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Dijon
Edifice |
Cathédrale
Saint-Bénigne, ancienne abbatiale |
Situation |
Centre
ville, 21000 (Côte-d'Or) |
Parties
Romanes |
Crypte,
portail, salle capitulaire et scriptorium |
Décoration |
Chapiteaux
de la crypte, chapiteaux et tympans du Musée archéologique |
Datation |
Début
du 11e siècle (crypte, salle capitulaire et scriptorium)
et milieu du 12e siècle (portail) |
Introduction
- Historique - Description
- Visite
Introduction
La grande capitale
de la Bourgogne est une ville magnifique par ses nombreux trésors
d’art conservés de son riche passé. Le centre
ville est occupé par une grande densité de monuments
intéressants
autour du Palais des Ducs, dont plusieurs églises importantes.
La plus importante des églises de la ville est l’actuelle
Cathédrale Saint-Bénigne, ancienne église abbatiale
gothique, élevée à l’emplacement du cimetière
chrétien des temps lointains. Cinq basiliques se sont succédé
ici au cours de l’histoire, dont la première est élevée
au 6e siècle sur le tombeau de Saint-Bénigne,
évangélisateur qui aurait été martyrisé
à Dijon. L’abbaye fondée au 9e siècle
est réformée par l’abbaye de Cluny
vers l’an 1000. C’est au début du 11e siècle
que l’illustre réformateur Italien Guillaume de
Volpiano, devenu abbé du monastère, entreprend
la reconstruction de l’abbatiale. Il élève la
plus grande basilique romane de France dans un style influencé
par l’art dit lombard. L’ensemble énorme,
reconstitué par les archéologues, se composait d’un
atrium et d’une abside occidentale, une grande nef avec tribunes
et doubles bas-côtés, un transept profond sur une large
crypte, un chœur avec une partie droite entre deux tourelles
et abside à deux étages d’arcatures, une magnifique
rotonde à trois étages composés de déambulatoires
autour d’une partie centrale ouverte sur toute sa hauteur
et de l’oratoire Sainte-Marie conservé du 9e siècle
côté est. L’ensemble d’une beauté
incomparable a été détruit par des incendies
successifs et la rotonde a été rasée à
la Révolution. La seule partie subsistante de cet édifice
majeur de la Bourgogne Romane est la crypte, qui n’est autre
que l’étage inférieur de la grande rotonde.
Elle a été redécouverte derrière le
chevet de l’abbatiale gothique, puis dégagée
et restaurée pendant le 19e siècle. La partie
centrale de la crypte se compose de deux déambulatoires voûtés
autour d’un espace octogonal aux colonnes monolithes. A l’ouest
se trouve le martyrium de Saint-Bénigne autour de l’emplacement
du tombeau du saint et une partie de la crypte à absidioles,
tandis qu’à l’est existe encore l’étage
inférieur de la chapelle Sainte-Marie du 9e siècle.
La sculpture étonnante de quelques chapiteaux de la crypte
est l’œuvre de l’un des premiers ateliers de la
sculpture romane en Bourgogne, avec celui de Tournus.
Les incendies ont en grande partie détruit l’abbatiale
reconstruite par la suite en style roman au 12e siècle, édifice
dont subsiste seulement une partie du grand portail ouest détruit
à la Révolution. Un autre incendie en 1271 nécessite
la reconstruction totale de l’abbatiale aux 13e et 14e siècles.
Cette église gothique, devenue cathédrale après
la Révolution, occupe toujours ce grand site monastique,
qui est dominée par ses deux clochers de façade et
ses toitures polychromes. L’abbatiale était flanquée
des bâtiments abbatiaux autour d’un cloître disparu.
Il subsiste un bâtiment très intéressant se
composant d’un étage inférieur avec salle capitulaire
et scriptorium voûtés du 11e siècle, d’un
style roman rappelant Chapaize par ses
grands piliers, en dessous du grand dortoir gothique du 13e siècle.
Ces salles abritent le Musée Archéologique conservant
de riches collections des époques gallo-romaines et médiévales
provenant de la ville et du département de la Côte
d’Or. En particulier, on peut admirer plusieurs sculptures
romanes très intéressantes : chapiteaux, frises et
bas-reliefs provenant de l’abbatiale romane, deux têtes
du grand portail roman détruit à la Révolution,
deux tympans formidables présentant le Christ en gloire et
la Cène, et d’autres chapiteaux romans provenant du
département.
Certainement, la visite de Dijon ne se limite pas qu’à
l’abbatiale Saint-Bénigne. Les amateurs de l’art
roman peuvent admirer aussi l’ancienne
église Saint-Philibert qui se trouve en face de Saint-Bénigne.
L’église est malheureusement désaffectée
et fermée mais il reste un spécimen très intéressant
de l’art roman Bourguignon : datant du milieu du 12e siècle,
le transept et la nef forment un ensemble roman harmonieux complètement
voûté d’arêtes et le portail sud est un
petit trésor malgré ses mutilations. La ville possède
quelques autres monuments de l’époque romane dont je
mentionne encore les fouilles de l’ancienne
église Saint-Etienne et le grand bâtiment du
12e siècle de deux étages voûtés dit
le Cellier de Clairvaux, dépendance de l’abbaye
cistercienne dans l’Aube. Admirons finalement la célèbre
Vierge miraculeuse du 11e ou 12e siècle dite Notre-Dame de
Bon-Espoir, dans la très belle église Notre-Dame,
spécimen merveilleux de l’art gothique bourguignon.
Historique
Histoire
de l'abbaye
L’église
occupe le site d’une nécropole gallo-romaine à
l’extérieur du castrum romain. Bénigne,
évangélisateur chrétien d’origine grecque,
y aurait été martyrisé vers 274. Son existence
semble cependant douteuse d’après les historiens. Le
sarcophage du saint fut placé dans une chapelle et devint
objet d’une vénération remarquable au début
du 6e siècle. Une première église fut commencée
vers 510 et consacrée en 535. La translation des reliques
à la crypte de l’église eut lieu en 511 par
Grégoire, évêque de Langres.
Un cimetière chrétien avec des monuments funéraires
dit ‘le cimetière des basiliques’ entourait la
basilique. Une communauté dirigée par un certain Eustade
y fut fondée, peut-être déjà au 6e siècle.
En 584, le Roi Gontran fait un don de mobilier à
la basilique.
L’ordre de la restauration de l’abbaye fut signé
en 869 par Charles le Chauve. En 871, un monastère
bénédictin est fondé par Isaac, évêque
de Langres, et placé sous la direction du chorévêque
Bertilon. Une nouvelle basilique carolingienne fut construite
et achevée en 877. Des bâtiments monastiques entouraient
l’église.
C’est vers l’an 1000 que l’abbaye trouve
son plus grand essor. La réformation clunisienne de 989 fut
organisée par Mayeul, abbé de Cluny,
et Brun de Roucy, évêque de Langres.
Douze moines arrivent de Cluny avec Guillaume de Volpiano
qui devint leur abbé en 990. L’illustre italien est
considéré comme constructeur de l’énorme
église lombarde érigée au début du 11e
siècle par des ouvriers d’Italie. Commencée
le 14 février 1001, la basilique fut consacrée le
30 octobre 1016 par l’évêque Lambert.
La rotonde orientale dédiée à Sainte-Marie
fut consacrée le 13 mai 1018 et la basilique fut largement
achevée vers 1025-1030. Les bâtiments de l’abbaye
ont été reconstruit par l’abbé Halinard
entre 1031 et 1052. Vers 1100, un grand incendie détruit
le clocher central et une partie du chœur de l’église.
Elle fut restaurée par l’abbé Jarenton
et consacrée à nouveau le 17 février 1107 par
le pape Pascal II.
La ville fut en grande partie dévastée par le feu
le 28 juin 1137. L’église de Volpiano fut en partie
incendiée, sa charpente et les bâtiments de l’abbaye
furent détruits par les flammes. Une nouvelle église
romane fut construite par l’abbé Pierre de Genève.
Elle fut consacrée le 31 mars 1147 par le Pape Eugène
III. Un autre incendie dévasta St-Bénigne en
1271 et le clocher central fut à nouveau détruit et
la nef s’écroula. Une reconstruction complète
de l’édifice était nécessaire. Une église
gothique fut construite de 1280 à 1325 ne conservant que
la rotonde et le portail occidental de l’église romane.
Elle fut consacrée le 27 avril 1287 et le 9 avril 1393. La
translation des reliques de saint Bénigne vers le maître-autel
eut lieu en 1288 par Hugues d’Arc-sur-Tille.
Le régime de la commende au début du 16e siècle
fait tomber l’abbaye dans l’oubli. Les bénédictins
de Saint-Maur réforment et restaurent le monastère
en 1651. Le jubé de l’église fut détruit
en 1740. L’époque révolutionnaire marque la
fin de l’abbaye, qui fut sécularisée, et de
nombreuses destructions de ses bâtiments de 1789 à
1793. La grande rotonde romane de Volpiano, qui avait survécu
à tous les incendies précédents, fut détruite
en 1792, à l’exception de la crypte qui fut comblée.
Le portail ouest fut mutilé en 1794. L’église
devint temple de la raison puis paroissiale en 1795. En 1801, l’église
Saint-Bénigne fut nommée cathédrale du nouveau
diocèse de Dijon, fondé en 1731 et primitivement situé
dans l’église Saint-Etienne. Au milieu du 19e siècle,
l’église fut restaurée et la crypte romane fut
rétablie. Elle fut redécouverte en 1843-1844 et restaurée
de 1846 à 1858 par Charles Suisse. La crypte fut
classée Monument Historique en 1846, l’église
supérieure en 1862 et le cellier de l’abbaye en 1939.
Les restaurations continuent jusqu’à la fin du 19e
siècle et d’autres réfections de la crypte sont
effectuées dans les années 1920. Des sondages archéologiques
ont été menés en 1976-1980 (par Carolyn Malone).
L’église a bénéficié d’une
grande restauration récente : crypte (1994-1995), chœur
(1995), clocher (1998-2000), nef et transept (2000-2004).
Les
basiliques disparues
Cinq basiliques
se sont succédé depuis le 6e siècle sur le
lieu du tombeau de saint Bénigne. On ne sait pas grand-chose
des deux premières églises. La basilique mérovingienne,
construite au 6e siècle par Grégoire, était
dédiée à saint Maurice et à saint Bénigne.
Les reliques de Bénigne se trouvaient dans la crypte voûtée
qui en était la partie la plus ancienne. La basilique, construite
vers 535, comprenait une nef sur plan rectangulaire, avec bas-côtés
et charpentes, et une chapelle séparée de l’édifice
dédiée à Sainte-Marie. La basilique
carolingienne fut construite vers 870 par Isaac.
Elle comprenait la crypte dédiée à saint Bénigne
et intégrait l’oratoire Sainte-Marie située
à l’est, dont des parties du 9e siècle ont encore
été conservées.
La grande basilique lombarde de Guillaume de
Volpiano était la troisième église abbatiale.
C’était un édifice colossal, construit en grande
partie entre 1001 et 1026, dans le style italien du premier art
roman. Son architecture était particulièrement originale
et bien plus importante que
tous les édifices alors existant dans la région voire
même en France. L’édifice, mesurant 100 mètres
de longueur et 25 mètres de largeur, se composait d’un
atrium, d’une nef construite au-dessus d’une église
basse, d’un transept, d’un chœur, d’une ample
rotonde à trois étages et d’une chapelle orientale.
L’atrium carré s’ouvrait sur des galeries d’arcades
et donnait sur la façade de la basilique qui présentait
une abside occidentale et deux tourelles. La nef comptait au moins
sept travées et s’élevait sur trois étages
avec tribunes et fenêtres hautes. Elle était flanquée
de doubles bas-côtés à travers une forêt
de piliers carrés. Le transept présentait un clocher
de croisée de plan carré et des absidioles orientées.
Le chœur à deux travées avec tourelles s’ouvrait
sur l’abside avec ses deux étages d’arcatures.
Il est probable que les espaces hauts de l’église étaient
couverts par des charpentes, mais on ne peut pas éliminer
des parties en berceau ou une coupole. Une large église basse
se trouvait au-dessus de la moitié de la nef, du transept
et du chœur. Elle présentait trois nefs identiques sur
colonnes centrales et s’ouvrait sur le premier niveau de la
grande rotonde à trois étages qui se trouvait derrière
le chœur. La rotonde était dédiée à
Sainte-Marie et ses trois étages vénéraient
saint Jean Baptiste, la Vierge et les apôtres, et la Trinité.
Les deux premiers étages avaient des déambulatoires
doubles et de multiples colonnes, tandis que le dernier étage
n’avait qu’un seul déambulatoire. Son architecture
s’inspirait peut-être du Panthéon de Rome
avec ses coupoles à lunette (oculus, opaion ou trou St-Bénigne)
qui faisaient communiquer les trois étages. Des tourelles
d’escaliers avec bandes lombardes et baies géminées
flanquaient la rotonde au nord et au sud. Une chapelle ou martyrium
à trois étages, en partie encore carolingienne mais
rehaussé d’un étage avec tour, terminait la
basilique à l’est. Des mosaïques présentant
un bestiaire faisaient partie du décor de la basilique.
La basilique romane était l’édifice
en partie reconstruit au milieu du 12e siècle par Pierre
de Genève. La nef et ses bas-côtés furent
alors reconstruits et agrandis adoptant des voûtes d’arêtes.
Le clocher de la croisée fut refait et les tourelles de la
rotonde, qui fut conservée, furent surélevées.
Un narthex avec un portail roman richement décoré
précédait la nef. Ce portail existe encore en partie
mais son décor sculpté fut détruit à
la Révolution. L’ensemble important fut réalisé
par des sculpteurs de Saint-Denis. Le tympan présentait le
Christ bénissant entre les symboles des Evangélistes
et deux archanges. Sur le linteau on admirait plusieurs scènes
: la Vierge assise à l’Enfant couronné, l’Adoration
des Roi Mages, la vision des Bergers et la Crèche. Huit statues-colonnes
de prophètes et de rois flanquaient les piédroits
nord et sud et une statue de saint Bénigne avec bâton
et palme décorait le trumeau (sa tête est conservée
dans le musée). Les voussures du portail montraient des anges
musiciens, des scènes légendaires, les signes du zodiaque,
les vieillards de l’apocalypse et un décor végétal.
La cinquième basilique, enfin, est l’église
gothique encore existante (voir ci-dessous).
Description
L’ensemble
qu’on visite actuellement comprend l’église gothique, la
crypte romane située derrière le chœur et les
bâtiments monastiques situés au nord de l’église
et abritant le musée archéologique. La crypte, seule
partie conservée de la grande abbatiale de Volpiano, était
l’étage inférieur de la grande rotonde. Elle date
de 1001-1018 et n’était pas souterraine à l’origine.
Comblée à la Révolution, elle fut dégagée
et restaurée au milieu du 19e siècle. Des vestiges
du portail sont la seule partie conservée de l’église
romane du 12e siècle. Les autres parties de l’église
datent de la reconstruction gothique de la fin du 13e siècle
au début du 14e siècle. Le grand bâtiment monastique
abrite la salle capitulaire et le scriptorium du 11e siècle
et le dortoir gothique à l’étage.
La
crypte
Le plan de
la crypte présente une rotonde avec double déambulatoire,
le martyrium avec le tombeau de St-Bénigne à l’ouest,
des parties de l’étage inférieur du transept
avec absidioles orientées, et deux chapelles à l’est
dédiées à Saint-Jean-Baptiste et à Sainte-Marie.
Les fouilles ont attesté l’existence d’une crypte
sous la nef qui reste encore comblée. Il y a un total de
86 colonnes supportant les voûtes de la crypte, qui ont été
en partie refaites au 19e siècle. L’entrée actuelle
à la crypte se trouve au sud et remplace l’entrée
d’origine avec des marches à l’ouest. La rotonde
comprend une partie centrale de plan octogonal où se trouve
l’autel. Huit colonnes monolithes aux chapiteaux épannelés
supportent la voûte à huit ogives (refaite en 1858).
Le double déambulatoire entourant la partie centrale complète
trois cercles concentriques. Le déambulatoire interne est
voûté en berceau annulaire et le déambulatoire
externe est voûté de berceaux à pénétrations
et de huit compartiments d’arêtes sur doubleaux. Seize
colonnes monolithes séparent les déambulatoires et
22 demi-colonnes d’alternance faible et forte allègent
le mur extérieur. Les murs sont en petit appareil et les
baies montrent des claustra reconstitués au 19e
siècle d’après des fragments. On y trouve deux
sarcophages anciens.
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Le tombeau
de Saint-Bénigne |
La rotonde
communique par deux colonnes avec la partie occidentale de la crypte,
le martyrium, où se trouve le tombeau van
St-Bénigne. Six colonnes en demi-cercle y marquent une sorte
de petit déambulatoire voûté d’arêtes.
Au centre se trouve le tombeau de St-Bénigne, reconstitué
vers 1870, sous une voûte en berceau supporté par quatre
colonnettes. On y trouve la base du sarcophage de Bénigne,
dont le fond de la cuve serait encore d’origine antique. Le ciborium
argenté avec peintures qui décorait cet espace a disparu.
Le sol au pavement de marbres colorés en opus sectile
date du 19e siècle mais des fragments du sol pavé
d’origine ont été retrouvés. Les parties occidentales
de la crypte appartiennent au transept inférieur.
Des compartiments voûtés d’arêtes avec des colonnes
s’ouvrent sur six petits culs-de-four dans les murs et sur quatre
absidioles échelonnées en cul-de-four. Les absidioles,
dédiées aux martyrs et confesseurs, conservent des
autels et des colonnes à chapiteaux. Les deux chapelles à
l’est de la rotonde font partie de l’oratoire oriental très
ancien dédié à Sainte-Marie. La chapelle
Saint-Jean-Baptiste est un passage voûté d’arêtes.
La chapelle Sainte-Marie faisait partie de la basilique
carolingienne et date encore en partie du 9e siècle. C’était
l’ancienne chapelle funéraire ou martyrium où se trouvait
à l’origine le tombeau de St-Bénigne. L’espace rectangulaire
est couvert en berceau, ses baies ont été restaurées.
Dans le mur nord on retrouve encore des fragments d’entrelacs carolingiens
et de dalles tombales mérovingiennes en réemploi.
La crypte :
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Rotonde |
Déambulatoire |
Piliers |
Voûte |
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Martyrium |
Sarcophage |
Baie |
Chapelle Sainte-Marie
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Transept |
Colonnes |
Absidiole |
Absidiole |
Les chapiteaux
de la crypte présentent un ensemble remarquable de la sculpture
du début du 11e siècle. Ils décorent les colonnes
de la rotonde et des chapelles où ils ont été
remis en place pendant la restauration du 19e siècle. L’ensemble
est attribué à plusieurs sculpteurs, dont un moine
italien nommé Hunaldus. Leur style archaïque
de sculpture présente peu de relief. Quatorze chapiteaux
ont reçu un décor particulier, les autres sont sculptés
de motifs géométriques simples ou sont simplement
épannelés, aux angles abattus ou modernes. Dans la
rotonde, deux chapiteaux entre les déambulatoires sont sculptés
d’orants sur les quatre faces : des hommes en position
de prière aux bras levés et mains ouvertes. A l’ouest
de la rotonde deux chapiteaux en ronde-bosse sont sculptés
de visions de l’Apocalypse avec des animaux et des oiseaux
: les quatre symboles de la Vision d’Ezéchiel
(au sud) et un Centaure au cavalier chevauchant un cheval
(au nord). Dans une chapelle au sud-ouest de la crypte se trouve
le beau chapiteau d’un personnage qui surgit d’un feuillage,
avec des cheveux aux palmettes stylisés. Pas loin se trouve
un décor végétal avec des masques bovins et
des serpents entrelacés. Les parties occidentales de la crypte
conservent quelques autres chapiteaux sculptés : des décors
végétaux avec entrelacs de style carolingien, symboles,
palmettes, feuillages et animaux. Quatre autres chapiteaux sont
sculptés de feuilles simples.
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Un personnage
surgit d’un feuillage |
Chapiteaux de
la crypte :
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Orant |
Orant |
Centaure et
cavalier |
Centaure et
cavalier |
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Vision d’Ezéchiel |
Vision d’Ezéchiel
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Oiseau |
Personnage |
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Symboles |
Masque |
Entrelacs |
Feuilles |
L’église
gothique
L’église
supérieure fut construite de 1280 à 1325 dans le style
gothique. Son plan à trois nefs avec transept et chœur
à trois absides est simple et rappelle sa vocation monastique.
Plusieurs campagnes ont succédé : le chœur fut
érigé contre la rotonde romane préexistante
vers 1280-1290, les nefs furent construites vers 1300 et la façade
occidentale fut complétée vers 1310. La façade
présente deux tours octogonales et un porche voûté
d’ogives sous une galerie (la Galerie du Gloria).
L’architecture intérieure est à trois étages
sous voûtes d’ogives. Elle est fort sobre et le décor
se limite à des chapiteaux à feuillages. La nef avec
ses cinq travées avec bas-côtés est beaucoup
plus courte que celle de la basilique romane préexistante.
La tribune des orgues dans la première travée date
des années 1740. Les toitures polychromes, la flèche
de la croisée et la sacristie derrière le chevet sont
du 19e siècle.
L’église
gothique :
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Extérieur |
Façade |
Chevet |
Intérieur |
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Elévation |
Bas-côté |
Chœur |
Abside |
Le portail
de la façade conserve des parties romanes de l’église
du milieu du 12e siècle. Du roman il reste la voussure intérieure
décorée de feuilles et huit colonnes avec chapiteaux
au décor végétal. Les sculptures et statues
du tympan ont été martelées à la Révolution.
Le tympan actuel de la lapidation de saint Etienne date
de 1818-1822 et provient de l’ancienne église Saint-Etienne.
La sculpture en bois de l’Expulsion des vendeurs du temple
au-dessus de la porte date du 18e siècle. Dans les murs du
porche on rencontre encore des niches vides et un tympan mutilé
du martyre de saint Bénigne provenant d’un portail latéral.
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Le portail
d’origine romane |
L'abbaye
Les bâtiments
de l’abbaye se trouvent au nord de l’église.
Ils entouraient le cloître du monastère dont il ne
reste rien à l’exception d’une colonne avec chapiteau
et une porte bouchée dans le mur de l’église.
Le grand bâtiment des moines bénédictins, abritant
le musée archéologique, date de la reconstruction
du monastère dans la première moitié du 11e
siècle. La salle capitulaire et le scriptorium, les salles
basses situées sous le dortoir et transformées en
caves, datent de cette même époque. La salle
capitulaire a été compartimentée et
transformée en cave par les Mauristes. Elle se compose de
trois salles en berceau, structure remplaçant les compartiments
voûtés d’arêtes sur colonnes d’origine.
Dans le mur ouest qui s’ouvrait sur le cloître ont été
retrouvés des vestiges d’arcades géminées
et de piliers cruciformes de la disposition primitive. La grande
salle attenante au nord est le scriptorium ou salle
des moines. La longue salle est divisée en trois nefs avec
des voûtes d’arêtes appareillées et des
piliers carrés et ronds aux triangles renversés du
type de Chapaize. Un petit espace au
nord conserve une cheminée. Au-dessus des salles romanes,
le grand dortoir gothique est de la fin du 13e
siècle. Il servit plus tard de chapitre, de réfectoire
et de cuisine. La belle salle se compose de trois nefs de onze travées
avec voûtes d’ogives sur des séries de colonnes.
Les deux étages supérieurs du bâtiment sont
modernes et abritaient les cellules des Mauristes. Le palais
abbatial du 18e siècle derrière le chœur
de l’église est l’ancien palais épiscopal
et abrite actuellement l’école nationale des beaux-arts.
Enfin l’enclos de l’abbaye comprend des bâtiments
du 17e siècle des bénédictins de l’ordre
de Saint-Maur, les communs et écuries de 1806 et la maladrerie
à l’entrée. Beaucoup de bâtiments de l’abbaye
médiévale ont disparu : le cloître des novices,
les cuisines, le réfectoire, le chauffoir, la bibliothèque,
l’infirmerie, la chapelle Saint-Benoît (qui communiquait
avec la salle capitulaire), le bâtiment de la Miséricorde
et les remparts.
Bâtiments
de l’abbaye :
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Extérieur |
Dortoir |
Voûtes |
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Scriptorium |
Salle capitulaire |
Salle capitulaire |
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L’ancien
scriptorium de l’abbaye |
Le
musée archéologique
Les salles
du bâtiment des moines abritent le musée archéologique
de la ville. Installé en 1930, le musée présente
des collections gallo-romaines dans les salles basses et des collections
médiévales dans le dortoir. Les sculptures romanes,
provenant de Saint-Bénigne et du département, sont
très intéressantes. Il y a deux tympans
romans provenant de l’abbaye de Saint-Bénigne qui datent
de 1150-1160. Le tympan du Christ en Gloire provient d’un portail
du cloître. Le Christ bénissant de la main droite se
trouve dans la mandorle et porte le livre. Quatre anges et les symboles
des quatre Evangélistes l’entourent. Le tympan de la Cène
provient du réfectoire. Il montre onze personnages avec le
Christ nimbé avec le pain au centre et les apôtres
dont on peut reconnaître Jean, Judas et Pierre. Des inscriptions
entourent les deux tympans. Deux têtes du milieu du 12e siècle
sont conservées des statues-colonnes du
grand portail ouest de l’abbatiale : la tête de St-Bénigne
du trumeau et la tête de St-Pierre d’un piédroit. Quatre
bas-reliefs du 11e siècle proviennent du
chevet de la chapelle orientale de l’église : deux aigles
et deux reliefs aux lions. Il y a plusieurs chapiteaux
provenant de St-Bénigne : quelques chapiteaux dans le style
de ceux de la crypte (11e siècle), des feuillages et des
lions (première moitié du 12e siècle) et des
crochets provenant de la rotonde (milieu du 12e siècle).
Enfin, il y a encore des frises et des corniches à rinceaux
et des modillons à copeaux.
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Tympan du
Christ en gloire dans le musée |
Sculptures du
musée provenant de St-Bénigne :
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Tympan
de la Cène |
Tympan du
Christ en gloire |
Tête
de saint Bénigne |
Tête
de saint Pierre |
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Bas
reliefs : aigles |
Bas reliefs
: lions |
Chapiteau
de lions et de feuillages |
Sculpture |
Les autres
sculptures romanes proviennent des églises de la Côte
d’Or. Deux beaux chapiteaux historiés de l’église
Saint-Philibert de Dijon datent du dernier
quart du 12e siècle. L’une représente l’Annonciation,
l’Ange avertit Joseph et la Visitation tandis que l’autre
montre la Nativité avec Joseph, la Vierge, l’Enfant
et les animaux. Quatre chapiteaux du 12e siècle sont de l’abbaye
de Moutiers-Saint-Jean :
Daniel dans la Fosse aux Lions (vers 1130-1140), des aigles
affrontés, et deux chapiteaux aux feuilles d’acanthe.
Un fragment du gisant de l’abbé Pierre (après
1179) provient également de Moutiers. Deux chapiteaux très
primitifs du début du 12e siècle proviennent d’un
atelier local de Curtil-Saint-Seine : un lion et un orant.
D’autres sculptures sont de l’ancienne église
Saint-Gilles de Saint-Seine-l’Abbaye
: une clé d’arcature d’un lion se mordant la
queue (début 11e siècle), l’écoinçon
de la Luxure avec deux serpents enroulés autour d’une
femme (vers 1130-1140) et un fragment de pilastre. Des bornes délimitant
les territoires des abbayes de Saint-Seine-l’Abbaye
et de Flavigny montrent les figures de
saint Pierre et de saint Seine (1288). Mentionnons enfin les miniatures
de la bible de St-Bénigne du 11e siècle, des têtes
gothiques provenant de l’église Notre-Dame, une statue
du Christ de Claus Sluter, une plaque-boucle historiée mérovingienne
en bronze de Renève, des sarcophages et de nombreux
objets gallo-romains.
Chapiteaux du
musée provenant du département :
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Visitation (Dijon St-Philibert) |
Nativité
(Dijon St-Philibert) |
Daniel dans
la fosse aux lions (Moutiers-Saint-Jean) |
Aigles affrontés
(Moutiers-Saint-Jean) |
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Chapiteau
d'orant (Curtil) |
Chapiteau
de lion (Curtil) |
Lion se mordant
la queue (St-Seine) |
Ecoinçon
de la Luxure (St-Seine) |
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Chapiteau
provenant de
Saint-Philibert : Annonciation et
Visitation |
A
voir aussi à
Dijon :
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Visite
La crypte se
visite d’Avril en Octobre de 9h à 18h. Le musée archéologique
(5 Rue du Docteur Maret) se visite de Mai à Septembre de
9h30 à 18h (mardi fermé) et 9-12h et 14-18h la reste
de l’année (lundi et mardi fermé).
Pour en savoir
plus sur Dijon, vous pouvez visiter les sites Internet suivants
:
Une visite
approfondie de Saint-Bénigne : http://dijoon.free.fr/visite/st-benigne.htm.
Site de la ville : http://www.ville-dijon.fr/
ou http://www.dijon.fr/.
Dijon Tourisme : http://www.dijon-tourism.com/
ou http://www.visitdijon.com/.
Paroisse de la cathédrale : http://www.cathedrale-dijon.fr/.
Visitez Saint-Bénigne en vues panoramiques 360 : http://www.around360.net/fr/qtvr_dijon.html.
Page lieux sacrés : http://lieuxsacres.canalblog.com/archives/dijon___cathedrale_saint_benigne__21_cote_d_or_/index.html.
Page du musée : http://lieuxsacres.canalblog.com/archives/dijon___le_musee_archeologique__21_cote_d_or_/index.html.
Page architecture religieuse : http://architecture.relig.free.fr/dijon_benigne.htm.
Page wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cath%C3%A9drale_Saint-B%C3%A9nigne_de_Dijon.
Une petite visite de la ville : http://visitezdijon.free.fr/.
Remerciements
: les photos de la page sont en partie de Cees
van Halderen et de Maryse Rozerot.
Vous pouvez
également consulter les références suivantes
:
- Chomton L.,
Saint-Bénigne de Dijon, les Cinq basiliques, Dijon,
1923.
- Chomton L., Histoire de l’église Saint-Bénigne
de Dijon, Dijon, 1900.
- Conant K.J., Cluny II and St. Benigne at Dijon, Archaeologia
, 1965.
- Dahlmann C., Untersuchungen zur Chronik von Saint-Benigne
in Dijon, Weimar, 1931.
- Deschamps P., Les deux tympans de Saint-Benigne de Dijon et
de Til-Châtel, Bulletin monumental, 1922.
- Dumay G., Epigraphie Bourguignonne, Eglise et abbaye de Saint-Bénigne
de Dijon, Dijon, 1882.
- Flipo V., La Cathédrale de Dijon, Paris, 1928.
- Gasq P. et Marion F., Le musée de Dijon, Paris,
1934.
- Gras P., Histoire de Dijon, Toulouse, 1981.
- Jannet M. et Joubert F., Sculpture médiévale
en Bourgogne, collection lapidaire au Musée archéologique
de Dijon, Dijon, 2000.
- Jannet-Vallat M., L'ancienne abbaye Saint-Bénigne de
Dijon, revue Archéologia, 1995.
- Malone C., Les fouilles de Saint-Bénigne de Dijon (1976-1978)
et le problème de l'église de l'an Mil, Bulletin
Monumental, 1980.
- Malone C., Saint-Bénigne de Dijon en l'an mil, 'totius
Galliae basilicis mirabilior', Turnhout, 2009.
- Marino-Malone C., Saint-Bénigne de Dijon: l’espace
occidental et la contre-abside de l’an mil.
- Oursel R., Bourgogne Romane, Zodiaque, La Nuit des temps
1.
- Sapin C., Arnaud C. et Berry W., Bourgogne Romane, Dijon,
2006.
- Sapin C., Les fouilles de Saint-Bénigne à Dijon,
à propos de publications récentes, Mémoire
de la Commission des Antiquités de la Côte-d’Or,
1980-1981.
- Sapin C., Saint-Bénigne de Dijon, Saint-Pierre de Flavigny
et les ateliers de la sculpture de la première moitié
du XIe siècle, Mémoires de la commission des
antiquités de la Côte-d’Or, 1987-88.
- Sapin C. et Jannet, M., Guillaume de Volpiano et l’architecture
des rotondes, actes de colloque, Dijon, 1996.
- Schlinck W., Saint-Bénigne in Dijon, Untersuchungen
zur Abteikirche des Wilhelm von Volpiano (962-1031), Berlin,
1978.
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