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Donzy-le-Pré
Edifice |
Ancienne
priorale Notre-Dame-du-Pré |
Situation |
Hameau
de Donzy-le-Pré, commune de Donzy, 58220 (Nièvre) |
Parties
Romanes |
Narthex
et vestiges de la nef |
Décoration |
Portail
et tympan, frise de rosaces, chapiteaux du narthex et de la
nef |
Datation |
Deuxième
moitié du 11e siècle (nef) et deuxième
quart du 12e siècle (narthex et portail) |
Introduction
- Historique - Description
- Visite
Introduction
L’ancien
prieuré clunisien de Donzy-le-Pré, bien que désaffecté
et réduit à l’état de ruines, est très
intéressant avec son narthex et son merveilleux tympan sculpté
honorant la Vierge. Il se trouve dans un hameau près de la
petite ville de Donzy, importante baronnie dans le nord du
Nivernais. De la nef, de la deuxième
moitié du 11e siècle, ne restent que deux grandes
arcades. Le transept, le chœur et la crypte de l’abbatiale
ont été entièrement détruits et remplacés
par le cimetière actuel. Le narthex, qui fut ajouté
avant le milieu du 12e siècle, est conservé et présente
un bel ensemble roman. Ses trois nefs à deux travées
voûtées d'arêtes, décorées de chapiteaux
intéressants aux décors végétaux de
type corinthien, sont dominées par un clocher gothique d’allure
fortifiée. Le portail du narthex est le joyau de cette ruine
admirable. Au tympan sculpté on trouve une Vierge en Majesté
portant l’enfant Jésus, sous la main divine, entre
deux personnages merveilleusement sculptés : un ange thuriféraire
et le prophète Isaïe. Ce morceau de sculpture romane
de première importance est encadré par des voussures
richement décorées. Dans
le même hameau on trouve le logis de l’ancien prieuré
et plus loin la chapelle Saint-Martin-du-Pré
dont le portail et la nef sont également de style roman.
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Le tympan
du narthex : la Vierge à l'Enfant entre l'ange
thuriféraire et Isaïe |
Historique
Le site de
Donzy-le-Pré, au bord du Nohain, était occupé
par une villa gallo-romaine attestée par des fouilles en
1985. Un lieu de culte très ancien existait ici à
l’emplacement de l’église Saint-Martin
du Pré, autour de laquelle des sarcophages et tombes anciens
ont été trouvés. Une paroisse y est mentionnée
dès 596 dans le règlement de l’évêque
d’Auxerre Saint Aunaire.
On dit que la translation des reliques de Saint Martin d’Auxerre
à Tours y passait au 9e siècle et que l’église
fut détruite par les normands au 10e siècle. Au début
du 11e siècle, la ligne de seigneurs de Donzy commence, et
le bourg fortifié voisin de Donzy-le-Châtel est érigé
comme siège d’une importante baronnie à partir
de 1030. A cette époque, un couvent est attesté à
Donzy-le-Pré, possession du baron Geoffroy Ier,
donné par l’évêque Hugues de Chalon
à l’abbaye Saint-Germain d’Auxerre.
La date de fondation de Notre-Dame-du-Pré reste incertaine
mais on sait que l’église fut donnée à
Cluny en 1055 par Geoffroy de Champallement,
évêque d’Auxerre, sur
demande d’Hervé 1er, baron de Donzy. Cependant
on considère 1107 comme la date de fondation du prieuré
clunisien, par Hervé II, baron de Donzy. La construction
du narthex du prieuré commence après cette date et
vraisemblablement aussi la reconstruction de la paroissiale Saint-Martin
du Pré et la fondation d’une église à
Donzy-le-Châtel. Le prieuré fut enrichi en 1115 par
l’évêque Hugues de Montaigu puis mentionné
en 1119 dans une charte du Roi Louis VI et en 1155 dans
une bulle du pape Adrien IV. En 1170, le château
de Donzy-le-Châtel fut pris au baron Hervé III
et détruit, par le Roi Louis VII et Guy 1er,
Comte de Nevers, incendiant probablement
aussi le prieuré Notre-Dame du Pré. Le pape Urbain
V accorde la restauration du prieuré en 1364. Donzy
fut dévasté, ravagé et saccagé en 1434
par les troupes royales de Charles VII et surtout en 1569
par les Protestants pendant les Guerres de Religion. Le prieuré
de Donzy-le-Pré fut également incendié et en
partie ruiné. Donzy-le-Pré ou Vieux-Donzy est alors
un simple hameau de Donzy-le-Castel, devenu le Donzy principal.
En 1793, la Révolution entame la vente du prieuré
et la désaffection de l’église Saint-Martin,
puisque la paroisse est réunie à celle de Donzy. L’église
Notre-Dame du Pré fut abattue et détruite au début
du 19e siècle. Classée Monument Historique dès
1840, son portail fut muré en 1890 et il faut attendre 1939-1940
pour une restauration importante de la façade et la remise
en état du portail. Le portail est en restauration en 2020
pour des travaux d’urgence ayant pour but la stabilisation
du tympan.
Description
Il reste de
l’église priorale surtout le narthex, avec son portail
et sa tour, ainsi que deux arcades de la nef. Les vestiges de la
nef sont la partie la plus ancienne, remontant à la deuxième
moitié du 11e siècle, soit après la donation
de 1055. Le narthex fut ajouté devant l’église
au deuxième quart du 12e siècle, soit après
la fondation du prieuré de 1107. Sa construction en moyen
appareil à deux travées avec bas-côtés
démontre un style proprement bourguignon et un important
décor sculpté clunisien. Les autres parties de l’église
ont été détruites et se trouvaient à
l’emplacement du cimetière. Le plan
d’origine présentait une nef à deux étages,
probablement voûtée en berceau, deux bas-côtés,
un transept saillant, une abside et deux absidioles. La tradition
rapporte une crypte comblée sous l’ancien chœur,
suivant la pente vers le Nohain, mais son existence n’est
pas confirmée. Les bâtiments du prieuré se trouvaient
au sud de l’église.
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Façade
occidentale du narthex |
Commençons
la description par le fameux portail de la façade
du narthex. Les sculptures datant de 1140-1150 sont le chef-d’œuvre
de l’édifice. On y retrouve une influence clunisienne
et en particulier une comparaison s’impose avec l’art
de La Charité. Le thème
du portail met en gloire la vénération de la Vierge,
encore rare à l’époque et préfigurant
la grande période gothique, thème également
représenté sur un portail roman latéral de
la cathédrale de Bourges.
Le tympan se compose de trois dalles, avec la Vierge
en Majesté entre l’ange thuriféraire à
gauche et le prophète Isaïe à droite. La Vierge,
assise, couronnée et nimbée, porte l’Enfant
Jésus sur ses genoux, qui bénisse et porte un nimbe
crucifère. Elle se trouve sous un dais ou ciborium se composant
d’un arc trilobé supporté par deux colonnettes
au décor de chevrons et de torsades. Des tours évoquant
la Jérusalem céleste surmontent cette scène
et tout en haut la main divine. L’ange thuriféraire
nimbé, peut-être identifié par Gabriel l’ange
de l’Annonciation, déploie largement ses ailes et portait
vraisemblablement un encensoir disparu. Le prophète Isaïe,
beau vieillard également nimbé, porte un rouleau de
parchemin ou phylactère et une palme. L’ensemble porte
des traces de peintures et des trous attestent l’utilisation
de verre coloré pour les yeux. Deux voussures
toriques richement ornées d’alvéoles et de fleurettes
ainsi que plusieurs rangs de perles entourent le tympan. L’archivolte
extérieure présente un cordon de palmettes. Les colonnes
et chapiteaux du portail ont disparu tandis que le linteau a été
refait pendant la restauration de 1939. La façade se couronne
en haut, enfin, d’une frise de rosaces et
d’une corniche à damiers très dégradée.
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Portail |
Tympan |
Tympan |
Ange thuriféraire |
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La Vierge en Majesté |
Vierge et
Enfant |
Prophète
Isaïe |
Tête
d'Isaïe |
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Voussures |
Voussures |
Frise et corniche |
Frise de rosaces
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L’extérieur
du narthex présente une façade à division tripartite
et des murs latéraux démontrant deux travées.
Deux baies romanes dans la façade et une autre dans le mur
nord sont décorées de perles. Le narthex est dominé
par la masse de la tour-clocher surmontant la première travée
nord. Ses parties hautes datent du 13e siècle avec arcs brisés,
arcatures trilobées, colonnettes et têtes humaines
dans le style gothique primitif. Le chemin de ronde et les lourds
contreforts lui donnent son caractère fortifié. Au
pied de la tour, un portail latéral refait au 16e siècle
présente un linteau Renaissance, sous une corniche romane
à damiers. Une cuve baptismale octogonale ancienne a été
déposé devant ce portail dans le cimetière.
En face de la tour, du côté sud de la façade,
on peut remarquer l’amorce d’une deuxième tour
disparue. Du côté est, sur le cimetière, le
narthex est ouvert et percé de trois arcades brisées.
Ici on trouve les vestiges de la nef, située
plus haut que le narthex, avec les arrachements au nord et au sud,
et deux grandes arcades du côté sud. Les arcades sont
en plein cintre à double rouleau, voir même à
triple rouleau du côté du bas-côté disparu.
Les piliers carrés sont flanqués de trois colonnes
engagées et d’un pilastre du côté du bas-côté.
Au-dessus des arcades, le mur présente les amorces de fenêtres
hautes et de voûtes gothiques qui avaient remplacé
les voûtes d’origine.
Extérieur
de l'édifice :
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Ensemble |
Nef et tour |
Face nord |
Nef et narthex |
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Arcades
de la nef |
Piliers
de la nef |
Tour-clocher |
Baie romane |
L’intérieur
du narthex est voûté d’arêtes sur doubleaux
brisés à double rouleau pour sa nef centrale comme
pour les bas-côtés. Les grandes arcades brisées
séparant la nef centrale et les bas-côtés un
peu plus bas sont également à double rouleau. Les
arcs sont supportés par deux piliers carrés à
colonnes engagées et par les colonnes engagées des
murs latéraux. La voûte de la travée sous la
tour a été détruite et on peut y voir les vestiges
de deux niveaux de voûtes d’ogives sur culots indiquant
le 15e siècle.
Intérieur
du narthex :
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Voûtes |
Arcades |
Arcades |
Première
travée |
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Bas-côté |
Bas-côté |
Pilier |
Intérieur
de la tour |
Les chapiteaux
du narthex présentent un bel ensemble de décors végétaux.
Il y a quatorze chapiteaux surmontant les colonnes engagées
des piliers et des murs latéraux. La qualité de la
sculpture, surtout du côté nord, rivalise avec les
meilleurs ensembles bourguignons du 12e siècle. Le thème
des chapiteaux reprend des variations du type corinthien avec acanthes,
palmettes, pommes de pin, entrelacs et fleurs. Les arcades de la
nef conservent quelques chapiteaux plus anciens, très simples
et aux angles abattus, avec à l’est un chapiteau avec
de beaux demi-palmettes. Remarquons enfin les nombreuses marques
de tailleurs de pierre sur les murs de l’édifice dont
certaines sont les mêmes que celles de La
Charité.
Chapiteaux du
narthex et de la nef :
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Entrelacs |
Acanthes |
Pommes
de pin |
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Feuillages |
Demi-palmettes |
Chapiteau de
la nef |
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Des bâtiments
conventuels flanquant l’église il reste l’ancien
Logis du prieur, ensemble du 15e ou 16e siècle,
avec baie Renaissance et pignons à pinacles. Le cloitre et
les autres bâtiments ont disparu.
A
voir aussi à
Donzy :
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Visite
Le narthex
est actuellement inaccessible. La visite se fait par le cimetière.
Pour en savoir
plus sur Donzy, vous pouvez visiter les sites Internet suivants
:
Site Donzy
et le Donziais: http://www.officetourismedonziais.com/.
Site de la mairie : https://www.mairie-donzy.fr/.
Page romanes.com: http://www.romanes.com/Donzy-le-Pre/.
Page art-roman.net : http://www.art-roman.net/donzy/donzy.htm.
Page Bourgogne médiévale : http://bourgognemedievale.com/departement-et-pays/nievre/bourgogne-nivernaise/donzy/.
Page atlas roman : https://atlas-roman.blogspot.com/2014/11/donzy-le-pre-eglise-notre-dame-du-pre-58.html.
Page de blog sur le prieuré : http://veaugues.over-blog.com/article-le-prieure-de-donzy-le-pre-53558152.html.
Page web-croqueur : http://www.web-croqueur.fr/abbaye-notre-dame-de-donzy-le-pre/.
Page terres et seigneurs en Donziais : http://www.terres-et-seigneurs-en-donziais.fr/?p=1853.
Page cahiers du Val de Bargis : http://cahiersduvaldebargis.free.fr/donzylepre.htm.
Page de photos Flickr : https://www.flickr.com/photos/roger_joseph/collections/72157609735238617/.
Page monestirs : https://www.monestirs.cat/monst/annex/fran/borg/cDonzy.htm.
Vous pouvez
également consulter les références suivantes
:
- Anfray M.,
L'architecture religieuse du Nivernais au Moyen Age: les églises
romanes, Paris, 1951.
- Bourgeois G., Donzy-le-Pré.
- Crosnier A.-J., Tableau chronologique synoptique de l'histoire
du Nivernais et du Donziois.
- Dupont J., Nivernais-Bourbonnais Roman, Zodiaque, 1976.
- Nocet M., Donzy et le Donziais, 1928.
- Paley C., Notre-Dame de Donzy-le-Pré, Revue du
Centre, 1931.
- Salet F., L'église de Donzy-le-Pré, 1961.
- Sapin C., Arnaud C. et Berry W., Bourgogne Romane, Dijon,
2006.
- Soultrait
G. De, Répertoire archéologique de la Nièvre,
Paris, 1875.
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