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Saint-Révérien
Edifice |
Eglise
Saint-Révérien, ancienne priorale |
Situation |
Centre
village, 58420 (Nièvre) |
Parties
Romanes |
Chœur
à déambulatoire et chapelles rayonnantes, parties
du portail ouest |
Décoration |
Sculptures
du portail ouest, beaucoup de chapiteaux du chœur, tailloirs,
cordons et baies décorées |
Datation |
Milieu
du 12e siècle |
Introduction
- Historique - Description
- Visite
Introduction
Ce
village du Nivernais possède
une église romane qui est parmi les plus remarquables du
département. L’histoire du lieu est marquée
par le martyre, au 3e siècle de Révérianus,
évêque d’Autun et évangélisateur
de la région. Un oratoire s’élève sur
son tombeau, et plus tard un prieuré bénédictin,
possession de Cluny à partir du 11e
siècle. C’est au milieu du siècle suivant que
l’église priorale actuelle est construite. Gravement
incendiée en 1723, la nef a été reconstruite
en 1840 sur le modèle de l’ancienne nef romane. Un
clocher-porche remplace à cette époque le clocher
qui se trouvait sur le chœur de l’église, en utilisant
dans son portail deux belles sculptures d’anges provenant
du portail roman. Ce qui attire l'attention, c’est le merveilleux
chœur roman, avec ses travées voûtées en
berceau, ses bas-côtés voûtés d’arêtes,
son rond-point à arcatures sur six colonnes, le déambulatoire
et ses chapelles rayonnantes. La série magnifique des chapiteaux
du chœur fait de Saint-Révérien l’un des
plus important ensemble de la sculpture romane dans la Nièvre,
après celui de la grande abbatiale de La
Charité, d’où les sculpteurs sont probablement
venus. L’abondance de la sculpture se manifeste sur les thèmes
bibliques et sur les motifs végétaux des chapiteaux
des piliers, et des colonnes du chœur. Les chapiteaux les plus
intéressants sont ceux des six colonnes du rond-point, où
les corbeilles en ronde-bosse sont décorées d’animaux
fantastiques, de décors entrelacés et de plusieurs
scènes du Jugement dernier. Les autres chapiteaux du chœur
sont décorés de scènes historiées, dont
celle de l’histoire de Jacob, ou d'un bestiaire fantastique.
Sur un chapiteau de deux atlantes on peut lire l’inscription
ROTBERTVS ME FECIT, la signature du sculpteur. La décoration
de la priorale est complétée par les fresques gothiques
des chapelles rayonnantes. L’église est toujours flanquée
des anciens bâtiments conventuels, dont le logis du prieur
et la ferme du prieuré.
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Les chapiteaux
du rond-point |
Historique
Saint-Révérien,
situé près du site antique de Compierre,
a connu une longue histoire. Au 3e siècle, Révérianus,
évêque d’Autun, fut envoyé
sur ces terres par le pape Saint Félix Ier pour
évangéliser le peuple. Il fut martyrisé à
Saint-Révérien par décapitation en 274, avec
ses onze compagnons, sur les ordres de l'empereur Aurelius.
Les martyrs furent inhumés sur place et une cella fut construite
dès le 4e siècle sur leur tombeau. Un petit monastère
bénédictin dépendant de Saint-Martin d’Autun
s'y installera ensuite. Le prieuré fut donné au chapitre
de Nevers par Charles le Gros
en 886. En 1076, le prieuré fut remis à Cluny
par le comte de Nevers et un prieuré clunisien avec douze
moines se développe. Au 12e siècle, l'église
et les dépendances furent reconstruites, à côté
de l'ancienne église qui devint alors paroissiale (jusqu'au
18e siècle). Les brigands pillent le prieuré et l'église
en 1360. La fortification du prieuré fut décidée
après la guerre de Cent Ans. Un incendie au 15e siècle
nécessita la reconstruction des voûtes de l'église.
Le déclin du prieuré commença au début
du 16e siècle avec l'installation des abbés commendataires.
Un grand incendie en 1723 fait brûler l'église priorale,
qui perd son clocher et sa nef, et l'église paroissiale.
L'église priorale fut restaurée en 1725-1726 et devint
également paroissiale. Le prieuré subsistera jusqu'à
la Révolution mais il ne reste alors que deux moines. Durant
la Révolution, l'église devint Temple de la Raison
et les bâtiments du prieuré furent vendus comme bien
national. L'église a été très largement
restaurée à partir de 1833. Un nouveau clocher-porche
fut ajouté en 1838. En 1840, la nef fut reconstruite et le
chœur fut classé Monument Historique. La nouvelle église
fut achevée en 1898 avec la sculpture des chapiteaux de la
nef. L'église a été restaurée en 1906,
en 1950 (pour ce qui concerne les fresques), et encore récemment.
Description
L'église
romane du milieu du 12e siècle ne fut que partiellement conservée.
Il s'agit du chœur, se composant de trois travées inégales
à bas-côtés et d'un déambulatoire avec
trois chapelles rayonnantes. La construction en moyen appareil est
très soignée et richement décorée. La
nef à six travées avec bas-côtés et le
clocher-porche occidental sont modernes. On peut se demander combien
la reconstruction du 19e siècle a été fidèle
à l'architecture de la nef romane. On sait que l'église
romane était dépourvue de transept et coiffée
d'un clocher central sur le chœur, détruit par les incendies.
La nef avait des travées dissymétriques, possiblement
avec des travées doubles aux piliers et colonnes alternants,
comme dans la nef actuelle. Il est probable que la nef et le chœur
étaient élevés d'un second étage avec
des baies supérieures. Cela impliquerait que les voûtes
en berceau, même dans le chœur, ne soient pas d'origine.
L'église avait un porche désaxé avec un portail
roman dont quelques sculptures ont été remployées
dans le clocher-porche actuel.
L'intérêt
de l'extérieur de l'église se concentre sur le chevet
qui donne sur les prés. Ses dispositions sont rares, même
si on considère les remaniements tardifs. Le déambulatoire
a deux niveaux de baies. Les chapelles rayonnantes, rehaussées
après l'époque romane, présentent des contreforts
plats, des baies et des vestiges de modillons. Les archivoltes des
baies sont décorées de chevrons, de palmettes et de
perles. La nef est une large construction horizontale dont les murs
latéraux ont de larges baies.
Extérieur
et portail :
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Chœur |
Baie |
Face sud |
Façade |
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Ange
du portail |
Ange du portail |
Tête
d'ange |
Jambes d'ange |
Le clocher-porche
de la façade s'ouvre par un portail intégrant
des sculptures romanes en réemploi. La voussure en plein
cintre est décorée de rinceaux aux palmettes et grappes
de raisin. A l'intérieur de l'arc se trouvent deux sculptures
d'anges cariatides à quatre ailes. Ils soutenaient à
l'origine une clé de voûte représentant Dieu
le Père en gloire et bénissant. Le style presque byzantin
des anges, de grande qualité, évoque un relief de
Notre-Dame de Nevers conservé
au Louvre.
L'intérieur
du chœur de l'église est la partie
la plus intéressante de la visite. Sa partie droite voûtée
en berceau sur deux doubleaux se compose d'une travée simple
et d'une travée double. Les grandes arcades en plein cintre
retombent sur des supports variés : par face il y a un pilier
cruciforme, deux piliers carrés à colonnes engagées
et une colonne ronde. Le flanc sud fut mieux conservé avec
son cordon décoré. La naissance d'une colonne engagée
au niveau des voûtes y indique la présence probable
d'un deuxième étage avec des fenêtres hautes.
L'abside se compose de sept arcades brisées
(à l'exception des premières arcades en plein cintre)
et de six colonnes monolithes (provenant peut-être d'un édifice
antique ?). Les arcades et le cordon au-dessus sont décorés
de fleurons, de moulures et de décors géométriques.
Les bas-côtés étroits du chœur
sont voûtés d'arêtes sur doubleaux brisés
retombant sur des colonnes engagées. Ils se prolongent par
le déambulatoire faisant le tour de l'abside
qui reprend ce type de voûtement. Trois sections de murs conservent
un double étagement de baies qui sont flanquées de
colonnettes aux spirales et torsades, de chapiteaux et de tailloirs
décorés. Trois chapelles rayonnantes en
cul-de-four, sans travée droite, donnent sur le déambulatoire.
Leur plan légèrement outrepassé est dissymétrique,
puisque la chapelle centrale est désaxée par rapport
au chœur et la chapelle nord est moins large que les autres.
Trois baies à colonnettes et chapiteaux éclairent
chaque chapelle. Des fresques des 15e et 16e siècles y sont
à voir. Dans la chapelle axiale, dédiée à
la Vierge, le cul-de-four porte une Assomption de la Vierge et les
docteurs de l’église flanquent les baies. La chapelle
Saint-Joseph, au sud, présente des peintures de saints et
saintes. Dans la chapelle nord on trouve une statue de saint Révérien
décapité portant sa tête (16e siècle).
Parmi les autres curiosités de l'église citons les
dalles funéraires des seigneurs (13e-16e siècles),
des graffiti et inscriptions sur les piliers du chœur (13e-15e
siècles) et des peintures modernes du Jugement dernier dans
la nef (1906).
Intérieur
du chœur :
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Chœur |
Piliers |
Bas-côté |
Déambulatoire |
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Colonnes |
Baies |
Chapelle
rayonnante |
Fresques |
Les chapiteaux
sculptés du chœur constituent le trésor de l'église.
Il s'agit de l'un des meilleurs ensembles romans du Nivernais et
même de toute la Bourgogne. Les sculpteurs, probablement venus
de La Charité, appartiennent à
l'école clunisienne, mais ont également des liens
avec Plaimpied-Givaudins (18) en Berry ou avec Saint-Menoux
(03) en Bourbonnais. Le nom d'un sculpteur, Rotbertus,
est inscrit sur un chapiteau et sur une base de colonne. Les thèmes
des chapiteaux sont divers : scènes de l'Ancien et du Nouveau
Testaments, bestiaire et animaux fantastiques, décors végétaux.
A remarquer, les tailloirs des chapiteaux qui ont
souvent reçus des décors également : dents
de scie, damiers, guirlandes, éléments géométriques,
salamandres et serpents.
Commençons
la description par les six colonnes du rond-point de l'abside
dont les grands chapiteaux sont sculptés en ronde-bosse.
Du nord au sud, le premier présente huit aigles ou rapaces,
affrontés deux par deux, prises dans des rinceaux émergeant
de petites têtes animales. Le deuxième est sculpté
de feuillages d'acanthes. Le chapiteau suivant est celui des animaux
fantastiques : sur ses faces on admire des animaux affrontés
dévorant un oiseau, un lion dévorant un griffon, un
monstre entrelacé à queue de serpent et un reptile
ailé se mordant la queue. Les chapiteaux quatre et six présentent
des entrelacs palmés et des entrelacs de rubans. Le cinquième
chapiteau est le plus important de la série car il est consacré
au Jugement dernier. La Résurrection des
morts fait face au chœur avec deux anges sonnant de la trompe
pour le réveil des morts. Faisant le tour, on trouve ensuite
la Pesée des âmes avec l'archange saint Michel et le
diable touchant la balance portée par la main divine. Sur
la face sud-est, on trouve l’Enfer, avec des diables et démons
assommant des damnés, sous l'inscription INFERNVS.
Enfin, le paradis, avec trois personnages sous une arcade représentant
la Jérusalem céleste, sous l'inscription PARADISVS.
Chapiteaux
de la colonnade :
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Aigles affrontés |
Aigles affrontés |
Acanthes
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Animaux fantastiques
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Animaux
affrontés |
Lion dévorant
griffon |
Monstre
entrelacé |
Reptile ailé |
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Entrelacs et palmes |
Jugement dernier
: pesée des âmes |
Jugement dernier
: pesée des âmes |
Jugement dernier
: résurrection des morts |
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Jugement
dernier : Jérusalem céleste |
Jugement dernier
: l’enfer |
Jugement dernier
: l’enfer |
Entrelacs de
rubans |
Les piliers
des travées de chœur conservent dix
chapiteaux sculptés, où on retrouve des scènes
bibliques et animaliers, entre d'autres chapiteaux simplement épannelés
(surtout au nord). Le plus important en est le chapiteau en ronde-bosse
de l'Histoire de Jacob sur la colonne sud du chœur.
Sur ses quatre faces on trouve un personnage à cheval (David
ou Jacob ?), la bénédiction de Jacob par Isaac (entre
sa mère Rébecca et son frère Ésaü),
le songe de Jacob avec l'ange sur l’échelle céleste
et enfin la lutte de Jacob et l’ange. Sur le pilier nord-est
du chœur, trois colonnes engagées portent des chapiteaux
d'entrelacs, d'animaux et de l'Annonce aux Bergers. Ce dernier montre
un ange nimbé, s'adressant à des bergers, et des moutons.
En face, le pilier sud-est montre un personnage sous une arcade
entre un lion et un griffon (l'histoire de Daniel ?), un décor
végétal, et le Roi David joueur de rebec suivi de
trois personnages barbus et couronnés. Le pilier carré
sud-ouest du chœur, enfin, conserve également trois
chapiteaux de colonnes engagées : des animaux fantastiques
enlacés, un monstre à sept têtes et des animaux
affrontés.
Chapiteaux
des piliers du chœur :
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Histoire de Jacob : personnage à cheval |
Histoire de
Jacob : bénédiction par Isaac |
Histoire
de Jacob : songe de l’échelle |
Histoire de
Jacob : Jacob et l’ange |
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Animaux
enlacés |
Monstre à
sept têtes |
Animaux
affrontés |
Personnage
entre lion et griffon |
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David joueur de rebec |
Chapiteaux
aux entrelacs |
Animaux |
Annonce aux
Bergers |
Le dernier
groupe de chapiteaux est celui des colonnes engagées, des
colonnettes des baies et celles des chapelles rayonnantes du déambulatoire.
Les thèmes sont surtout des animaux et des vices. Sur les
colonnes engagées des bas-côtés et du déambulatoire
on trouve plusieurs animaux affrontés, des personnages (mutilés),
deux atlantes (portant l'inscription du sculpteur : ROTBERTVS
ME FECIT), une tortue et plusieurs entrelacs et feuillages.
Les colonnettes des baies inférieures du déambulatoire
ont des chapiteaux sculptés de sirènes (à double
queue et à tête), entrelacs et feuillages. Les chapiteaux
des chapelles, en partie refaits, sont dédiés au bestiaire.
On y rencontre des dragons, des oiseaux affrontés, un dragon-oiseau
entrelacé, le lion solaire, deux monstres entrelacés,
deux animaux affrontés, deux animaux enlacés, des
entrelacs et des feuillages. Signalons enfin que les chapiteaux
de la nef sont modernes (colombes buvant au même calice, têtes
de monstres vomissant des rinceaux de feuillages, feuillages stylisées,
motifs géométriques).
Chapiteaux
du déambulatoire et des chapelles :
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Atlantes |
Atlante (détail) |
Animaux
affrontés |
Tortue |
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Sirène
à deux queues |
Sirène
à tête |
Dragons
et têtes |
Oiseaux affrontés
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Dragon-oiseau entrelacé |
Lion solaire
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Décor
végétal |
Chapiteau de
la nef (moderne) |
Les bâtiments
de l'ancien prieuré, actuellement propriétés
privées, flanquent l'église au sud. Le logis
du prieur des 15e et 16e siècles, remanié,
conserve la tourelle de l'ancien donjon fortifié détruit.
La Mairie a été construite sur les caves d'un ancien
bâtiment conventuel. La ferme du prieuré
regroupait plusieurs bâtiments d'époques diverses :
granges, écuries, pressoir, boulangerie, vignes et étang.
Le colombier médiéval pourrait en
être la partie la plus ancienne.
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Logis
de l'ancien prieuré |
Visite
L'église
est ouverte toute l'année de 9h à 19h.
Pour en savoir
plus sur Saint-Révérien, vous pouvez visiter les sites
Internet suivants :
Site de la
mairie : https://58420-saint-reverien.pagesperso-orange.fr/.
Page romanes.com : http://www.romanes.com/Saint-Reverien/.
Page art-roman.net : http://www.art-roman.net/streverien/streverien.htm.
Page sites clunisiens : http://www.sitesclunisiens.org/article.php?sid=190.
Page
atlas roman : http://atlas-roman.blogspot.fr/2015/09/saint-reverien-eglise-priorale-saint-Reverien.html.
Page sacred destinations : http://www.sacred-destinations.com/france/saint-reverien-church.
Page emonnier : http://emonnier48.perso.sfr.fr/egliseromane/nievre/streverien/saintreverien.htm.
Page via lucis : https://vialucispress.wordpress.com/2014/05/07/the-capitals-of-saint-reverien-dennis-aubrey/.
Page val du Beuvron : http://www.valdubeuvron.fr/vdb.php?commune_id=7.
Page wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Saint-R%C3%A9v%C3%A9rien.
Page de photos (1) : http://www.jalladeauj.fr/bourbon/page6/page10/page10.html.
Page de photos (2) : http://nivernais-morvan.blogspot.nl/2013/07/leglise-de-saint-reverien.html.
Page de photos (3) : https://sites.google.com/site/artromanfrance/bourgogne/saint-reverien.
Vous pouvez
également consulter les références suivantes
:
- Anfray M.,
L’architecture religieuse du Nivernais au Moyen Age: les églises
romanes, Paris, 1951.
- Dupont J., Nivernais-Bourbonnais Roman, Zodiaque, 1976.
- Sapin C., Arnaud C. et Berry W., Bourgogne Romane, Dijon,
2006.
- Soultrait
G. De, Répertoire archéologique de la Nièvre,
Paris, 1875.
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