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Toulon-sur-Arroux

 

Edifice
Ancienne église Saint-Jean-Baptiste
Situation
Centre village, 71320 (Saône-et-Loire)
Parties Romanes
Nef, bas-côtés et vestiges de l'abside
Décoration Arcatures du faux-triforium, chapiteaux sculptés, décor peint
Datation
Fin du 11e siècle - début du 12e siècle

 

 

Introduction - Historique - Description - Visite

 

Introduction

L'ancienne église désaffectée de Toulon-sur-Arroux est remarquable par sa haute tour de guet et pour l’élévation de sa nef romane. Située au milieu du castrum de l’ancien château seigneurial, à côté de la nouvelle église du 19e siècle, elle dépendait du prieuré de Paray. Construite à la fin du 11e siècle, la nef de quatre travées, flanquée de bas-côtés, s’élève sur trois étages couverts de voûtes d’arêtes. Ce modèle, mêlant les architectures brionnaises et clunisiennes de façon originale, égale précisément celui de l’église de Gourdon mais est autrement unique dans le monde roman. On y trouve un faux-triforium avec doubles arcatures aveugles ainsi qu’une trentaine de chapiteaux romans modestement décorés. Partiellement mutilée et utilisée pour des expositions, l’intérieur présente encore une harmonie certaine avec ses formes juxtaposées du plein cintre. Le chœur a été déformé à l’époque gothique pour ouvrir sur le donjon-clocher, la façade a été refaite au 18e siècle. Des expositions permettent de visiter cette église caractéristique du roman bourguignon. Mentionnons aussi le Pont du Diable, englobant l'Arroux, qui remonte au 12e siècle et fut remanié au 19e siècle. On se trouve ici au cœur du circuit des églises romanes du Charolais.

 

Elévation de la nef

 

Historique

L’histoire de Telonno remonte à l’époque romaine. La villa fut donnée au prieuré de Paray-le-Monial vers 977 par le comte Lambert. A cette époque, une première église paroissiale dédiée à Saint-Martin existait à Toulon. L’église Saint-Jean fut construite à la fin du 11e siècle comme doyenné-obédience du prieuré de Paray. Elle fut englobée dans l’enceinte castrale du vieux château seigneurial de Tolon au 13e siècle et devint alors l’église du château. Le clocher roman fut peut-être incendié pendant le siège par le Duc de Bourgogne en 1253, puisqu’une nouvelle tour de guet fut élevée sur l’abside de l’église au 13e ou au 14e siècle. Les Huguenots mettent à sac le château en 1554 et causent des dégâts à l’église. Celle-ci devient paroissiale au 17e siècle. Elle est désaffectée vers 1870 avec la construction de la nouvelle église paroissiale Saint-Martin. Vendue à des particuliers, elle est utilisée comme grange, garage, écurie, entrepôt, cave à vin et atelier et endure des mutilations graves. Au 20e siècle, elle est utilisée comme théâtre puis comme salle paroissiale à partir de 1924. L’association les Amis du Dardon est propriétaire de l’église depuis 1969. Classée Monument Historique en 1971, une série de restaurations est venue mettre en valeur l’église pendant les années 1970-1980 (toitures, sacristie, vitraux, murs, clocher). Elle est actuellement utilisée comme espace d’expositions et de concerts.

 

L'église et son clocher fortifié

 

Description

L’église, commencée à la fin du 11e siècle, présente un plan relativement simple avec une nef de quatre travées flanquée de bas-côtés et une abside entre deux chapelles à l’est. A l’origine, une cinquième travée se trouvait à l’ouest, détruite à une époque inconnue. Comme à l’église de Bragny, la dernière travée faisait office de chœur et la travée précédente de transept. Un clocher roman s’élevait probablement sur ce transept ou sur la première travée de la nef. Il fut remplacé par la tour-donjon construite au 13e ou au 14e siècle sur l’abside. Les absidioles furent remplacées par des chapelles gothiques au 15e siècle. Celle au nord fut transformée en sacristie et celle au sud fut détruite vers 1950 puis reconstruite en 2004. L’église se trouve à l’intérieur de l’ancien château, on y retrouve encore quelques bases de tours et fragments divers ainsi que la forme circulaire dans les maisons construites sur les murailles.

 

Coupe de l'église

 

A l’extérieur, on reconnaît l’ordonnance des travées de la nef, rythmées de contreforts sur deux niveaux. Les baies des bas-côtés et des parties hautes sont encore partiellement romanes. Des modillons nus soulignent la corniche. La façade ouest a été refaite ultérieurement avec son portail néo-classique et sa grande lunette. De l’autre côté de l’édifice, le haut clocher-donjon est flanqué de contreforts. Sur sa base, on observe une partie du mur de l’ancienne abside romane avec deux contreforts.

Extérieur de l'église :
Façade
Flanc nord
Chevet
Baie

L’intérieur de la nef est un ensemble roman homogène, soit mutilé. L’élévation sur trois étages et le voûtement d’arêtes éclatent la monumentalité du roman bourguignon. Les grandes arcades en plein cintre à double rouleau reposent sur des piliers cruciformes. Au niveau intermédiaire, le faux-triforium élégant se compose de deux arcades par travée, portées par trois colonnettes à chapiteaux. Les fenêtres hautes au troisième étage apportent la lumière au vaisseau. Les voûtes d’arêtes sur doubleaux à double rouleau reposent sur des colonnes engagées. Les bas-côtés sont également voûtés d’arêtes dont les doubleaux sont reçus par des pilastres avec des impostes simples. La nef a été partiellement dénaturée, le sol a été rehaussé au 17e siècle et les colonnes engagées des piliers ont été raccourcies au 19e siècle.
L’abside, qui s’ouvre sous un haut mur avec une baie qui s’ouvrait à l’origine sur l’extérieur, a été mutilée par la construction de la tour. Il n’y a pas de voûte. Le chevet plat est percé de deux baies-lancettes. De l’époque romane restent les amorces des arcatures sur colonnettes et l’arc triomphal à double rouleau portant sur deux colonnes engagées aux chapiteaux mutilés. Les absidioles en hémicycle ont été remplacées par deux chapelles rectangulaires, dont celle au nord convertie en sacristie.

Intérieur de l'église :
Nef
Colonnes
Voûtes
Chœur
Elévation
Arcades
Bas-côté
Bas-côté
Abside
Triforium
Triforium
Triforium

 

Le décor de l’église comprend 36 chapiteaux romans, surtout dans les parties hautes et au triforium, puisque ceux des piliers ont été en grande partie détruits. La ressemblance avec les chapiteaux de Gourdon est évidente, on pense y voir l’œuvre du même atelier. La plupart des chapiteaux présentent des motifs végétaux et feuillages simples. Deux chapiteaux soutenant les arcs doubleaux des voûtes méritent une attention particulière : deux personnages avec des serpents (au-dessus du premier pilier au nord) et deux aigles (au-dessus du troisième pilier au sud).
Un décor peint du 12e siècle a été mis au jour derrière les couches de badigeon. Il comprend des faux joints et, sur le faux-triforium, des motifs végétaux et géométriques. Des fresques du 17e siècle montrant des armoiries sont également à voir.

Chapiteaux :
Personnages
Aigles
Feuillage
Triforium

 

 

Visite

L'église est entretenue par l'association les Amis du Dardon et est, maintenant, un lieu d'expositions et de manifestations culturelles. Elle se visite en été, les après-midis.

Remerciements : les photos sont en partie de Cees van Halderen.

Pour en savoir plus sur Toulon-sur-Arroux, vous pouvez visiter les sites Internet suivants:

Site du village : http://www.toulon-sur-arroux.fr/.
Site de l'église romane : http://egliseromanedetoulon.voila.net/.
Découvrez son ancienne église : http://perso.wanadoo.fr/gite472/Toulon/Toulon.htm.
Blog avec pages sur l'église : http://paysanheureux.canalblog.com/archives/2010/09/05/18988219.html.

 

Vous pouvez également consulter les références suivantes :

- Magnien E., Les eglises romanes de la Bourgogne du Sud, Mâcon, 1979.
-
Oursel R. et A.-M., Les Eglises Romanes de l’Autunois et du Brionnais, Cluny et sa région, Mâcon, 1956.
- Sapin C., Arnaud C. et Berry W., Bourgogne Romane, Dijon, 2006.

 


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