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Châtel-Censoir
Edifice |
Eglise
Saint-Potentien, ancienne collégiale |
Situation |
Centre
bourg, promontoire du château, 89660 (Yonne) |
Parties
Romanes |
Chœur
et crypte |
Décoration |
Chapiteaux
du chœur, relief à arcatures |
Datation |
Deuxième
moitié
du 11e siècle |
Introduction
- Historique - Description
- Visite
Introduction
La collégiale
de Châtel-Censoir, occupant pittoresquement son promontoire
fortifié dominant la vallée de l’Yonne, mérite
une visite pour son chœur de style roman primitif et ses chapiteaux
sculptés. L’histoire complexe du bourg témoigne
de sa place au centre de la Bourgogne : situé dans le diocèse
d’Autun, il était attaché
au Nivernais comme châtellenie de Donzy,
tandis que le chapitre appartenait à l’évêque
d’Auxerre. La vocation de son église
à travers le temps était à la fois castrale,
abbatiale, collégiale et paroissiale. Elle se trouve entourée
par les
vestiges de son château, les remparts et sa poterne, et par
les anciens bâtiments du chapitre. Cet édifice remarquable
se compose de deux parties très différentes : la haute
nef lumineuse du 16e siècle s’oppose au merveilleux
chœur roman du 11e siècle, qui surmonte une crypte à
trois nefs de la même époque. C’est surtout le
chœur à bas-côtés qui retient les amateurs
de l’art roman par son architecture aux lourdes arcades, ses
hautes voûtes, ses baies à colonnettes et ses absidioles
curieusement empâtées dans des chevets plats de l’extérieur.
Le tout est décoré par des chapiteaux dotés
de sculptures archaïques d’un grand intérêt,
aux animaux fantastiques, éléments végétaux
et motifs géométriques. Ils occupent une place spéciale
dans la sculpture romane bourguignonne du 11e siècle et peuvent
être comparés aux chapiteaux de Lucy-sur-Yonne,
tout proche, et ceux de la crypte de la Cathédrale d’Auxerre.
Une salle capitulaire, une sacristie et un riche mobilier achèvent
de classer cette église parmi les plus intéressantes
de l’Yonne.
Historique
Le promontoire
de Châtel-Censoir était déjà un oppidum
gallo-romain avec un sanctuaire dédié à Mercure.
Selon la tradition, l’église occupe le site de ce temple
païen. Castrum Censorium tire son nom de Saint-Censure,
évêque d’Auxerre à
la fin du 5e siècle et fondateur du château, qu’il
cède à ses successeurs. Il est probable qu’un
lieu de culte existait depuis le 5e siècle au sommet, à
côté du château puissant, faisant office de chapelle
castrale. Le château relevait des évêques d’Auxerre
et ses titulaires furent successivement les sires de Vergy,
les barons de Donzy puis les comtes de Nevers.
Une abbaye bénédictine s’y installe dans le
haut moyen avec des moines venus de Poitiers. Un
chapitre de chanoines réguliers sous l’autorité
de l’évêque d’Auxerre
est installé par les seigneurs de Vergy au 9e siècle
et subsistera jusqu’à la Révolution. C’est
alors au 9e siècle que l’église devient collégiale
et qu’elle est dédiée à Saint-Potentien.
C’est probablement pendant la deuxième moitié
du 11e siècle que l’église romane est construite,
dont il reste le chœur et la crypte. La crypte conservait les
reliques de Saint-Potentien, arrivées définitivement
en 1168 depuis Lucy-sur-Yonne : elles ont
fait l’objet d’importants pèlerinages jusqu’à
la Révolution. Le château fut détruit en 1157
par Guillaume III, comte de Nevers.
La nef romane de l’église a subi des reconstructions
au 13e siècle. Elle est sévèrement incendiée
en 1448 et en 1470, la reconstruction définitive dans le
style Renaissance n’est effectuée qu’au 16e siècle.
Un siège en 1587 emporte des destructions à l’enceinte
et aux bâtiments du chapitre. Dans l’église,
un cloture séparait la nef de la paroisse avec le chœur
du chapitre jusqu’à sa destruction en 1757. Il
existait un petit clocheton sur le chœur de l’église
qui fut détruit en 1802. L’entrée de la crypte
a été réamenagée vers 1900, auparavant
le crypte était complètement séparée
du vaisseau intérieur. L’église devenue paroissiale
est classée Monument Historique en 1908.
Description
Le plan
de l’église présente une nef de transition gothique-Renaissance
de quatre travées et un chœur roman à trois travées
avec abside et absidioles. Ce chœur est construit en moyen
appareil et orienté vers le nord, ce qui est rare, probablement
à cause de sa situation sur le promontoire du château.
Le chœur et la crypte qu’elle surmonte semblent dater
de la deuxième moitié du 11e siècle, soit après
l’achèvement de la crypte de la cathédrale d’Auxerre
avec laquelle ils présentent des similitudes, sans pouvoir
les dater plus précisément. Remarquons que les auteurs
du 19e siècle leur attribuaient une datation beaucoup plus
haute ce qui semble aujourd’hui peu réaliste. Le plan
d’origine, avant la reconstruction de la nef au 16e siècle,
présentait probablement une nef un peu plus courte avec bas-côtés
mais sans transept. Un
bâtiment flanquant le chœur du côté est
abrite la sacristie et la salle capitulaire qui remontent à
la fin du 12e siècle ou au 13e siècle. Autrefois,
l’église était encore entourée par les
demeures des chanoines, un dortoir, un réfectoire et un cellier.
De l’extérieur,
l’église est imposante. La grande nef est dotée
de baies de style renaissance et de deux portails richement décorés
du 16e siècle avec avec séraphins, colonnettes, dais
et frontons. La façade est flanquée d’un haut
clocher de la deuxième moitié du même siècle.
La partie romane se remarque par ses deux rangées de baies
romanes de la crypte, étroites, et du chœur, assez larges
avec des arcs taillés de beaux claveaux. Le chevet
est très curieux : il est construit sur deux étages,
l’abside centrale avec deux contreforts fait à peine
saillie et les absidioles ont un chevet plat.
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Abside |
Baie de la
crypte |
Mur du chœur |
Baie du chœur |
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Clocher |
Façade |
Portail central |
Portail latéral |
Commençons
la visite intérieure par la crypte,
située sous le chœur, dont l’architecture
est pure et simple. Elle se compose de trois nefs à deux
travées, suivies par une abside et deux absidioles en cul-de-four.
La nef centrale est voûtée en berceau sur doubleaux
et communique avec les bas-côtés voûtées
d’arêtes sur doubleaux par des arcades aux impostes
simples, sans chapiteaux. La crypte est éclairée au
chevet et du côté latéral ouest par des simples
baies romanes. Sur le cul-de-four de l’abside on trouve les
traces d’une fresque de la couronnement de
la Vierge, avec sceptre en forme de croix et ornements divers, probablement
du 13e siècle. L ’accès à la crypte depuis
la première travée du chœur et le mur communiquant
avec la nef par une fenestrella ont été amenagés
tardivement.
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Abside |
Absidiole gauche |
Absidiole droite |
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Arcades |
Nef centrale |
Escalier |
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Le beau chœur
de trois travées, surmontant la crypte et sensiblement de
la même époque, est de style roman primitif. Il est
voûté en berceau sur deux arcs doubleaux en plein cintre,
sur lequel on remarque une peinture du 18e siècle des Evangélistes.
La première travée nettement plus profonde est celle
des escaliers montant dans le chœur et descendant dans la crypte,
elle a été revoûtée en ogive, on y voit
encore les doubleaux de profil brisé, vestiges des reconstructions
du 13e siècle. Les bas-côtés
du chœur sont d’un style roman très pur, les voûtes
d’arêtes des trois travées reposent sur des doubleaux
en plein cintre. Les grandes arcades en plein cintre qui font communiquer
le chœur et les bas-côtés prennent appui sur des
piliers carrées aux colonnes engagées. Ces piliers
sont flanqués dans la dernière travée de colonnettes
jumelles aux bases moulurées, chapiteaux et larges tailloirs.
Cet ensemble est suivi par la grande abside centrale
en cul-de-four avec deux colonnes à chapiteaux et par deux
petites absidioles, qui sont, comme tous les murs
du chœur, percées de baies romanes encadrés de
tores surbaissés et de deux colonnettes à chapiteaux
d’un très bel effet. Le mur latéral ouest du
chœur englobe une tourelle rectangulaire, dans un large contrefort,
avec porte murée. La haute nef du 16e siècle,
ensemble d’un style contrastant avec le chœur roman,
présente des fenêtres hautes et des voûtes complexes
supportées par des piliers aux bases romanes déterrées.
Le mobilier comprend des reliefs sculptés gothiques et, dans
l’entrée gauche de la crypte, un relief
roman polychrome avec arcatures à colonnettes.
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Nef |
Chœur
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Voûtes |
Arcade |
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Bas-côté
droit |
Bas-côté
droit |
Bas-côté
gauche |
Bas-côté
gauche |
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Pilier |
Baie à
colonnettes |
Baie d'absidiole |
Relief avec
arcatures |
Les chapiteaux
du chœur constituent un ensemble rare et remarquable de la
sculpture de la deuxième moitié du 11e siècle.
Les sculptures les plus intéressantes sont les grands chapiteaux
à trois régistres dans les bas-côtés.
Dans le bas-côté nord on trouve deux chapiteaux sculptés
d’animaux affrontés, peut-être des éléphants
et des lions, surmontant deux régistres de décors
végétaux. Sur une face latérale, un monstre
fabuleux se morde la queue. Deux autres chapiteaux présentent
des riches décors végétaux : palmettes, entrelacs,
rinceaux et feuilles d’acanthe. Deux tailloirs en sont décorés
de perles et de motifs géométriques. Les chapiteaux
du bas-côté sud sont en partie épannelés
et inachevés ; sur un chapiteau partiellement sculpté
on y remarque un aigle avec perles et rinceaux. Les chapiteaux à
l’entrée de l’abside sont sculptés de
décors végétaux aux fleurons. Très intéressants
aussi sont les 26 petits chapiteaux qui surmontent les colonettes
qui encadrent les baies et les colonnettes du chœur. On y trouve
un riche décor végétal très varié,
ainsi que deux lions affrontés et une personnage avec un
animal. Beaucoup d’autres chapiteaux ont été
refait au 16e siècle et sont taillés de simples cannelures.
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Animaux
affrontés |
Animaux affrontés
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Fauve ou éléphant |
Monstre se
mordant la queue |
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Décor
végétal |
Aigle |
Décor
végétal |
Angle sculpté |
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Fleuron dans l'abside |
Chapiteaux
de colonnettes |
Personnage |
Lions affrontés |
Contre le côté
droit du chœur se trouve un bâtiment qui appartenait
aux chanoines, ajouté après la construction de l’église,
à la fin du 12e siècle ou plûtot au 13e siècle,
au dessus de caves situées au niveau de la crypte. La sacristie
d'une travée donne sur la salle capitulaire
de trois travées, toutes voûtées en ogives.
Cette salle est dotée de colonnettes avec chapiteaux à
crochets et une tête sculptée. On y conserve un autel
du 12e siècle, de carreaux émaillés du 13e
siècle et quelques autres objets d’art.
La salle capitulaire
:
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Salle voûtée |
Chapiteau et tête |
Chapiteaux |
Carreaux émaillés |
Le promontoire
fortifié autour de l’église était occupé
par le château et par les bâtiments du chapitre. Le
château avec son donjon situé sur
la pointe nord a été détruit. Son enceinte
est conservée en partie avec sa porte d’entrée
du 16e siècle, une tour ronde et deux petites poternes. La
maison du chapitre située sur les remparts,
abritant à l’origine la salle capitulaire puis la grange
des dimes, remonte au 15e ou 16e siècle avec des fenêtres
à meneaux. Les habitations entourant l’église,
remaniées, étaient les maisons des chanoines. Plus
bas dans le village, dans la rue Champion, existent les vestiges
de l'ancien château de Saint-Censure ou “château
d’en bas” : une cave probablement du 12e siècle
aux voûtes d’arêtes et pilier central y est conservée
sous une maison privée.
Vestiges du château
et du chapitre :
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Porte
du château |
Poterne est |
Bâtiment
du chapitre |
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Visite
L'église
est ouverte régulièrement. La salle capitulaire et
le sacristie ne se visitent pas.
Pour en savoir
plus sur Châtel-Censoir, vous pouvez visiter les sites suivants
:
Site du village
: http://www.chatel-censoir.fr/.
Page Bourgogne médiévale : http://bourgognemedievale.com/departement-et-pays/yonne/pays-avallonnais/chatel-censoir/.
Page atlas roman : https://atlas-roman.blogspot.com/2020/09/chatel-censoir-eglise-saint-potentien-89.html
Page photos églises : https://photos-eglises.fr/Bourgogne/89/ChatelC/chatel.htm.
Page wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-Potentien_de_Ch%C3%A2tel-Censoir.
Page petit patrimoine : http://www.petit-patrimoine.com/fiche-petit-patrimoine.php?id_pp=89091_1.
Page vogage art roman : http://vogage-roman-art.blogspot.nl/2013/08/saint-potentien-de-chatel-censoir.html.
Page la france des clochers : http://lafrancedesclochers.clicforum.com/t299-Chatel-Censoir-89660.htm.
Page de blog : http://prettypoun.centerblog.net/6588241-collegiale-saint-potentien-de-chatel-censoir-yonne.
Page art roman France : https://sites.google.com/site/artromanfrance/bourgogne/chatel-censoir-saint-potentien.
Aussi, vous
pouvez consulter les ouvrages suivants:
- Amé
E., Description archéologique de l'église de Châtel-Censoir,
1855.
- Delasselle C., Les églises romanes de l’Yonne,
Auxerre, 2003.
- Hohl C., Eglises romanes de l’Yonne, Auxerre, 1978.
- Moreau A., Eglises de l’Yonne, Nouvelles Editions
Latines.
- Oursel R., Bourgogne Romane, Zodiaque, La Nuit des temps
1, 1968.
- Pallier E., Recherches sur l'histoire de Châtel-Censoir,
1880.
- Quantin M., Répertoire Historique du département
de l’Yonne, 1868.
- Sapin C., Arnaud C. et Berry W., Bourgogne Romane, Dijon,
2006.
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