, concerne le règne des souverains francs descendants
de Clovis. C’est une époque politiquement
incertaine et difficile. On commence à fonder des monastères,
généralement sous la règle bénédictine,
qui continuent à gagner d'importance, comme à Dijon
(6e siecle), Tournus (6e siecle),
Gourdon (6e siècle), Saint-Laurent-l'Abbaye
(vers 530), Saint-Seine-l'Abbaye
(534), Saint-Pierre-le-Vif de Sens
(550), Saint-Marcel (vers 585),
Saint-Martin et Saint-Andoche Autun
(fin du 6e siècle), Saint-Pierre de Chalon
(fin du 6e siècle), Saulieu
(vers 600), Notre-Dame et Saint-Etienne de Nevers
(début du 7e siècle), Sainte-Colombe (620),
Bèze (630), Moutiers-en-Puisaye
(vers 700), La
Charité (début du 8e siècle), Flavigny
(719) et Saint-Pierre-le-Moûtier
(8e siècle). L'abbaye de Saint-Germain d’Auxerre
(725) sera particulièrement prospère grâce à
la vénération des reliques de l'évêque
de la ville. Les villes principales commencent à prendre
forme autour de leurs cathédrales et abbayes. Cette période
a laissé peu de vestiges en Bourgogne et il faut se fier
aux fouilles archéologiques pour en étudier leur mode
de construction. Dans les villes, on peut mentionner les vestiges
du baptistère sous la cathédrale de Nevers,
le narthex archéologique de St-Germain à Auxerre,
quelques chapiteaux au Rolin à Autun,
la crypte de Saint-Aré à Decize,
le tombeau de Saint-Andoche à Saulieu
et le site archéologique de la basilique funéraire
de Saint-Clément à Mâcon.
En milieu rural, il y a les cryptes à tombeaux de Griselles,
de Marcenay et de Crain
et quelques vestiges à Alise-Sainte-Reine.
Quelques vestiges
de la période mérovingienne :
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Auxerre |
Nevers |
Saulieu |
Autun |
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Mâcon |
Decize |
Crain |
Alise |
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Les époques
carolingienne et préromane (750-1000)
L’époque carolingienne
correspond à la période de règne des souverains
francs de 751 à 987. Elle est troublée par des invasions
de barbares, mais le système politique se stabilise. Pendant
le 9e siècle on remarque une renaissance de l’art chrétien
en France, combinant des formes antiques et Byzantines
avec des innovations remarquables. L’architecture de cette
période est caractérisée par l’existence
de massifs occidentaux, par l’introduction des rotondes et
couloirs de circulation autour des lieux saints et par la renaissance
de la décoration. Aucune église de cette époque
n’a été conservée entièrement
en Bourgogne et souvent on n’en connaît le plan que
par des fouilles. Les vestiges les plus importants sont sans doute
les deux cryptes des abbatiales de Saint-Germain d’Auxerre
et Saint-Pierre de Flavigny,
qui présentent des structures comparables : couloir rectangulaire,
autour d’un confessionnal central, prolongé par un
sanctuaire avec rotonde orientale. A Auxerre,
les fresques sont les plus anciennes de France, ce sont d'importantes
expressions d’art carolingien. Les cryptes de Saint-Andoche
de Saulieu et de Saint-Andoche
d'Autun dateraient également de l'empire carolingien,
comme la crypte et le chevet à cinq absides du prieuré
de Couches, la partie orientale
de la crypte de Dijon et le donjon
de La Marche. D’importantes
abbayes sont fondées pendant l’époque carolingienne,
par exemple à Vézelay
(voir Saint-Père, 858),
Pothières (vers 860), Charlieu
(872), Anzy-le-Duc (876) ou Perrecy
(vers 885), et plusieurs sites religieux profitent de l’arrivée
de nombreuses reliques de saints vénérés. L’abbaye
de Ferrières,
aux confins de la Bourgogne dans le Gâtinais, atteint une
grande prospérité à cette époque.
Images d'art carolingien
:
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Auxerre |
Auxerre |
Auxerre |
Autun |
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Flavigny |
Flavigny |
Flavigny |
Flavigny |
Le dixième siècle correspond à
la période préromane. Le style architectural
annonce l’art roman en prolongeant les traditions carolingiennes.
L’art ottonien des pays rhénans et l’influence
de l’Italie se manifestent dans les compositions et décorations
des édifices. Un berceau ou un simple plafond couvre les
sanctuaires dont les murs sont construits en arête de
poisson (ou opus spicatum), un petit appareil irrégulier.
La plus importante église de cette époque n’existe
plus : c’était Cluny
II, construite dans la deuxième moitié du
10e siècle, la deuxième église de l'abbaye
de Cluny qui avait été
fondée en 910. Cette église présentait une
nef voûtée, un clocher central et un chœur sur
plan dit bénédictin avec absidioles échelonnées.
Elle était précédée d’un narthex
ou galilée, sorte de porche occidental qui devint aux siècles
suivants une des propriétés de l’art roman bourguignon.
Les parties basses du chœur de Saint-Philibert de Tournus
seront encore de la même époque. Les bâtiments
préromans survivants sont la petite chapelle Saint-Laurent
de Tournus, Saint-Vorles à Marcenay
avec les vestiges d’un massif occidental, et l’église
de Saint-Aubin avec son chœur
remarquable à deux étages voûtés. D’autres
églises et monastères édifiés antérieurement
à l'an 1000 avaient un narthex avec chapelle haute, comme
à Saint-Marcel. Dans
quelques églises rurales, on retrouve également des
éléments de cette période : à Hauteville-lès-Dijon,
à Fixey, à La
Motte-Ternant ou à Saint-Clément-sur-Guye.
Eglises préromanes
en Bourgogne :
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Cluny
II |
Tournus
St-Philibert |
Tournus St-Laurent |
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Hauteville
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Saint-Aubin |
Saint-Aubin |
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'
L'an 1000
et le premier art roman (1000-1050)
L’art roman proprement dit commence à
se développer à partir de l’an 1000. Une fois
passée cette date longtemps considérée à
tort comme apocalyptique et effrayante, une grande impulsion de
construction marque la Bourgogne. Le religieux Raoul Glaber
écrit en ce début du 11e siècle que la Bourgogne
se couvre d’une blanche
robe d’églises. Les techniques préromanes
sont poursuivies mais accompagnées par de grandes innovations
architecturales. Les murs sont construits en petits appareils plus
ou moins réguliers et les espaces sont couverts par des voûtes
en berceau ou encore par des plafonds en bois.
Ce premier art roman bourguignon est influencé
par des maîtres et maçons lombards venant de l’Italie
du Nord. L’art lombard nous a donné les petites
arcatures ou lésènes allégeant les surfaces
maçonnées des façades, des absides et des clochers.
Ces bandes lombardes sont typiques du premier art roman,
mais sont employées jusqu’au 12 siècle en Bourgogne.
On les retrouve dans un grand nombre d’églises, surtout
en Mâconnais : voir par exemple
Tournus, Chapaize,
Mazille, Bligny-lès-Beaune.
L’un des premiers exemples d’une église complète
au début du 11e siècle est l’intéressante
église Saint-Vorles à Châtillon-sur-Seine
qui conserve un westbau ou massif occidental, des piliers
quadrilobés et un transept-chœur voûté.
Deux églises majeures qui ont déterminé le
premier art roman en Bourgogne n’existent plus. Cluny II,
déjà mentionnée, a influencé plusieurs
églises du 11e siècle à absides échelonnées,
avec Anzy-le-Duc, Charlieu
et Perrecy. Saint-Bénigne
de Dijon, construite dans le premier
quart du 11e siècle sous le maître italien Guillaume
de Volpiano, était à l’époque probablement
la plus importante église de Bourgogne. De l’ensemble
avec narthex, cinq nefs, grand transept et une grande rotonde orientale
construite sur trois étages, seule la crypte subsiste aujourd’hui.
Le plus important édifice de cette période encore
en place est Saint-Philibert de Tournus.
L’abbatiale est en grande partie du début du 11e siècle
et est remarquable par son grand narthex à deux étages,
sa nef à hauts piliers ronds, sa crypte avec déambulatoire
à chapelles rectangulaires et son décor à bandes
lombardes. Avec Cluny II, elle a largement déterminé
l’art roman du 11e siècle en Bourgogne du sud. Chapaize
présente un cas intéressant, combinant les grands
piliers ronds tournusiens et des impostes triangulaires. L'ancienne
cathédrale de Mâcon
conserve un massif occidental à deux clochers octogonaux
qui donne une idée d'une cathédrale de cette époque.
Quelques petites églises du premier art roman sont à
voir dans cette région à Massy,
Saint-Vincent-dès-Prés,
Laizé et au Villars.
Les nefs plafonnées des priorales de Perrecy
et de Bourbon-Lancy
rappellent encore le style carolingien. Dans le Jura, le chevet
développé de l'abbatiale clunisienne de Gigny,
la priorale de Saint-Hymetière
au décor d'arcatures lombardes et la crypte de Lons-le-Saunier
avec ses trois nefs et trois absisdes sont d'autres vestiges importants
du début du 11e siècle.
En même temps, dans le nord de la Bourgogne, l’architecture
commence à se développer, mais un peu plus lentement.
Les vestiges des cathédrales d’Auxerre
et de Nevers montrent des constructions
bien soignées de la première moitié du 11e
siècle : une belle crypte voûtée avec déambulatoire
et un curieux chœur occidental surmontant une crypte. La reconstruction
des parties orientales de l'abbatiale de Flavigny
offre également des vestiges importants de cette époque.
Les églises priorales de Combertault
et de Salmaise datent aussi
du début du 11e siècle, comme la crypte de Cry
dans l'Yonne et quelques petites églises du Dijonnais, par
exemple, Saint-Apollinaire
et Sennecey-lès-Dijon.
Les premières sculptures romanes datent également
de cette période. La sculpture, concentrée sur les
chapiteaux, est dérivée de modèles antiques.
Elle est encore rare et incertaine. C’est surtout un répertoire
végétal qu’on peut trouver à Dijon,
à Tournus ou à
Flavigny. Quelques rares figures
humaines et orants, sculptés de façon primitive en
très faible relief y marquent les prémices de la grande
sculpture bourguignonne.
Images du premier
art roman :
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Dijon |
Dijon |
Tournus |
Châtillon |
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Chapaize |
Chapaize |
Mâcon |
St-Vincent-des-Prés |
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Massy |
Perrecy |
Auxerre |
Combertault |
Expériences
et évolutions du 11e siècle (1050-1100)
La deuxième moitié du 11e siècle
introduit une grande réforme ecclésiastique,
avec de nombreuses fondations monastiques, commencée au synode
papal de 1049 à Reims.
En même temps, l’art roman se développe rapidement.
Les maîtres d’œuvre ont recherché les façons
de bâtir et ont expérimenté des solutions variées
pour l’élévation et le voûtement. Les
questions principales à résoudre étaient comment
soutenir une voûte maçonnée en hauteur et comment
éclairer suffisamment l’espace de la nef. Les objectifs
opposés de solidité et de luminosité
imposent des compromis et impliquent des innovations architecturales.
Les architectes du 11e siècle ont surtout expérimenté
avec les voûtes. Les premières voûtes en pierre
sur les nefs sont en berceau, faciles à construire mais elles
déchargent de grandes forces sur les murs latéraux.
Dans la deuxième moitié du 11e siècle, plusieurs
alternatives ont été utilisées. La nef de Tournus
est couverte par une série de berceaux transversaux soutenus
par des arcs diaphragmes, solution distribuant les forces et permettant
l’ouverture de grandes baies. Cependant, cette solution n’a
pas fait école : elle est seulement reprise au Mont-Saint-Vincent.
A la fin du siècle, deux autres solutions sont inventées
pour couvrir les nefs qui marqueront la gloire de l’architecture
bourguignonne : la voûte en berceau brisé et la voûte
d’arêtes. Elles sont traitées dans les deux chapitres
suivants.
La plus grande église de Bourgogne de cette période
est Saint-Etienne de Nevers. C’est
une église prieurale tout à fait originale, la première
grande église dont la nef est construite sur trois étages.
Datant du dernier tiers du 11e siècle, elle possède
une tribune ouverte et un étage de baies sous une haute voûte
en berceau. Le chœur est entouré d’un déambulatoire
à chapelles rayonnantes comme les grandes églises
de pèlerinage. La tribune et le transept à arcs diaphragmes
sont des éléments plutôt auvergnats, comme à
Clermont-Ferrand, qui n’ont
pas fait école en Bourgogne. Les parties basses du transept
de la grande basilique de La Charité,
avec deux étages d’arcades en plein cintre et absides
orientées, sont également de la deuxième moitié
du 11e siècle. Dans le Jura, la grande nef romane sur piliers
multiformes de Baume-les-Messieurs
date elle aussi de la fin du 11e siècle.
Le narthex à deux étages de Paray
et la priorale de Bourbon-Lancy,
avec sa nef plafonnée et son chœur bénédictin,
sont d'autres constructions importantes de la deuxième moitié
du 11e siècle. Les églises rurales de cette époque
sont très différentes, voir par exemple Uchizy,
Farges, Laives,
Sennecey, Cosne
et les chœurs de Champvoux,
Jailly et Châtel-Censoir
en Nivernais. Dans le nord de la Bourgogne,
le transept de Saint-Savinien de Sens
avec ses piliers ronds remonte à 1070. En Autunois, les églises
rurales du 11e siècle ont des absides en hémicycle
englobées dans des massifs rectangulaires à chevet
plat, à Curgy, à
Mesvres, à Chassy,
à La Tagnière,
à Dezize et
à Torcy. Puis, à
la fin du siècle, quelques belles églises romanes
voûtées en berceau sont construites en Brionnais,
à Iguerande et à
Saint-Germain. L’appareil
devient de plus en plus régulier et soigné. En même
temps, la sculpture romane entre dans une nouvelle phase. La figure
humaine et les animaux font leur apparition sur les chapiteaux,
par exemple à Châtel-Censoir,
Lucy-sur-Yonne ou Saint-Cydroine.
Puis à la fin du 11e siècle, les premiers chapiteaux
et tympans sont historiés en Bourgogne du sud : voir le chapitre
ci-dessous. La grande période du roman
bourguignon a commencé.
Eglises romanes
du 11e siècle :
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Tournus |
Mont-Saint-Vincent |
Nevers |
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La Charité |
Iguerande |
Bourbon-Lancy |
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Sennecey |
Châtel-Censoir |
Champvoux |
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L'art et le
rayonnement clunisiens
L’influence
spirituelle et artistique de l’ordre de Cluny
a été énorme en Bourgogne, en France et bien
plus loin encore. L’abbaye bénédictine a été
fondée en 910 dans la vallée de la Grosne en Bourgogne
du sud. Sous l’abbatiat d’illustres personnages, elle
atteint un grand rayonnement aux 10e et 11e siècles pour
arriver à son apogée au 12e siècle. Les abbés
tels que Mayeul, Odilon et surtout Hugues
de Semur font de l’abbaye un centre religieux indépendant
qui fut le plus grand du Moyen Age après la papauté
de Rome. Le monastère est
gigantesque et l'organisation et la gouvernance monastique sont
révolutionnaires. L’abbaye règne sur un grand
nombre de monastères réduits au rang de prieurés
dans toute l’Europe occidentale. Les principales dépendances
clunisiennes de la région sont les abbayes-prieurés
de Souvigny en Bourbonnais
(916), Charlieu (932), Saint-Germain
d'Auxerre (987), Dijon
(989), Paray (999), La
Charité (1059) et Nevers
(1068).
Bien que l’église dite Cluny II eut déjà
son importance aux 10e et 11e siècles, c’est avec la
construction de Cluny III
que l’art clunisien connut son apogée.
De 1088 à 1130, le chantier de la nouvelle abbatiale érigeait
la plus importante des églises romanes de Bourgogne et la
plus grande église du monde médiéval. C’était
un édifice énorme et splendide, avec un grand narthex,
cinq nefs, un double transept et un chœur à déambulatoire
et chapelles, le tout couronné par six clochers puissants.
Autour de l’église, les bâtiments abbatiaux constituent
une cité monastique dans la ville.
Bien que Cluny III ait été en majeure partie détruite,
on retrouve son art partout en Bourgogne et non seulement dans les
églises de l'ordre. Bien que moins grande que l’abbaye
mère, les cathédrales d'Autun
et de Chalon, les collégiales
de Beaune et de Semur,
l'abbatiale de Saulieu, ainsi
que les priorales de Paray et de
La Charité sont parmi
les plus importantes églises de la Bourgogne romane. Ces
édifices datent en général de la première
moitié du 12e siècle et montrent l’art clunisien
dans toute sa splendeur, reprenant les principaux modes de construction
de Cluny III. Les hautes nefs sont voûtées
de berceaux brisés soutenus par des doubleaux, importante
innovation bourguignonne, très solide et permettant une haute
élévation des murs. L’élévation
en trois étages est typiquement clunisienne, avec entre les
grandes arcades et les fenêtres hautes, un triforium composé
d’arcatures aveugles sur pilastres. Le transept, de la même
hauteur que la nef, est couronné par un clocher central surmontant
la coupole. Le chœur est entouré par un déambulatoire
à chapelles rayonnantes, à Paray,
Beaune, La
Charité, Tournus et
Saint-Révérien.
A Autun et Paray
un narthex occidental surmonté de clochers précède
la nef. A Chalon, l'ancienne cathédrale
ne conserve que les parties basses de l'édifice roman. L’art
clunisien emprunte quelques éléments de l’art
romain, en particulier les chapiteaux corinthiens et les pilastres
cannelés, célèbres surtout à Autun.
Dans l’Autunois rural, beaucoup d'églises romanes rurales
présentent également des pilastres cannelés
ou des voûtes en berceau brisé à l'intérieur,
comme Laizy, Dezize-lès-Maranges,
La Rochepot, Saisy,
Auxy et Saint-Emiland.
Dans l’ombre des grandes basiliques, beaucoup d’églises
rurales de la fin du 11e et du 12e siècle ont été
influencées par l’art de Cluny. Ce sont souvent des
prieurés clunisiens, surtout nombreux en Clunisois et en
Mâconnais, mais présentes
dans toute la Bourgogne. Elles montrent l’appareil particulièrement
soigné, l’organisation de l’espace et le berceau
brisé sur la nef, éléments typiquement clunisiens.
Exemples de prieurés clunisiens importants
: Iguerande (10e siècle),
Saint-Marcel (vers 980), Mesvres
(994), Mont-Saint-Vincent
(10e ou 11e siècle), Sémelay
(début 11e siècle), Varenne
(1045), Bourbon-Lancy (vers
1050), Marcigny (1056), Cosne
(1060), Jailly (11e siècle),
Montambert (1075),
Gigny (1076), Saint-Révérien
(1076), Berzé (1088), Saint-Cydroine
et Champvoux (fin du 11e siècle),
Mars-sur-Allier (1097), Charolles
(1104), Donzy-le-Pré (1107),
Le Puley (vers 1125), Baume
(1147), Chantenay (1152) et
Blanot (1156). Plusieurs des églises
priorales servaient également d'église paroissiale.
On trouve aussi des doyennés de l'abbaye,
des dépendances monastiques rurales souvent fortifiées,
comme à Malay, Bezornay,
Saint-Hippolyte, Mazille,
Lournand, Jalogny
et Chazelle. Les églises
paroissiales du Clunisois adoptent également la construction
très soignée en petits moellons de calcaire, comme
à Brancion. Les clochers
du Clunisois sont souvent élancés sur plusieurs étages
de bandes lombardes et de baies géminées, comme à
Chissey, Ougy
ou Taizé.
La sculpture à Cluny aux environs de 1100 a joué un
grand rôle dans le développement de la sculpture romane
en Bourgogne. Le grand portail de Cluny III n’existe plus,
mais les célèbres chapiteaux conservés du chœur
montrent un art en plein épanouissement : voir ci-dessous.
La peinture clunisienne est en grande partie perdue, à l’exception
des fresques précieuses de Berzé-la-Ville,
au Christ en majesté de couleurs chaudes et d’influence
Byzantine.
La grande architecture
clunisienne :
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Cluny |
Paray |
Autun |
Beaune |
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Saulieu |
La Charité
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Semur |
Berzé-la-Ville |
Vézelay
et le groupe voûté d'arêtes
A la fin du 11e siècle et au cours du 12e siècle,
un type d’église typiquement bourguignonne se caractérise
par des nefs à deux étages sous voûtes d’arêtes.
La voûte d’arêtes, depuis longtemps utilisée
pour les bas-côtés, est employée sur la nef
centrale, assurant la stabilité et permettant facilement
un éclairage direct de l’espace. Le chœur est
généralement composé de trois absides, rythmées
d’arcatures sur colonnettes à l’intérieur.
Toutes ces églises appartiennent à l’ancien
diocèse d’Autun. La
première église de ce type, alors dit aussi martinienne,
était peut-être l’abbatiale Saint-Martin d’Autun,
aujourd’hui détruite. Le prototype en est Anzy-le-Duc
en Brionnais. Sa belle nef de la fin
du 11e siècle est couverte en arêtes séparées
par des arcs doubleaux en plein cintre et supportée par des
piliers cruciformes flanqués de colonnes engagées.
D’autres églises de ce type en Charolais
et en Autunois sont celles de Bragny-en-Charollais,
Issy-l’Evêque et Sémelay.
Deux églises particulièrement originales combinent
vers 1100 le voûtement d’arêtes avec l’élévation
tripartite clunisienne : à Gourdon
et Toulon-sur-Arroux, un étage
intermédiaire d’arcatures doubles sépare les
grandes arcades et les fenêtres hautes de la nef.
La grande nef de la basilique de Vézelay,
construite en 1120-1140, est d’autres dimensions mais reprend
ce modèle issu de la Bourgogne du sud. Les hautes travées
sont couvertes d’arêtes de plan barlong, supportées
par des arcs doubleaux bicolores. Des cordons et arcs formerets
décorés rythment la séquence des dix travées
de la nef, un des chefs-d’œuvre de l’art roman.
Le grand narthex de trois travées qui la précède,
datant des années 1140-1150, emploie déjà l'arc
brisé. On y trouve l'influence des grands narthex de la Bourgogne
du sud.
On trouve d’autres édifices de ce type en Avallonnais,
érigés plus tard au 12e siècle et montrant
quelques innovations architecturales. A Saint-Lazare d’Avallon,
les arcades et doubleaux de la nef sont de profil brisé et
la voûte est montée de façon dite cupiliforme
(sorte d’arête construite comme une coupole). Saint-Martin-du-Bourg
d'Avallon, Pontaubert et Sacy
présentent des architectures comparables. Je mentionne enfin
Saint-Philibert de Dijon et
l’église de Chagny
qui combinent les arcs de profil brisé et un étage
intermédiaire constitué d’une simple ouverture.
Les églises
voûtées d'arêtes :
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Anzy-le-Duc |
Gourdon |
Toulon-sur-Arroux |
Issy-l'Evêque |
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Vézelay |
Avallon |
Pontaubert |
Dijon |
L'apogée
du roman et le triomphe de la sculpture (1100-1150)
La première moitié du 12e siècle
marque l’apogée de l’art roman en
Bourgogne comme en France. C’est une période prospère,
les villes de Bourgogne profitent de l’affluence des pèlerins
vénérant les saints locaux ou en route pour Saint-Jacques-de-Compostelle.
Des grandes basiliques destinées à recevoir les pèlerins
sont érigées à Vézelay
et Autun et, en 1146, la seconde
croisade commence à Vézelay.
Les nombreuses églises de cette période ont des plans
développés, des architectures recherchées et
des sculptures de qualité. Les murs sont construits en moyen
appareil régulier et soigné.Les églises clunisiennes
et celles voûtées d’arêtes marquent encore
le type architectural commun à cette époque, mais
les innovations se répandent rapidement. Les espaces intérieurs
et extérieurs sont de plus en plus décorés
d’arcatures, de colonnettes, de frises ou de sculptures. Le
Brionnais, dans la Bourgogne du Sud,
est un foyer d'innovation architecturale sans égale. On y
trouve des églises aux plans développés, tympans
sculptés, voûtements variés et extérieurs
décorés, comme Bois-Sainte-Marie,
Châteauneuf ou Varenne-l'Arconce.
Les clochers se décorent de plusieurs étages de baies,
colonnettes et arcatures, comme à Saint-Laurent-en-Brionnais,
Vareilles et Varenne.
Les narthex à deux étages de Perrecy
et de Charlieu, et celui de
la cathédrale de Mâcon,
sont abondamment décorés. Des déambulatoires
entourent les absides à Bois-Sainte-Marie
et à Saint-Révérien.
Les clochers de Tournus sont
décorés de statue-colonnes et à La
Charité on arrive même au point que l'extérieur
est entièrement décoré de statues, d'arcatures
et de frises.
Floraison de l'architecture
décorée :
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Châteauneuf |
Varenne-l'Arconce |
Bois-Sainte-Marie |
Saint-Révérien |
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Charlieu |
Perrecy |
Tournus |
La Charité |
C’est également la grande période
de la sculpture romane bourguignonne. Un monde
plein de mystères, de monstres, d’animaux fabuleux,
de personnages fantastiques, d’anges et de saints. La sculpture
monumentale, qui
s’exprime surtout sur les chapiteaux, commence
à la fin du 11e siècle en Brionnais.
Il s’agit, au début, surtout de chapiteaux à
feuillages. Les chapiteaux d’Anzy-le-Duc
constituent un premier ensemble remarquable et homogène d’animaux
fantastiques et de scènes bibliques. Ils ont beaucoup de
points communs avec les chapiteaux contemporains de Charlieu,
Bois-Sainte-Marie, Mont-Saint-Vincent
et Gourdon. Puis cet art initial
s’est perfectionné à Cluny.
Vers 1100 les chapiteaux du chœur de Cluny III sont les premières
grandes œuvres historiées, avec leurs vertus et tons
du plain-chant, sculptés en ronde-bosse et en haut-relief.
Ils ont influencé les plus merveilleux ensembles de chapiteaux
romans de Bourgogne : Vézelay,
Autun et Saulieu.
La sculpture historiée des chapiteaux y atteint, dans le
deuxième quart du 12e siècle, une grande qualité
et diversité. Les maîtres de Vézelay,
dont l’art est plein de vie et de mouvement, marquent encore
l’influence du Brionnais. Dans
la cathédrale d’Autun,
c’est le génie de Gislebertus qui a créé
les célèbres monstres et démons sur les nombreuses
scènes bibliques. Aux chapiteaux de Saint-Andoche de Saulieu,
un peu plus jeunes, cet art atteint la perfection dans des scènes
très expressives. Dans la Nièvre,
la qualité de la sculpture romane du 12e siècle de
l’abbatiale de La Charité
se manifeste sur des centaines de chapiteaux, à l’intérieur
comme à l’extérieur. Un grand nombre d’églises
plus modestes, souvent des prieurales, sont dotées de chapiteaux
sculptés au 12e siècle. Il y a des milliers de chapiteaux
en définitive, influencés par les grands chantiers
de l’époque. On peut voir les exemples d’importants
ensembles de chapiteaux historiés à la cathédrale
de Chalon, à Beaune,
dans le narthex de Perrecy, à
Laizy, dans le chœur de Saint-Révérien,
à Saint-Pierre-le-Moûtier,
à Garchizy, à
La Rochepot à Bussy-le-Grand
et provenant de Moutiers-Saint-Jean.
D'autres ensembles de chapiteaux plutôt fantastiques et végétaux
sont également visibles à Chissey,
Varenne-l'Arconce, Iguerande,
Saint-Laurent-en-Brionnais,
Saint-Parize, Sémelay,
Mars-sur-Allier, Commagny,
Saint-Cydroine et Til-Châtel.
Quelques chapiteaux
romans bourguignons :
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Anzy-le-Duc |
Bois-Sainte-Marie |
Perrecy |
Cluny |
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Vézelay |
Autun |
Saulieu |
Saint-Révérien |
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Chalon |
Beaune |
Laizy |
La Rochepot |
En
même temps, la décoration des portails
marque une évolution comparable. Les premiers tympans sont
sculptés à la fin du 11e siècle en Bourgogne
du sud : au portail ouest de Charlieu,
au linteau de Châteauneuf,
à Perrecy et au Mont-Saint-Vincent.
On y trouve le thème de l'Ascension, avec le Christ en majesté,
encore statique dans sa mandorle, et les apôtres emprisonnés
dans des arcatures. Les tympans d’Anzy-le-Duc
et de Montceaux-l’Etoile
montrent l’évolution de la sculpture au début
du 12e siècle ; le Christ trône, les apôtres
marchent, les anges dansent. C’est encore par le Brionnais
que cet art arrive à Cluny,
où le grand portail du narthex n’existe plus de nos
jours. Sculpté vers 1110-1115, c’était sans
doute un important chef-d’œuvre, doté de scènes
de l’Apocalypse autour du Christ en Majesté. Le tympan
original de Mâcon, sculpté
vers 1120, présente une Ascension entourée de cinq
registres du Jugement Dernier. Entre 1125 et 1135, les deux «
sommets » de la sculpture romane bourguignonne sont créés
: les portails des narthex de Vézelay
et d’Autun. Leurs tympans
sont deux mondes très différents, peuplés de
personnages autour de la grande figure du Christ, entourés
de voussures avec les travaux des mois et les signes du Zodiaque.
A Vézelay, le Christ envoie
les apôtres à la Pentecôte, les figures sont
pleines de grâce et de mouvement. A Autun,
c’est le Jugement Dernier d’après Gislebertus,
avec de nombreux saints de forme allongée et l’affreux
monde de l’enfer. L’Eve conservée du portail
latéral est particulièrement gracieuse. Deux tympans
à La Charité sont
d'un style tout à fait différent et montrent des liens
avec le Berry. Dans le Brionnais, plusieurs
tympans romans sont à visiter, représentant souvent
l’Ascension du Christ entouré d’anges. Les étranges
portails du prieuré d’Anzy-le-Duc
et de Neuilly-en-Donjon,
l’Adoration des Mages et de la tentation d’Adam et Eve,
sont influencés par la sculpture autunoise. Les portails
tardifs de Charlieu et Saint-Julien-de-Jonzy,
décorés vers 1150, marquent une nouvelle étape
par le mouvement des personnages et la décoration abondante
des voussures. Le musée de Dijon
conserve deux tympans de style roman tardif figurant la Cène
et le Christ en Majesté. D’autres remarquables tympans
romans sont à voir dans des nombreuses églises à
: Semur, Fleury-la-Montagne,
Donzy-le-Pré, Mars-sur-Allier,
Cervon, Til-Châtel
et St-Sauveur de Nevers. Les
thèmes sont variés, mais le plus souvent on y rencontre
le Christ en gloire entouré du tétramorphe des quatre
Evangélistes.
Les tympans sculptés
:
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Vézelay |
Autun |
La Charité |
Charlieu |
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Perrecy |
Montceaux-l'Etoile |
Anzy-le-Duc |
Saint-Julien-de-Jonzy |
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Mâcon |
Dijon |
Donzy-le-Pré |
Mars-sur-Allier |
La sculpture romane ne se limite plus aux chapiteaux
et portails. Surtout quand on avance dans le 12e siècle,
on rencontre des sculptures partout, à l’intérieur
comme à l’extérieur : base des colonnes, modillons
des corniches, encadrements des baies et frises. Notre-Dame de La
Charité en est l’exemple le plus richement décoré.
Il faut mentionner aussi quelques reliefs conservés
décorant le mobilier : le remarquable autel sculpté
d'Avenas, le bas-relief de Saint-Amour-Bellevue
et le tombeau sculpté de Sainte-Magnance.
Du grand tombeau de Saint-Lazare, sarcophage qui se trouvait dans
le chœur de la cathédrale d’Autun,
on conserve des très belles statues du troisième quart
du 12e siècle. Les statues en bois sont
assez rares en Bourgogne, surtout si on le compare à l'Auverge
: on trouve des célèbres Vierges en majesté
à Tournus, à Beaune,
à Notre-Dame de Dijon, et d’autres moins connues
à La Chapelle-de-Bragny,
à Romay, à Saint-Huruge,
à Velars-sur-Ouche et au musée d'Art Sacré
de Dijon.
Reliefs sculptés
:
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Avenas |
Saint-Amour |
Sainte-Magnance |
Autun |
Puis encore, l’art décoratif de l’époque
romane ne se limite pas à la sculpture. Les fresques
décorent à l’origine les murs et voûtes
intérieurs des grandes églises, mais bien souvent,
de nos jours, le décor peint est détruit ou effacé.
Outre les fresques clunisiennes de Berzé-la-Ville,
on admire d’importants ensembles de fresques romanes dans
la crypte de la cathédrale d’Auxerre
et dans les chœurs d’Anzy-le-Duc
et de Gourdon. D’autres
fresques d’époque romane sont à voir à
Tournus, à Mâcon,
à Burnand, à Curgy,
au Villars, à Saint-Nicolas
d'Autun, à Nevers,
à Villemoison, à
Montigny-aux-Amognes,
à Combertault,
à Sussey, à Moutiers-en-Puisaye
et à Illiat. Dans
les culs-de-fours, c’est le Christ en gloire entre les symboles
des Evangélistes qui est toujours le sujet préféré.
Le pavement du déambulatoire de Tournus
est un exemple primordial de la mosaïque romane
en Bourgogne. D'autres fragments ont été retrouvés
à Flavigny. Un pavement
au décor roman est a voir à Auxerre.
Les fresques romanes
:
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Auxerre |
Anzy-le-Duc |
Gourdon |
Berzé-la-Ville |
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Nevers |
Tournus |
Curgy |
Villemoison |
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Burnand |
Le Villars |
Combertault |
Moutiers-en-Puisaye |
L'ordre cistercien
et l'architecture du silence
L’ordre cistercien est né
en 1098 avec la fondation de l’abbaye de Cîteaux.
Avec l’impulsion de Saint-Bernard l’ordre atteint
une grande prospérité au 12e siècle. Les cisterciens
fondent de nombreux monastères, dans toute l’Europe.
Après Cluny, c’est
le deuxième grand ordre religieux médiéval
originaire de Bourgogne. L’ordre
se manifeste contre le faste clunisien, contre le luxe dans la vie
monastique, contre les sculptures abondantes des églises.
Les cisterciens veulent retourner aux origines de la vie monastique,
aux principes de l’ordre bénédictin : ora
et labora, la prière et le travail. Leurs abbayes sont
toujours situées loin des villes, dans des lieux à
l’écart, entourés par la nature. Les moines
cisterciens cultivent les terres de Bourgogne et produisent même
du vin. En outre, les moines font fleurir l’art du manuscrit
et de l’enluminure.
Les principes se traduisent dans l’architecture : austérité,
simplicité, nudité. Les églises sont grandes,
mais n’ont pas la haute élévation ou le déambulatoire
des clunisiens et les clochers sont interdits. Les formes du plan
sont rectangulaires, des chevets plats ferment le chœur sans
profondeur et les chapelles carrées s’ouvrent sur le
transept. La longue nef, voûtée en berceau brisé,
n’a pas d’éclairage direct. La sculpture est
presque totalement absente dans les bâtiments cisterciens,
les chapiteaux s’ornent de motifs végétaux simples.
Les cisterciens construisent des monastères selon un plan
développé, avec tous les bâtiments monastiques
groupés autour du cloître. Ces bâtiments sont
souvent construits sur deux étages et entièrement
voûtés. Toutes les abbayes de l’ordre reproduisent
le même plan à l’origine, bien que le temps l’ait
souvent changé.
L’abbaye mère de Cîteaux
a été en majeure partie détruite à la
Révolution, mais de nombreux monastères cisterciens
sont encore à visiter. Des quatre ‘filles aînées’
de Cîteaux, La Ferté
(1113), Pontigny (1114), Clairvaux
(1115) et Morimond (1115), les deux premières en Bourgogne
et les deux dernières en Champagne, les abbayes ont été
en grande partie détruite également. Seule l’abbatiale
de Pontigny a été
conservée, une immense église, montrant le développement
de l’art cistercien au cours du 12e siècle et les innovations
gothiques. La plus belle et la plus complète des abbayes
cisterciennes de nos jours est Fontenay
(1118). Elle conserve presque totalement intacts ses bâtiments
d’origine sur le plan originel. L’abbatiale des années
1140 est le prototype des premières églises cisterciennes
avec sa nef en berceau brisé contrenutée par des bas-côtés
en berceaux transversaux. Le magnifique cloître et la forge
unique sont à voir absolument. Assez surprenant, deux églises
à Chatillon reprennent
le modèle de l'église de Fontenay,
sans appartenir au réseau cistercien. L’abbaye de La
Bussière (1131) conserve encore son église romane.
L’abbatiale de La Bénisson-Dieu
(1138), à l’extrême sud de la Bourgogne, présente
une longue nef avec piliers carrés et voûtes d’ogives.
D’autres abbayes sont à visiter mais ne conservent
souvent qu’une partie mineure de leurs bâtiments d’origine,
rasés par les outrages du temps : Bourras-l'Abbaye
(1119), Maizières (1125), Vauluisant (1127),
Reigny (1128), Les Echarlis
(1131) ou Quincy (1133);
ainsi que Auberive (1135)
et Longuay (1149) en Champagne,
puis Fontmorigny (1149)
en Berry. D’anciennes granges cisterciennes sont à
visiter à Oudun, présentant
une vaste salle voûtée, à Villiers-la-Grange
(vers 1120), conservant une citerne souterraine, à Beaumont
(1131) ou à Crécy (1138). Des celliers cisterciens
du 12e siècle sont à voir à Vincelottes,
à Fixin (1142), au cellier de Clairvaux à Dijon
(1191) et au fameux Clos de Vougeot
(ca 1110).
L'art cistercien
en Bourgogne :
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plan-type |
Fontenay |
Fontenay |
Fontenay |
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Pontigny |
Pontigny |
Cîteaux |
La Bussière |
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Oudun |
Fontmorigny
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La Bénisson-Dieu |
Longuay |
Après les cisterciens et les bénédictins,
d'autres ordres religieux du 12e siècle s'installent sur
les terres de Bourgogne. Les Templiers, ordre religieux
et militaire fondé en 1129 pour la protection de la guerre
sainte et des croisades, s'installent en Bourgogne directement dès
leur création, surtout dans la Côte-d'Or.
Les commanderies templières les plus importantes, conservant
église et bâtiments annexes datant de l'époque
de fondation, sont celles de Bure-les-Templiers
(1120) et de Villemoison
(milieu du 12e siècle). D'autres chapelles templières
se visitent à Beaune
(St-Jacques, 1177), à Châtillon
(Saint-Thibault), à Echarnant
et à Fontenotte (1190),
dans la Côte-d'Or ; et
ailleurs comme aux Loges-Feuilloux (1119), à Chambeugle
(1136), à Fontenay-près-Chablis,
à Cerisiers, ou à
Saint-Bris-le-Vineux (1180).
Les templiers assistent également à la construction
d'églises paroissiales dans le style dépouillé
de l'ordre, comme à Busserotte,
à Boussenois ou à
Menesble. Les Hospitaliers
de Saint-Jean de Jérusalem, autre ordre militaire défendant
les pèlerins chrétiens, ont fondé quelques
commanderies et hôpitaux, voir la commanderie et l'église
de Pontaubert (1167) ou la
Commanderie de Bellecroix à Chagny.
Sites des templiers
en Bourgogne :
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Bure-les-Templiers |
Villemoison |
Villemoison |
Echarnant |
L'ordre Grandmontain, originaire du Limousin au
11e siècle, possédait un certain nombre de prieurés
en Bourgogne dès le deuxième moitié du 12e
siècle, comme à Saint-Marc-lès-Fontenay
(1166-67) ou au Breuil-d'Autun (1170), le plus beau survivant
en Bourgogne en étant celui de Sauvigny-le-Bois
(1189). L'ordre mendiant de Saint-Augustin a également
laissé plusieurs prieurés et établissements,
dont Montréal (Saint-Bernard,
vers 1012), Saint-Sernin-du-Bois,
Saint-Germain-en-Brionnais
(vers 1090), Bouilland
(vers 1100), Oigny (1106),
Notre-Dame de Châtillon
(1138), Belleville (1157),
Bonvaux (1215) ou La
Grange-du-Bois (1222).
Autres ordres
religieux :
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Sauvigny-le-Bois |
St-Germain-en-Brionnais |
Oigny |
Bonvaux |
La période
de transition et les débuts de l'art gothique (1150-1200)
La deuxième moitié du 12e siècle
est le dernier épisode de l’art roman et marque les
débuts de l’art gothique. Cette période dite
de transition se caractérise par des innovations
architecturales importantes. Les arcs brisés et la nouvelle
voûte d’ogive permettent des constructions plus hautes
et plus légères. La Bourgogne a joué un rôle
important dans la naissance du nouvel art gothique. La voûte
d’ogive est une innovation bourguignonne, dérivée
de la voûte d’arêtes. Les cisterciens l'emploient
rapidement, et leur expansion contribue à propager les nouvelles
techniques.
La cathédrale de Sens,
dont le chantier débute vers 1135, est considérée
comme la première cathédrale gothique. Cependant,
pendant tout le 12 siècle, des églises encore proprement
romanes seront construites en Bourgogne. Le développement
de l’art de bâtir dépend en grande partie de
la région et des traditions rurales. Dans l’Yonne,
les nouvelles formes du style de transition se répandent
rapidement. L’église de Montreál
est un bon exemple du style de transition et la nef de Pontigny
marque des innovations apportées par les cisterciens au milieu
du 12e siècle. On trouve les premières voûtes
d'ogives toriques peu après le milieu du 12e siècle
dans les tribunes du narthex de Vézelay
ou dans le narthex de Flavigny.
A la fin du 12e siècle, les chœurs de Vézelay
et de Pontigny sont déjà
proprement gothiques. En Bourgogne du sud, l’art gothique
fait son entrée plus lentement. La nef de l'abbatiale augustine
de Belleville en Beaujolais,
par contre, a déjà été voûtée
d'ogives vers 1175. Des belles églises romanes tardives du
12e siècle sont celles de Til-Châtel,
Bazarnes, Saint-Cyr-les-Colons,
Rouy et Bard-le-Régulier.
Des églises de la fin du 12e siècle ou du début
du 13e siècle, dont le style est déjà en partie
et gothique, sont celles de Saint-Loup-de-la-Salle,
Santenay, Chaudenay,
Quenne ou Chagny.
En milieu rural, on rencontre encore des églises dans le
style roman en plein 13e siècle, comme à Saint-Albain
ou Nuits-Saint-Georges.
L'art roman tardif
:
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Montréal |
Saint-Cyr-les-Colons |
Bazarnes |
Belleville |
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Til-Châtel |
Saint-Albain |
Sens |
Quenne |
Cette période marque une décoration
architecturale abondante dans l’art roman. Les arcatures et
colonnettes allègent les murs intérieurs et extérieurs
et les clochers. A La Charité,
des arcatures polylobées font leur apparition. On les retrouve
à Auxerre et à
Parly. Dans l’Yonne,
un groupe de clochers montre des baies à
colonnettes sur plusieurs étages, couronnées par une
partie octogonale et une pyramide de pierre : Saint-Germain
et Saint-Eusèbe d’Auxerre,
Vermenton et Prégilbert.
Les clochers de
l'Yonne :
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Auxerre |
Auxerre |
Vermenton |
Prégilbert |
La sculpture romane entre dans sa dernière
période également. Elle devient de plus en plus dynamique
et riche en détails. Les feuillages des chapiteaux s'ornent
de crochets et les colonnes sont torsadées ou tournées.
Dans le nord de la Bourgogne, on trouve des décorations abondantes
sur plusieurs portails de la seconde moitié
du 12e siècle. Saint-Lazare d’Avallon
et Vermenton ont des tympans
mutilés, mais des voussures particulièrement riches
et des statues-colonnes aux piédroits rappelant Chartres.
On y trouve également l’influence de Charlieu,
comme aux portails de Saint-Philibert de Dijon
et de Parly, qui appartiennent
au même type. Dans le Nivernais, le tympan de Saint-Pierre-le-Moûtier
est le dernier des portails romans.
Les derniers portails
romans :
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Avallon |
Vermenton |
Parly |
Saint-Pierre-le-Moûtier |
Références
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