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Introduction - Historique - Description - Visite
Le village de Sacy, situé entre les collines non loin de Vermenton, présente une église très intéressante, mariant une nef de style roman bourguignon du milieu du 12e siècle avec un chœur gothique du siècle suivant. La nef romane est la seule dans le diocèse d’Auxerre qui soit entièrement voûtée d’arêtes, parmi les plus remarquables de l'Yonne et directement inspirée par Vézelay. Elle fait partie du groupe Avallonais de ce type de construction issue du Brionnais, comme Avallon et Pontaubert. Cependant, les différences avec la basilique de Vézelay sont évidentes : à Sacy, le profil des arcs est brisé, les piliers sont de section carrée au lieu de cruciforme, les bandeaux horizontaux sont absents et les voûtes d’arêtes sont construites de façon dite cupuliforme, comme à Avallon. La nef est très restaurée et ses fenêtres hautes sont aujourd'hui murées, mais l’ensemble est d'un grand équilibre, rappelant plus directement les églises de la Bourgogne du Sud que celles de l'Avallonnais. Elle est suivie par la travée de l’ancien chœur roman qui est voûté en berceau brisé. La travée est surmontée d’un clocher roman octogonal à baies géminées, rare dans l’Yonne. Les chapiteaux romans de la nef sont sobrement sculptés de feuilles et de têtes. Le transept et le chœur à chapelles latérales sont d'un art gothique primitif excellent. Les deux parties distinctes, romane et gothique, forment un ensemble tout à fait remarquable.
Sacy fut mentionné au 7e siècle quand la reine Ingonde y donna des terres à l’abbaye Saint-Germain d’Auxerre. L’époque de fondation de l’église paroissiale, placée sous le patronage de l’évêque d’Auxerre qui était le seigneur du village, reste incertaine. L’édifice roman actuel fut commencé vers le milieu du 12e siècle. La présence des frères Hospitaliers à Sacy est attestée en 1190. En 1235, l’évêque autorise l’accès à l’église paroissiale aux Hospitaliers qui possédaient alors leur propre commanderie de l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem. On peut placer la reconstruction du chœur en style gothique au milieu du 13e siècle dans ce mouvement. L’église fut restaurée au 19e siècle, notamment avec la réfection des parties hautes de la nef en 1864. L’église fut classée Monument Historique en 1930 et sa dernière restauration date de 2003.
Le plan de l’église présente deux parties distinctes : un ensemble roman comprenant la nef et ses bas-côtés de quatre travées ainsi que la travée de l’ancien chœur sous le clocher, puis un ensemble gothique comprenant le transept saillant et le chœur à chevet plat entre deux chapelles rectangulaires. La partie romane fut probablement commencée par la nef vers 1150 et complétée par le chœur et le clocher vers 1170-1180. Le portail ouest pourrait conserver quelques éléments en réemploi d’un état roman antérieur. L’église romane ne possédait pas de véritable transept et c’est probable que la travée du clocher fonctionnait comme chœur et s’ouvrait directement sur trois absides, remplacées au milieu du 13e siècle par le nouveau transept-chœur en style gothique primitif.
L’extérieur
de l’église est surtout remarquable pour le clocher
octogonal central, placé sur la travée de l’ancien
chœur roman, alors devant le transept gothique. Il se compose
de deux étages, dont le premier ne présente qu’une
simple arcature aveugle sur deux faces, et le deuxième présente
des baies géminées avec colonnettes sur sept de ses
faces. Le décor des chapiteaux à crochets, des deux
cordons avec frises aux pointes de diamant et de la corniche à
modillons sculptés permet une datation assez tardive dans
le 12e siècle. L’extérieur de la nef, aux corniches
à modillons nus, ne présente plus son aspect d’origine,
avec les toitures surélevées et les baies remaniées
des bas-côtés. La façade ouest, également
remaniée, présente un portail occidental
roman dont l’escalier est perdu, avec deux colonnes et une
voussure dans une archivolte au décor de revers d’eau.
Les bases aux moulures torsadées et les chapiteaux aux feuillages
stylisés sont d’un aspect qui paraît plus archaïque
que le décor de la nef. Le portail sud de la nef, ou porte
des épousailles, est d’époque gothique avec
ses colonnes. Il est actuellement muré et l’accès
à l’église se fait par un petit portail latéral
sans caractère au niveau du clocher. Le transept gothique
présente des hauts pignons dont celui au nord est flanqué
par une tourelle. Le chœur gothique présente un chevet
plat avec triplet de baies et flanqué au sud par une sacristie
moderne.
L’intérieur de l’église est d’un bel équilibre, la nef romane obscure contrastant avec le chœur gothique lumineux. Dans la nef on peut facilement reconnaître l’élévation à deux étages malgré les remaniements du 19e siècle. Les grandes arcades brisées à double rouleau reposent sur des piliers carrés cantonnées de colonnes engagées sur trois faces et d’un simple pilastre du côté des bas-côtés. Les fenêtres hautes ont disparu, à l’exception de la première travée, où elles ont été murées. Des voûtes d’arêtes sur doubleaux brisés couvrent les travées, mais seulement celle de la première travée est encore d’origine, avec sa forme dite cupuliforme. Les bas-côtés de la nef sont voûtés d’arêtes sur doubleaux brisés qui retombent sur des pilastres à impostes. La travée de l’ancien chœur, plus basse que la nef, est voûtée en berceau brisé sur doubleaux brisés à double rouleau, qui retombent sur des colonnes engagées. Des arcades brisées étroites s’ouvrent dans des massifs maçonnés sur les bas-côtés. Ceux-ci ont été reconstruits au 13e siècle et font partie des parties gothiques orientales dont l’architecture est d’une qualité remarquable avec les ogives sur colonnettes, les baies-lancettes et les chapiteaux au décor végétal avec crochets. Le transept conserve quelques fresques gothiques dont un apôtre dans un médaillon.
Les chapiteaux romans des piliers et parties hautes de la nef ont reçu un décor végétal simple. Leur style roman tardif, attribué à la deuxième moitié du 12e siècle, peut être rapproché aux chapiteaux de Bazarnes et d’Escolives. Au nombre de 26, les chapiteaux sont sculptés de feuilles d’eau plates, parfois avec crosses, volutes ou perles. Seulement deux chapiteaux, situés au revers de la façade occidentale, sont sculptés de têtes d’hommes et d’animaux. Les bases de colonnes de la nef, de type attique, sont composées de deux tores, avec quelques décorations dans les dernières travées. Le mobilier comprend deux statues gothiques et enfin mentionnons une tête de la Vierge du 13e siècle actuellement conservée au musée d’Avallon.
L’église est normalement fermée. Pour la visiter, on peut contacter la mairie de Vermenton ou l’association Les Gens de Sacy. Pour en savoir plus sur Sacy, vous pouvez visiter les sites Internet suivants: Site du village:
http://www.sacy.org/.
Vous pouvez également consulter les références suivantes : - Delasselle
C., Les églises romanes de l’Yonne, Auxerre,
2003.
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