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Charlieu
Edifice |
Ancienne
abbaye Saint-Fortunat |
Situation |
Centre
ville, 42190 (Loire) |
Parties
Romanes |
Fondations
et fouilles, vestiges de la nef, narthex, colonnade du cloître
et tour d'enceinte |
Décoration |
Décor
et tympans des trois portails, chapiteaux, colonnade du cloître,
sculptures du musée lapidaire |
Datation |
9e-10e-11e
siècles (fondations), fin du 11e siècle - début
du 12e siècle (nef) et 1140-1150 (narthex) |
Introduction
- Historique - Description
- Visite
Introduction
Charlieu est
une petite ville du département de la Loire, aux confins
de la Bourgogne et à la limite méridionale du Brionnais.
L’abbaye bénédictine, fleuron à l’origine
de la cité, a été fondée vers 870 et
rattachée à l’abbaye de Cluny
vers 930. Le monastère fortifié est pendant tout le
Moyen Âge parmi les prieurés clunisiens les plus importants
et constitue un centre important de la sculpture romane. Pendant
la Révolution,
son église abbatiale fut en grande partie détruite
et plusieurs bâtiments de l’abbaye démolis. L’emplacement
de l’abbatiale est aujourd’hui un carrefour de substructures
et de fondations montrant les trois abbatiales successives des 9e,
10e et 11e siècles, mises au jour par des fouilles. De la
dernière église, construite au 11e siècle par
les abbés de Cluny, ne restent que
les collatéraux de la première travée de la
nef. On y retrouve des arcades en plein cintre et de beaux chapiteaux
archaïques qu’on peut comparer aux chapiteaux d’Anzy-le-Duc.
Heureusement, le grand narthex, qui fut ajouté avant la nef
au deuxième quart du 12e siècle, est entièrement
conservé. C’est une belle construction romane à
deux étages : un étage bas ouvert par des arcades,
et une salle haute. Le style clunisien est ici beaucoup plus évolué
: les grandes arcades sont de profil brisé et les baies et
arcatures sont flanquées de colonnettes et de chapiteaux.
La facture des chapiteaux du 12e siècle est beaucoup plus
nette, on y admire des animaux et des figures symboliques. Mais
la merveille de l’abbaye de Charlieu, ce sont les trois portails
romans du narthex, aux décors richement sculptés,
qui sont des trésors de la sculpture bourguignonne. Le portail
ouest dans le narthex conserve le plus ancien tympan représentant
l’Ascension du Christ en Bourgogne. Il montre le Christ en
majesté
dans une mandorle entre deux anges et un linteau avec les douze
apôtres, le tout d’une facture très archaïque.
Les deux autres portails sont du milieu du 12e siècle et
ornent la façade principale du narthex, qui se trouve du
côté nord. Ce sont probablement les portails les plus
richement décorés de la Bourgogne romane, malgré
leurs mutilations. Le grand portail montre combien la sculpture
romane a avancé pendant quelque 60 années : l’Ascension
est beaucoup plus vivante comparée au portail ouest, le Christ
en majesté est accompagné par le tétramorphe
des Évangélistes, les apôtres et les anges sur
le linteau sont sculptés pleins de vie. Les voussures et
les piédroits abondent de décorations : motifs floraux
et géométriques entre lesquels on peut reconnaitre
l’Agneau Pascal, des vieillards, la luxure et des rois et
fondateurs. Le tympan de la baie latérale continue ce style
roman abondant : il représente les Noces de Cana, sur le
linteau le sacrifice d’animaux et sur l’archivolte,
les personnages de la Transfiguration. Plusieurs
bâtiments monastiques de l'abbaye sont conservés autour
du cloître conservant ainsi trois galeries gothiques du 15e
siècle. La salle capitulaire date de la même époque
et s’ouvre par une colonnade romane de six arcades du 11e
siècle, sur doubles colonnes et chapiteaux intéressants.
A côté se trouve la chapelle Notre-Dame-de-l’Assomption,
l’ancienne chapelle du prieur, reconstruite au 15e siècle
sur des fondations romanes. L’hôtel du prieur avec ses
tourelles date de la Renaissance et s’ouvre sur une cour avec
porte monumentale. La tour Philippe Auguste du 12e siècle
est un vestige imposant de l’enceinte construite par ce roi
pour protéger l’abbaye. Le parloir et le cellier ont
été également conservés. Ils sont actuellement
aménages en Musée lapidaire et en Musée d’art
religieux, conservant plusieurs bas-reliefs et chapiteaux romans
intéressants.
Historique
Histoire
de l'abbaye
L’abbaye
bénédictine fut fondée en 872 par des moines
bénédictins venus de la Touraine sur des terres données
par Ratbert, évêque de Valence, et
par son frère Edouard. Le lieu appelé Sornin
ou Sonna fut alors nommé Carus Locus ou
Carilocum, le Cher lieu. Gausmar fut
le premier abbé de l’abbaye placée sous le patronage
de saint Etienne et de saint Fortunat. Une chapelle dédiée
à Saint-Martin, déjà existante sur le site,
fut donnée à l’abbaye par Lambert,
évêque de Mâcon. Le monastère
fut placé sous la protection royale en 879 par le Roi Boson,
gouverneur du Lyonnais, comte de Mâcon
et roi de Provence. L’abbaye est rattachée à
Cluny en 932 par le pape Jean XI,
donation confirmée par Hugues de Provence, comte
d’Arles et de Vienne. C’est l’une des premières
affiliations de Cluny et au cours du 10e
siècle il devient aussi l’un des plus importants. La
première église fut alors agrandie par l'abbé
Odon de Cluny. Au 11e siècle, l’abbaye est
réduite au rang de prieuré clunisien pendant la réforme
de l’abbé Odilon, probablement vers 1040.
Le monastère est reconstruit au 11e siècle par Odilon
et une nouvelle église priorale, la troisième, fut
consacrée en 1094 par le Pape Urbain II et par l’abbé
Hugues. Elle fut complétée au 12e siècle
par la construction d’un narthex. Vers 1180, le monastère
est fortifié par le Roi Philippe Auguste, qui englobe
la ville et l’abbaye de nouveaux remparts. Au 15e siècle,
le cloître et les bâtiments de l’abbaye ont été
reconstruits. Le clocher de l’église fut foudroyé
en 1638. Le prieuré, passé sous le régime de
la commende au 17e siècle, fut supprimé en 1787. Les
bâtiments ont été en grande partie vendus et
détruits après la Révolution : les archives
sont brulées en 1792, les tympans décapités
en 1793, l’église vendue en 1795 est détruite
en 1800, et les bâtiments du monastère sont vendus
et transformés en habitations. Le réfectoire fut détruit
seulement en 1844. Le narthex de l’église, qui a échappé
aux destructions, fut restauré en 1853 et en 1877-78 ; l’abbaye
est classée Monument Historique en 1862. La Société
des Amis des Arts de Charlieu fut fondée en 1908 et des campagnes
de fouilles sur l’emplacement de l’église ont
été menées de 1926 à 1929 et de 1938
à 1952. Les fondations des églises abbatiales alors
mises au jour ont été classées en 1928. Les
murs de l’église ont été restaurés
en 1935 et les portails de la façade nord ont été
restaurés en 1989-1990.
Trois
églises disparues
Trois églises
abbatiales ont existé sur le site. Les fouilles ont mis au
jour les fondations des églises qui permettent d’en
reconstituer les plans. La première église, Charlieu
I, fut construite à la fin du 9e siècle après
la fondation
de l’abbaye. Elle était dédiée à
saint Etienne et saint Fortuné et conservait les reliques
des deux saints. C’était une église de style
carolingien avec une nef unique non voûtée, un chœur
et une structure absidale complexe. Celle-ci comprenait une abside
élevée sur une crypte et entourée par un passage
souterrain annulaire avec une chapelle absidale. Elle aurait eu
des tourelles et des contreforts demi-circulaires comme on le trouve
dans quelques églises anciennes de la Touraine. La deuxième
église, Charlieu II, remonte au 10e siècle.
Odon de Cluny aurait agrandi la première
église vers 930-940, quand le monastère était
devenu clunisien. L’architecture était d’un style
clunisien primitif, peut-être inspiré par Saint-Martin
de Tours. La nef fut voûtée en pierre et divisée
en trois vaisseaux par des piliers. Un clocher fut élevé
sur la croisée du transept. L’abside fut refaite, peut-être
avec un déambulatoire d’où, d’après
Sunderland, proviendrait des arcades sur colonnettes de la colonnade
du cloître. Il est possible qu’un narthex existait déjà.
Le monastère était déjà important, puisque
le cloître et la chapelle Notre-Dame remontent à cette
époque. Charlieu III est la troisième
église dont le narthex est toujours debout. L’église
dédiée à Saint-Fortuné datait en majeure
partie du 11e siècle, peut-être déjà
commencée par Odilon avant 1050. Elle fut consacrée
en 1094 et complétée au début du 12e siècle.
Elle était nettement désaxée comparée
aux églises précédentes. Le plan de l’église,
inspiré par Cluny II, présentait
une croix latine et un chœur bénédictin avec
chapelles échelonnées et une petite absidiole greffée
sur l’abside. Le plan est presque identique à celui
de l’église d’Anzy-le-Duc,
dont celle de Charlieu était antérieure. Elle avait
une nef de quatre travées, voûtées de berceaux
sur doubleaux avec fenêtres hautes en pénétration,
flanquées de bas-côtés. Un transept saillant
avec clocher sur la croisée précédait le chœur
avec abside entouré de cinq absidioles en retrait. Un narthex
fut ajouté vers 1140 et doté de sculptures formidables
de style clunisien.
Description
Le monastère
de Charlieu présente un ensemble de bâtiments intéressants
relevant des périodes romanes, gothiques et Renaissance.
L’emplacement de l’église montre les fondations
superposées des trois églises des 9e, 10e et 11e siècles,
dont on peut reconnaître quelques murs et bases de piliers.
De l’église priorale, Charlieu III, il ne reste que
le narthex roman à deux étages du 12e siècle,
dont les portails sculptés sont justement célèbres,
et les vestiges de la première travée de la nef. Au
sud de l’église se trouvent le cloître gothique
et la cour du prieuré, entourés des salles de l’abbaye
et de l’Hôtel du Prieur. Je vous propose la visite des
vestiges de l’église, des portails du narthex puis
des bâtiments de l’abbaye.
Les
vestiges de l'église
La première
travée de la nef est la seule partie conservée
de l’église du 11e siècle. Cette partie occidentale
date de l’extrême fin du 11e siècle, peut-être
déjà des premières années du 12e siècle.
La voûte de la nef a été détruite et
ce n’est plus possible d’en deviner la structure. Les
voûtes d’arêtes des deux bas-côtés
sont encore conservées. Elles sont portées par de
grandes arcades, à double rouleau et en plein cintre, et
par des piliers cruciformes avec trois colonnes engagées
avec bases et chapiteaux. Des baies ébrasées s’ouvrent
dans les murs latéraux. Le mur sud de la nef a été
également en partie conservé.
Le narthex
est bien conservé. Il fut construit vers 1140 devant la façade
de l’église. Il se compose de deux étages voûtés
d’arêtes, avec trois vaisseaux d’une seule travée.
Son style clunisien tardif est remarquable pour son décor
roman et surtout pour ses portails sculptés. L’architecture
de ce porche peut être rapprochée de ceux de Mâcon
et de Perrecy. L’entrée du narthex, chose rare, est
au flanc nord. La façade nord est décorée d’un
portail célèbre, de pilastres décorés,
d’arcatures et d’une baie sur colonnettes. La façade
ouest présente des arcades avec chapiteaux et sculptures
et une tourelle. Le rez-de-chaussée du porche, voûté
d’arêtes sur doubleaux brisés, conserve deux
portails et deux sarcophages. L’étage du narthex, appelé
la salle des archives, est également voûté d’arêtes
sur doubleaux brisés. Le carrelage est d’origine. Il
y a des baies et arcatures aux voussures décorées,
colonnettes et chapiteaux. La grande baie du côté ouest
a des voussures décorées de feuillages et de rubans,
à l’intérieur et à l’extérieur.
La grande baie est, donnant une belle vue sur les fouilles des églises,
est flanquée d’arcatures sur colonnettes à l’extérieur.
Le narthex :
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Extérieur |
Façade |
Intérieur |
Arcades |
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Baie
ouest |
Baie |
Baie |
Baie est |
Des chapiteaux
sculptés sont à remarquer dans la travée de
la nef et dans le narthex. Ceux des piliers de la nef, de la fin
du 11e siècle, sont très proches de certains chapiteaux
d’Anzy-le-Duc et même de Vézelay.
On y trouve Daniel dans la Fosse aux lions sous une fleur solaire,
les Coquilles Saint-Jacques (comme à Perrecy), le centaure
et le cavalier montrant deux personnages se tirant la barbe, des
lions affrontés posant leurs pattes sur la tête d’un
homme sortant des feuillages, et des feuilles d’acanthe. Les
chapiteaux du narthex, plus tardifs, ont été sculptés
dans la première partie du 12e siècle par des sculpteurs
de Cluny. Les chapiteaux des arcades du
rez-de-chaussée ont des chapiteaux au décor végétal
très recherché, dérivant du corinthien. D’autres
chapiteaux décorent les colonnettes des baies et des arcatures
de l’étage, à l’intérieur et à
l’extérieur. A l’intérieur, il y a le
Soleil et la Lune symbolisant le bien et le mal, un aigle à
tête humaine (ou une sirène-oiseau), une tête
de monstre et une figure diabolique sortant du feuillage. A l’extérieur,
il y a une sirène à queue de poisson, un acrobate
avec barbe, et un capricorne (mi chèvre, mi poisson). Les
chapiteaux ont des tailloirs à billettes.
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Chapiteau de
la nef : Daniel dans la fosse aux lions |
Chapiteaux :
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Centaure
et Cavalier |
Lions affrontés |
Coquilles
Saint-Jacques |
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Décor
végétal |
Décor
végétal |
Acrobate |
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Animal fantastique |
Sirène |
Sculpture |
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Les
portails du narthex
Le narthex
possède trois portails sculptés de première
importance. Le plus ancien est celui qui se trouve à l’intérieur
du narthex, au centre de la façade de l’église.
Ce tympan vieux sculpté vers 1090 appartient
à l’église du 11e siècle. C’est
l’un des plus anciens tympans de la région au thème
de l’Ascension du Christ, représentant le retour glorieux
du Christ à la fin des temps. Les larges voussures entourant
le tympan sont dépourvues de décor. Sur le tympan
monolithe sont sculptés le Christ en Majesté, portant
le livre dans une mandorle, et deux anges aux ailes déployées.
Le linteau sculpté en bas relief représente
les douze apôtres assis, avec livre sur leur genou droit et
levant la main gauche, dans des arcatures. Au revers du linteau,
sur la face intérieure, se trouve un décor de palmettes
plates. Deux corbeaux soutenant le linteau sont
sculptés d’atlantes. Il y a quatre colonnes avec chapiteaux
sculptés de feuillages et aux tailloirs décorés.
Ce tympan peut être rapproché au linteau d’Anzy
et au tympan de Mont-Saint-Vincent
et le style du linteau est proche du linteau de Châteauneuf.
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Tympan ouest
: l'Ascension du Christ |
Le portail ouest
:
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Tympan |
Corbeau |
Corbeau |
Revers du linteau |
Les deux autres
portails se trouvent à l’extérieur du narthex,
sur la façade nord, qui était l’entrée
principale de l’église. Ils sont datés vers
1150, alors une soixantaine d’années après le
tympan vieux, montrant l’évolution remarquable de la
sculpture romane pendant le 12e siècle. On atteint ici une
perfection et une abondance dans le décor qui marquent le
sommet de l’art roman bourguignon. Le grand portail
raconte encore le thème de l’Ascension, inspiré
par le livre de l’apocalypse. Mutilé à la Révolution,
il ne reste que trois têtes de ses multiples personnages.
Des traces de peinture bleu, rouge et or prouvent que le tympan
était polychrome à l’origine. Le décor
de motifs floraux et géométriques des parois et des
voussures, extrêmement riche, montre des rinceaux de feuillages,
des fleurs, des damiers, des rubans plissés, des grecques,
des oves, des perles, des festons et des palmettes. L’archivolte
extérieure a un cordon de feuilles d’acanthe pliées.
Sur le tympan trône le Christ en Majesté,
assis sur la Jérusalem céleste dans une mandorle,
entre deux anges et le tétramorphe des quatre Evangélistes,
dont les figures finement sculptées portent des inscriptions.
Le linteau représente les douze apôtres
assis sur un banquette, avec au centre la Vierge entre deux anges.
Un décor de sachets se trouve sous le linteau. Des rois et
fondateurs sont sculptés sur les flancs du linteau : à
gauche le Roi David et le Roi Boson, à droite Saint-Jean-Baptiste
et l’évêque Ratbert. Deux corbeaux
historiés, avec anges et personnages, soutiennent le linteau.
Sur les voussures on rencontre l’Agneau Pascal,
en haut, et deux vieillards musiciens, sur les côtés
desquels partent 24 fleurs médaillons perlés symbolisant
les 24 vieillards de l’apocalypse. Sur le piédroit
gauche est sculptée la Luxure, représentée
par une femme avec un serpent monstrueux et un crapaud. Deux colonnes
aux chapiteaux corinthiens flanquent le portail.
Le grand portail
nord :
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Tympan |
Christ |
Evangélistes |
Linteau |
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Sculptures |
Rois et saints |
Luxure |
Piédroits |
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Corbeau |
Agneau
Pascal |
Voussures |
Dessous |
Le petit portail
latéral, qui n’est en fait qu’une baie
secondaire, appartient au même ensemble sculpté que
le grand portail à côté. Ses sculptures montrent
des scènes rares dans l’iconographie de l’époque.
Sur le tympan la scène représentée
est les Noces de Cana et non la Cène. Ce miracle symbolise
le sacrifice du Christ. Le Christ, entre la Vierge et un disciple,
est assis derrière une table épousant la forme du
tympan. Une petite scène représente le miracle de
l’eau transformée en vin. Les têtes ont été
détruites. Le linteau montre des sacrifices
d’animaux, comme des bœufs et des moutons, évoquant
les sacrifices antiques du temple de Jérusalem de l’ancien
testament. La corniche sous le tympan est décorée
d’acanthes, de losanges et de perles. Sur l’archivolte
sont sculptés six personnages de la Transfiguration qu’on
peut identifier par des inscriptions : saint Jacques, saint Jean,
le Christ, Moïse, l’apôtre saint Pierre et le prophète
Elie. La fête de la Transfiguration avait été
introduite dans la liturgie clunisienne par l’abbé
Pierre le Vénérable. Deux chapiteaux
historiés surmontent des colonnes jumelées. A gauche,
une tête grimaçante, mutilée. A droite, ce sont
trois personnages, peut-être le repas d’Emmaüs,
ou le Christ offrant le saint sacrifice dans la Jérusalem
céleste, assisté par Saint Pierre et Saint Paul. Un
bas-relief au dessus du portail montre une figurine à demi
sortie d’un nuage, peut-être Dieu le Père. Un
autre bas-relief à droite représente un personnage.
On appelle le sculpteur des deux portails du narthex le maître
de Charlieu. Il a probablement sculpté également le
tympan de Saint-Julien-de-Jonzy. Son
style remarquable et plein de vie, maitrisant le style issu de Cluny,
peut être rapproché des chapiteaux de Vienne
de l’époque.
Le petit portail
:
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Portail |
Tympan |
Linteau |
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Chapiteau |
Chapiteau |
Relief |
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Les
bâtiments de l'abbaye
Les bâtiments
de l’abbaye se regroupent autour du cloître, au sud
de l’église, et de la cour du prieuré, à
l’est du cloître. Les parties les plus anciennes sont
du 10e siècle, mais la plupart des constructions datent des
15e et 16e siècles. Le cloître date
des années 1460-1470. Mutilé au 19e siècle
et restauré en 1999-2000, il conserve encore trois galeries
avec arcatures gothiques et un puits. Sur son flanc est, bordant
la salle capitulaire, existe une colonnade romane.
Elle remonte probablement au 11e siècle, l’époque
des constructions d’Odilon. Il s’agit peut-être
d’un réemploi d’une galerie du cloître
roman, d’autres pensent que les arcatures proviennent du déambulatoire
de Charlieu II. Flanquant un portail gothique, il y a six arcades
avec doubles colonnettes et des chapiteaux sculptés de feuillages,
de fleurs, d’aigles aux ailes déployées et têtes.
Les tailloirs décorés conservent une inscription :
troquo lude alias fuge.
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La colonnade
romane du cloître |
Le flanc est
du cloître a été bien conservé. La salle
capitulaire, accessible par la colonnade romane, date de
la fin du 15e siècle. Elle conserve un pilier central avec
lutrin, des voûtes d’ogives du début du 16e siècle
et des culots sculptés. Le parloir, à
côté, conserve également des voûtes du
début du 16e siècle. Le cellier est
l’ancienne cave de l’abbaye. A l’étage
de ce bâtiment oriental du cloître, dont les murs sont
encore en partie du 10e siècle, se trouve le dortoir
des moines, avec des baies gothiques. Les autres bâtiments
autour du cloître ont été moins bien conservés.
Les bâtiments au sud du cloître ont été
détruits : le réfectoire avec ses fresques romanes,
la bibliothèque avec une galerie en bois et le chauffoir
dont on remarque encore deux baies gothiques murées. Du côté
ouest du cloître se trouvaient les cuisines et le dortoir
des novices. Un bâtiment moderne y abrite depuis 1999 le Centre
des Visiteurs de l’abbaye (espace muséographique, histoire,
maquette, photos).
Cloître
et salle capitulaire :
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Cloître |
Cloître |
Arcades du cloître |
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Galerie
du cloître |
Colonnade romane
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Salle capitulaire |
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Chapiteaux |
Chapiteaux |
Aigles |
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A l’est
du cloître se trouve la cour du prieuré,
à l’origine un deuxième cloître dit cloître
des infirmes. La cour, conservant un puits et un sarcophage ancien,
s’ouvre au nord par une porte monumentale crénelée
du 15e siècle avec écusson. Au nord se trouve aussi
la Chapelle Notre-Dame-de-l’Assomption ou
chapelle du prieur, reconstruite à la fin du 15e siècle
sur des fondations du 10e siècle. Il s’agit même
peut-être de la chapelle Saint-Martin existant à la
fondation de l’abbaye. La chapelle, élément
typique des prieurés clunisiens, avait un plan rectangulaire
avec chœur en retrait. Les murs, deux portails et des baies
murées sont encore romans. Le dallage ancien en terre cuite
a été conservé. L’entrée actuelle
se fait par la salle capitulaire bordant la chapelle à l’ouest.
Restauré en 1932, la chapelle gothique a des voûtes
d’ogives sur culots et une abside à pans. Au sud de
la cour du prieuré se trouve le grand Hôtel
du Prieur construit par Jean de la Madeleine à la
fin du 15e siècle et au début du 16e siècle.
Ce bâtiment de la Renaissance remplaçait l’infirmerie
du monastère médiéval. Il englobe encore les
vestiges d’une tour rectangulaire du 10e siècle. Ancien
logement du clergé paroissial et actuellement propriété
du conseil général, il n’est pas encore ouvert
à la visite. La façade sur la cour présente
deux tourelles avec des escaliers à vis et des portails décorés.
A l’intérieur, des salles conservent des cheminées
monumentales, des charpentes en chêne et des boiseries du
18e siècle. Une échauguette domine la grande façade
sud.
Bâtiments
autour de la cour su prieuré :
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Chapelle
Notre-Dame |
Intérieur
de la chapelle |
Dallage |
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Hôtel
du Prieur |
Tour Philippe Auguste |
Tour |
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La Tour
Philippe Auguste, au nord-est, faisait partie de l’enceinte
abbatiale construite par le Roi Philippe Auguste vers 1180. Elle
faisait également partie de l’enceinte de la ville.
C’est une grande tour-donjon ronde de la fin du 12e siècle
avec rez-de-chaussée voûté sous quatre étages.
La Tour de la Gendarmerie, au nord-ouest, fut construite
au 16e siècle sur des bases plus anciennes. Une autre tour
ronde existait au sud-ouest à l’origine. L’enceinte
de l’abbaye existait déjà au 10e siècle
et avait deux portes. Quelques murs de l’enceinte ont été
retrouvés. Mentionnons enfin quelques autres bâtiments
autour du noyau central de l’abbaye : l’orangerie
du 18e siècle au sud-est, l’auditoire de la
justice au nord-est et les bâtiments modernes à
l’ouest.
Le
musée lapidaire
Des sculptures
intéressantes sont conservées dans les musées
de l’abbaye. Le musée lapidaire a
été aménagé dans le parloir en 1971.
Il présente des modillons, des chapiteaux, des reliefs, des
linteaux et des sculptures romans et gothiques. Un bas-relief de
Daniel dans la Fosse aux Lions, du 10e siècle
ou du début du 11e siècle, est la sculpture la plus
ancienne de l’abbaye. Il provient peut-être du cloître
ou du chœur de Charlieu II. Un moulage est conservé
d’un autre bas-relief roman de l’Annonciation,
provenant de la chaire du lecteur du réfectoire des moines.
L’original se trouve réemployé dans la chapelle
de l’ancien petit séminaire St-Gildas à Ressins
(42). C’est une belle sculpture, datée vers 1120, représentant
quatre arcatures avec la Vierge, l’ange Gabriel, le songe
de St-Joseph et le prophète Isaïe. Une sculpture en
haut-relief de la Vierge à l’Enfant,
en calcaire polychrome, date du milieu du 12e siècle. Des
chapiteaux de Charlieu III sont conservés,
de style corinthien, ainsi que le chapiteau du Baptême du
Christ. La tête d’un roi est du 12e siècle. Des
linteaux sculptés provenant des maisons anciennes de la ville
et des chapiteaux aux personnages appartiennent au style gothique.
Le musée d’art religieux dans le cellier
a été aménagé en 1984. Il conserve des
statues du 14e au 19e siècle.
Pièces
exposées du musée :
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Bas-relief
de l'Annonciation |
Daniel dans
la fosse aux lions |
Vierge à
l’Enfant |
Tête
de Roi |
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Chapiteau
à décor végétal |
Chapiteau à
animaux |
Chapiteau à
personnages |
Modillon |
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Linteau
avec animaux |
Sculpture gothique |
Sarcophage |
Fresque du
Roi Boson |
Enfin, mentionnons
les vestiges des fresques romanes du réfectoire
conservées dans le Musée de Cluny à Paris.
Des fragments de la fin du 12e siècle y montrent les têtes
des Apôtres, la Vierge et la scène du Roi Boson offrant
l’église de Charlieu à St-Etienne. Ils faisaient
partie d’un ensemble plus grand qui décorait les murs
du réfectoire avec le Christ en majesté, les symboles
des évangélistes et apôtres, prophètes,
saints et protecteurs de l’abbaye.
Visite
L'abbaye se
visite tous les jours, sauf le lundi et le mois de janvier, de 10h
à 12h30 et de 14h à 18h30.
Pour en savoir
plus sur Charlieu, vous pouvez visiter les sites Internet suivants
:
Le site de
la ville : http://www.ville-charlieu.fr/.
Autre site sur Charlieu et son abbaye : http://www.virtualred.net/charlieu/.
Communauté de communes autour de Charlieu : http://www.cc-payscharlieu.fr/.
Les amis des arts de de Charlieu : http://www.amisdesartscharlieu.com/.
Série de photos sur romanes.com : http://www.romanes.com/Charlieu/Saint-Fortunat/.
Page Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_de_Charlieu.
Page Lieux Sacrés : http://lieuxsacres.canalblog.com/archives/charlieu__42_loire_/index.html.
Page Structurae : http://structurae.info/structures/data/index.cfm?id=s0013099.
Page Sites Clunisiens : http://www.sitesclunisiens.org/article.php?sid=127.
Album Flickr : http://www.flickr.com/photos/art_roman_p/sets/72157625289143495/.
Remerciements
: les photos de la page sont de Cees
van Halderen et de Thierry Cornier.
Vous pouvez
également consulter les références suivantes
:
- Barbat, Charlieu
- ses monuments - son abbaye, Charlieu, 1925.
- Barbat, Charlieu pendant la Revolution, Roanne,
1913.
- Chazelle B. et Charrondière P., Charlieu et son canton.
- Hammann M., Die Burgundische Prioratkirche von Anzy-le-Duc
und die romanischen plastik im Brionnais, Wurzburg, 1998.
- Jeannez E., La colonnade romane du cloître de Charlieu,
Bulletin de la Diana.
- Krüger, K., Charlieu - Prieuré Saint-Fortunat
(Loire), Dossiers d'Archéologie, 2002.
- Monot H., Charlieu, le livre d’histoire.
- Nicolas H., Eglises Romanes du Brionnais, La Taillanderie,
2000.
- Sapin
C., Arnaud C. et Berry W., Bourgogne Romane, Dijon, 2006.
- Schneiter L., Le Brionnais, Eglises Romanes, 1967.
- Sevelinges J., Histoire de l’abbaye de Charlieu depuis
son origine jusqu’en 1789, Lyon, 1856.
- Sunderland E., Charlieu à l’époque médiévale,
l’Abbaye, la Ville, le Cloître, Lyon, 1971.
- Terret V., Le Portail Roman du narthex de Saint-Fortunat de
Charlieu et sa sculpture décorative Du XIIe siècle.
- Thiollier F., L’Art Roman à Charlieu et en Brionnais,
Montbrison, 1892.
- Thiollier N., Mijolla S. de et Brassart G., Fouilles à
Charlieu sur l’emplacement de l’église Saint-Fortunat,
Montbrison, 1927.
- Vallery-Radot J., Les analogies des églises de Saint-Fortunat
de Charlieu et d'Anzy-le-Duc - églises bourguignonnes : voutes
d'arêtes, Paris, 1929.
- Virey J., Paray-le-Monial et les Eglises du Brionnais,
Petites monographies des grands édifices de la France, 1926.
- Charlieu, cité historique, Editions Gaud, 1996.
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