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Varenne-l'Arconce

 

Edifice
Eglise Saint-Pierre-aux-Liens, ancienne priorale
Situation
Centre village, 71110 (Saône-et-Loire)
Parties Romanes
Entièrement : nefs, transept, clocher, chœur et abside
Décoration Tympan du portail sud, chapiteaux intéressants, arcatures, modillons, Christ en bois
Datation
Début du 12e siècle, vers 1120-1135

 

 

Introduction - Historique - Description - Visite

 

Introduction

Chapiteau : animaux affrontésCe tout petit village dominant une colline du bocage de l’Arconce conserve une église romane qui se trouve parmi les plus importantes de cette magnifique région qu’est le Brionnais. Il s’agit d’un ancien prieuré clunisien du 11e siècle dont on peut présumer que la construction de l'église se poursuivit assez rapidement au début du siècle suivant, vers 1120. Son architecture nous montre les principes brionnais : nef sans éclairage direct à bas-côtés, comme à Iguerande ou à Saint-Germain-en-Brionnais ; transept saillant surmonté par un clocher très imposant décoré de colonnettes, comme à Vareilles ou à Saint-Laurent-en-Brionnais ; abside à arcatures. Le profil brisé des arcs et les pilastres cannelés sont des éléments marquant l'influence de Cluny. Robuste et trapue, l'église offre une façade d’une ordonnance monumentale parfaite, l'une des plus belles de la région. La pierre en grès dur utilisée pour cette église romane ne se prête pas pour les sculptures historiées comme celles d’Anzy ou de Saint-Julien-de-Jonzy. Cependant on trouve dans l’édifice une trentaine de chapiteaux intéressants et un portail latéral sculpté d’un Agneau Pascal très réussi. L’église d’un art roman très pur et d’une simplicité appréciable est malheureusement en mauvais état et a besoin d’une restauration.

 

Extérieur de l'église

 

Historique

La paroisse de Varenne, très ancienne, pourrait remonter à l'époque gallo-romaine ou mérovingienne. Mentionnée en 976, son église était dédiée à la Vierge et à saint Pierre. Après une donation de terres à Cluny par Artaud de Briant et sa sœur Eldeburge, un prieuré bénédictin est fondé à cet endroit en 1045 par l'abbé clunisien Odilon. Ce prieuré est rattaché à l’important prieuré clunisien de Marcigny en 1094 sous l'abbatiat de Hugues de Semur. Réduit alors au rang de doyenné, il est probable que le site ait été transformé en prieuré à nouveau vers 1120, ce qui aurait directement entamé la construction de l’église. Le prieuré était également le siège d’une paroisse et d’un doyenné du diocèse d’Autun. Le monastère a été fortifié au 14e siècle, lorsque le Brionnais eut été ravagé par les troupes du prince de Galles. Au 16e siècle, les bâtiments du prieuré sont détruits pendant les guerres de religion. L’église devient alors paroissiale. Plusieurs restaurations sont entamées au 19e siècle : consolidation du clocher en 1837, travaux de 1874 à 1876, puis des restaurations importantes guidées par l’architecte Paul Selmersheim à partir de 1880 affectant le clocher, les soubassements et les couvertures. L’église est classée Monument Historique en 1889. D’autres restaurations datent de 1966, 1972 et 1996. Une Association de Sauvegarde de l’Eglise veille sur l’édifice qui est toujours en mauvais état.

Intérieur de l'église

 

Description

L’église romane est restée entièrement intact. Elle est construite en grès dur, difficile à travailler, utilisant un moyen appareil. Longtemps daté peu après 1100, l’édifice remonte probablement aux années 1120-1135. Elle montre un plan cruciforme très simple. Une nef de trois travées flanquées de bas-côtés et un transept saillant précèdent une travée de chœur et une abside. Il n’y pas de chapelles ou d’absidioles à côté du chœur, comme c'est l’habitude en Bourgogne. La sacristie flanquant le croisillon nord est moderne. Il ne reste rien du cloître de l’ancien prieuré qui se trouvait au flanc sud de l’église.

Commençons la description par la belle façade ouest. La partie centrale, magnifiquement composée, est construite en avant-corps et divisée en trois parties par des corniches horizontales. Son grand portail possède un tympan nu entouré par quatre voussures moulurées et par une archivolte extérieure décorée de billettes. Quatre colonnes sont surmontées de chapiteaux sculptés de feuillages et, à gauche, de rosaces décoratives. Les corbeaux du portail, aux tailloirs décorés de feuilles, sont sculptés de deux atlantes grotesques, celui de droite a la barbe tiré. Au-dessus du portail, cette façade est occupée par un fronton central où une baie à voussure torsadée s’inscrit entre deux pilastres cannelés, de minces colonnettes et doubles arcatures. En haut, le pignon est percé d’une petite baie qui éclaire les combles. Plus sobres, les parties latérales de cette façade sont flanquées de contreforts et ouvertes par des baies au décor de perles et d’oves.

 

La façade :
Vue générale
Façade
Fronton
Baie
Portail
Chapiteaux
Corbeau
Corbeau

De l’extérieur on remarque ensuite les murs sobres de la nef, les pignons du transept et le chevet bien composé. Leurs modillons sont sculptés de têtes, d’animaux et de motifs géométriques. Le beau clocher surmonte la croisée du transept. Quadrangulaire et imposant, le beffroi se compose deux étages ajourés par des baies à doubles voussures décorées, colonnettes et chapiteaux. Ces baies, géminées au niveau supérieur, sont encadrées très joliment par des demi-colonnes verticales et par des bandeaux horizontaux, décor typique des clochers du Brionnais. Un troisième étage défensif avec crénelures, ajouté au 14e siècle, a été détruit vers 1880, quand le clocher a été restauré. La tourelle au sud-est fut ajoutée à cette époque. Admirons ensuite le petit portail sud de la nef. Son tympan est sculpté d’un Agneau mystique devant une croix nimbée et encadré par cinq fleurons en cercles et par un petit linteau avec bande d’écailles. Cet élément sculptural intéressant témoigne de l’affiliation à Cluny.

 

Extérieur :
 
Chevet
Clocher
Baies du clocher
 
 
Portail sud
Modillons
Modillons
 

 

Agneau mystique du portail latéral

 

A l’intérieur, l’élévation compte un seul étage et tous les arcs sont brisés. La nef centrale de trois travées est voûtée d’un berceau brisé sur doubleaux à double rouleau, reposant sans étage intermédiaire sur les grandes arcades à double rouleau. Ces arcades, communiquant avec les collatéraux voûtés d’arêtes sur doubleaux et pilastres, sont supportées par des piliers cruciformes flanqués sur trois faces de colonnes engagées. La lumière provient des fenêtres des bas-côtés et de la façade ouest. Remarquons les doubles arcatures qui se poursuivent du côté intérieur de la façade, répondant à l’ordonnance extérieure. On retrouve les piliers cruciformes et les arcs brisés au transept qui déborde en largeur la nef. La croisée est voûtée d’une belle coupole sur trompes, percée de deux oculi. Les croisillons sont voûtés en berceau brisé. La partie orientale de l’église se compose d’une simple travée de chœur voûté d’arête et d’une abside en cul-de-four. Trois baies s’englobent dans cinq arcatures dont les colonnettes à chapiteaux sont prolongées par des pilastres cannelés jusqu’au niveau d’une corniche moulurée.

 

L'intérieur de l'église :
Nef vers l'est
Nef vers l'ouest
Elévation
Arcatures
Bas-côté nord
Bas-côté sud
Coupole
Transept
Chœur
Abside
Arcatures
Cuve baptismale

La sculpture des chapiteaux mérite votre attention ensuite. Sur les piliers et colonnes de la nef et de la croisée on trouve 24 beaux chapiteaux, à décor végétal ou animal : des têtes de personnages et d’animaux se font face aux feuillages stylisés. Le style sobre et fruste rappelle quelques sculptures de Bois-Sainte-Marie, d’Iguerande ou de Gourdon. Dans le bas-côté sud, remarquons un chapiteau à trois têtes animalières, et dans le bas-côté nord, un couple de lions affrontés, un vase sacré et deux aigles, thème habituel des sculpteurs du Brionnais. Dans les parties hautes de la nef, côté sud, un masque tirant la langue est encadré de feuilles d’acanthe. Dans la croisée du transept, les chapiteaux à la même hauteur représentent deux bêtes, un griffon ailé, un sagittaire (ou centaure) à côté d’une tête de singe, et deux oiseaux. D’autres chapiteaux sont sculptés de feuilles, de coquilles et de végétation variée. Ces scènes sont parfois surmontées de tailloirs décorés de rangs de pastilles. Les chapiteaux de l’abside, plus simples, sont sculptés de feuillages.

 

Chapiteaux sculptés :
Têtes
Lions
Aigles
Masque
Bêtes
Griffon
Sagittaire
Oiseaux
Coquilles
Vase sacré
Feuillage
Feuillage
Feuillage
Feuillage
Feuillage
Abside

Avant quitter l’église, en route pour le village suivant, vous pouvez admirer encore des vestiges de fresques du 13e siècle dans le transept, la cuve baptismale ancienne, les statues du 16e siècle et surtout le Christ en croix roman dans le croisillon sud. Edifié en bois polychrome, c’est une crucifixion originale, dont la tête a été modifiée. Remontant au début du 13e siècle, ou peut-être même au 12e siècle, c’est la plus ancienne statue de ce type en Bourgogne.

 

Le Christ roman en bois

 

 

Visite

L’église de Varenne-l’Arconce se visite toute l’année.

Pour en savoir plus, vous pouvez visiter :

Page sur le site Notes Romanes : http://notes.romanes.free.fr/images/brionnais/varenne/photos.htm.
Série de photos sur romanes.com : http://www.romanes.com/Varenne-l-Arconce/.
Page Sites Clunisiens : http://www.sitesclunisiens.org/article.php?sid=205.
Page Lieux Sacrés : http://lieuxsacres.canalblog.com/archives/2012/10/18/25364845.html.
Page Via Lucis : http://vialucispress.wordpress.com/2014/01/15/the-church-of-saint-peter-in-chains-dennis-aubrey/.

Remerciements : les photos de la page sont en partie de Cees van Halderen.

 

Vous pouvez également consulter les références suivantes :

- Bertoni-Cren N., La sculpture sur bois polychrome des XIe – XIIe siècles en Bourgogne, Université de Dijon, 2013.
- Hammann M., Die Burgundische Prioratkirche von Anzy-le-Duc und die romanischen plastik im Brionnais, Wurzburg, 1998.
- Nicolas H., Eglises Romanes du Brionnais, La Taillanderie, 2000.
- Oursel R., Les Eglises Romanes de l’Autunois et du Brionnais, Cluny et sa région, Protat, 1956.
- Sapin C., Arnaud C. et Berry W., Bourgogne Romane, Dijon, 2006.
- Schneiter L., Le Brionnais, Eglises Romanes, 1967.
- Thiollier F., L’Art Roman à Charlieu et en Brionnais, Montbrison, 1892.
- Virey J., Paray-le-Monial et les Eglises du Brionnais, Petites monographies des grands édifices de la France, 1926.
- Virey J., L'église de Varenne-l'Arconce, Congrès archéologique de France, 1935.
- Collectif, Paray-le Monial, Brionnais-Charolais, Le renouveau des études romanes, IIe colloque scientifique international de Paray-le-Monial, 2000.
- Les Chemins du Roman, Guide des 30 Eglises romanes du Brionnais, par le C.E.P.

 

Le portail sud

 


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