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Til-Châtel
Edifice |
Eglise
Saint-Florent-et-Saint-Honoré, ancienne collégiale |
Situation |
Centre
village, 21120 (Côte-d'Or) |
Parties
Romanes |
Entièrement
: nefs, transept, clocher, chœur et absides |
Décoration |
Tympans
des deux portails, chapiteaux historiés, modillons, fonts
baptismaux, statue |
Datation |
Milieu
et deuxième moitié du 12e siècle |
Introduction
- Historique - Description
- Visite
Introduction
Ce village
très ancien, situé au nord de Dijon
en direction de Langres,
conserve une église romane qui compte parmi les plus belles
du département de la Côte d'Or.
L'ancienne collégiale est un édifice important, d'un
bon volume et d'un style roman tardif. L'architecture est caractéristique
pour cette dernière période de l'art roman bourguignon
: une large nef à cinq travées sous berceau brisé,
piliers à colonnes engagées, bas-côtés
à voûtes d'arêtes, un transept avec coupole sur
trompes surmontée d'un clocher carré, une travée
de chœur à passages latéraux et trois absides.
Chose remarquable est l'éclairage direct de la grande nef
par des fenêtres hautes pénétrant le berceau.
Les sculptures de la collégiale méritent l'attention,
les décors des portails et des chapiteaux marquent la fin
de la sculpture romane en Bourgogne. Deux portails distincts possèdent
des tympans au Christ en Majesté entre les symboles des évangélistes.
Celui de la façade est remarquable pour ses larges voussures
et multiples colonnes aux décorations abondantes. Le portail
latéral sud, plus modeste, est signé par un certain
Petrus Divionensis, Pierre de Dijon.
Dans la nef, à la croisée du transept et aux arcatures
de l'abside, les chapiteaux montrent des scènes variées
aux thèmes végétaux ou animaliers : les sirènes,
les oiseaux à têtes humaines, les rinceaux issus de
têtes monstrueuses, les serpents, les feuilles d’acanthe
et les palmettes sont les sujets habituels
des sculpteurs romans. L'église possède d'autres éléments
intéressants, tel qu'un autel du 12e siècle, une statue
en bois du Christ, des fonts baptismaux anciens, les reliquaires
des saints patrons et quelques fresques des 15e et 16e siècles.
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Chapiteau et
élévation de la nef |
Historique
L’antique
Filena était une ville des Lingons et un castrum
qui fut station militaire des romains. Saint Florent y
aurait subi le martyre vers l’an 264, décapité
sur le pont sur la Tille. Une église conservant ses reliques
fut donnée aux augustins de l’abbaye de Saint-Etienne
de Dijon en 801 par l’évêque
Betto de Langres.
Un chapitre de chanoines réguliers y fut fondée en
1033 et l’église est alors collégiale ainsi
que priorale dépendant de Saint-Etienne. Un important synode
fut organisé à Til-Châtel en 1116 sous l’impulsion
de l’archevêque Guy de Vienne. Devenu le pape
Calixte II, il aurait ordonné la construction de
l’église romane, élevée au cours du 12e
siècle. En 1146, un cercueil identifié comme celui
de saint Honorat fut découvert pendant des travaux
et il devint alors le deuxième patron de l’église.
Un important château-fort s’élevait au Moyen-âge
formant un ensemble imposant avec l’église. Des remaniements
interviennent aux 15e et 16e siècles et l’église
fut à nouveau consacrée vers 1495. La façade
fut rehaussée en 1620 comme le montre une inscription sur
celle-ci. Après la Révolution, le prieuré fut
supprimé et l’église devient paroissiale. Elle
est classée Monument Historique en 1862. Après des
premiers travaux vers 1828-1833, des restaurations importantes en
1868-1869 par Maurice Ouradou, élève de Viollet-le-Duc,
entraînent la reconstruction de certaines parties de l’édifice
et la reconstitution de son état roman. Les derniers vestiges
du prieuré, du côté du cimetière, ont
été rasés en 1971. Une nouvelle restauration
en 2015 vient de remettre en état l'intérieur et les
tympans.
Description
L’église
bien restaurée est romane dans son ensemble. Elle présente
un plan roman classique avec une nef à bas-côtés
de cinq travées, un transept saillant avec clocher central
et un chœur avec trois absides précédées
d’une travée droite. L’axe nef-chœur est
légèrement incliné. La construction en moyen
appareil remonte au 12e siècle mais on peut y reconnaître
plusieurs étapes de travaux. Le chœur en est la partie
la plus ancienne, remontant aux années 1130-1150. La nef,
construite d’ouest en est, fut complétée vers
1180. Des remaniements tardifs, remarquons le croisillon nord du
transept en partie reconstruit au 15e siècle et la sacristie
moderne au sud du chœur.
L’extérieur
de l’église est trapu et imposant. La nef est de facture
soignée avec ses deux étages de baies et contreforts.
La façade avec son grand portail sous fronton triangulaire
et sa rosace est de facture presque gothique. On y trouve des contreforts
avec en haut des petits têtes sculptées et des traces
de pilastres d’un ancien porche disparu. Le clocher
central de l’église, restauré, présente
un étage de baies géminées avec colonnettes
et chapiteaux simples sous une corniche. Le pignon sud du transept
est encore roman avec ses baies doubles sous une rose mouluré,
celui au nord avec ses contreforts énormes a été
refait. Le chevet typiquement roman présente trois absides
avec couvertures en lave sous le pignon du chœur. Remarquons
encore les modillons sculptés, en partie
modernes, présentant de simples motifs géométriques
sur l’abside centrale et des têtes du côté
sud de la nef.
Extérieur
de l'église :
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Face nord |
Face sud |
Façade |
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Chevet |
Absides |
Clocher |
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Baies géminées |
Modillons abside |
Modillons nef |
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L’église
présente deux portails romans aux décors intéressants.
Le grand portail ouest s’inscrit dans le
fronton de la façade. Daté vers 1180, c’est
une belle conception de la fin de l’époque romane.
Le tympan montre le Christ en Majesté, dans sa mandorle trilobée,
assis sur un trône avec ses pieds reposant sur un animal,
entouré par les symboles des quatre évangélistes.
Restaurée aux années 1860, la tête du Christ
a été refaite. Le portail, richement décoré,
présente des voussures aux cordons sculptées de fleurons,
entrelacs et torsades, et dix colonnes avec bagues sculptées
de fleurons, palmettes et feuilles ou de décors géométriques.
Les chapiteaux surmontant les colonnes montrent des feuillages et,
à droite, des sirènes autour d’une tête
de monstre, sous des tailloirs aux entrelacs et grappes de raisin.
Les corbeaux sous le tympan présentent des beaux atlantes.
Le grand portail
ouest :
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Portail ouest |
Tympan |
Christ |
Colonnes |
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Chapiteaux |
Chapiteau |
Corbeau |
Corbeau |
Le petit portail
sud est un peu plus ancien, peut-être vers 1160.
Son beau tympan représente un autre Christ en Majesté
avec auréole crucifère dans une mandorle entourée
de quatre anges puis des symboles des évangélistes.
En dessous, une inscription avec le nom Petrus Divionensis fecit
istum lapidem indique qu’un certain Pierre de Dijon a
fait cette pierre. La voussure porte également des inscriptions.
Le tympan est très proche du tympan du Christ conservé
au Musée archéologique de Dijon,
datant de 1150-1160, qui pourrait indiquer un même atelier
de sculpture. Il y a deux chapiteaux au décor végétal
avec des tailloirs décorés et deux corbeaux avec des
atlantes.
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Le tympan du
petit portail sud |
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Portail sud |
Chapiteaux |
Chapiteaux |
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Tympan |
Christ |
Anges et Evangélistes |
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L’intérieur
de l’église présente un ensemble roman vénérable.
La nef s’élève sur deux étages,
celui des grandes arcades et celui des fenêtres hautes, séparés
par un bandeau horizontal. La voûte en berceau brisé,
avec des pénétrations au niveau des fenêtres,
a probablement été refaite au 19e siècle. Les
doubleaux aux colonnes engagées et les grandes arcades, de
profil brisé et à double rouleau, reposent sur des
piliers carrés cantonnés de trois colonnes engagées.
Les bas-côtés, celui au sud plus large que celui au
nord, sont voûtés d’arêtes sur doubleaux
brisés retombant sur de simples pilastres à impostes.
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Nef |
Arcade |
Fenêtres hautes |
Elévation |
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Bas-côté
sud |
Bas-côté
nord |
Bas-côté
nord |
Piliers |
La croisée
du transept est couverte d’une belle coupole
sur trompes qui s’élève sur quatre arcs brisés
à doubles rouleaux. Une voûte d’arête couvre
le croisillon nord, tandis que le croisillon sud à été
revoûté en ogive au 15e siècle. L’architecture
du chœur est originale. La travée droite,
voûtée en berceau brisé, s’ouvre sur des
bas-côtés également voûtés en berceaux
par de grandes arcades doubles reposant sur un pilier central (refait
tardivement). L’abside centrale a trois baies
s’inscrivant dans cinq arcatures avec des colonnes à
chapiteaux. Deux absidioles s’ouvrent par des arcs brisés
avec des impostes. Dans le chœur et dans les croisillons, des
fresques des 15e et 16e siècles en mauvais état montrent
encore plusieurs scènes de saints, d’apôtres
et de la vie de la Vierge et du Christ.
Intérieur
du transept et du chœur :
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Transept |
Coupole |
Chœur |
Arcatures |
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Arcades |
Arcades |
Absidiole sud |
Absidiole nord |
Les chapiteaux
romans de l’intérieur datent du milieu du 12e siècle.
Il y en a 40 au total, situés aux piliers de la nef et de
la croisée, sous les voûtes de la nef et aux arcatures
de l’abside. On y trouve un grand nombre de thèmes
végétaux variés ainsi qu’un bestiaire
fantastique et des monstres de facture classique. Les chapiteaux
les plus intéressants se trouvent dans la première
travée de la nef : des sirènes-harpies (au sud-ouest),
des oiseaux à queues de serpents (au sud-est), des oiseaux
à têtes humaines (au nord-est) et des rinceaux issus
de têtes monstrueuses (au nord-ouest). Les autres chapiteaux
de la nef sont décorés de feuillages, de feuilles
d’acanthes ou de palmettes. Sur quatre chapiteaux des parties
hautes de la nef et sur deux chapiteaux de la croisée on
peut y voir des masques dans les feuillages. Entre les six chapiteaux
de l’abside, enfin, remarquons deux monstres renversés
et un oiseau avec un serpent.
Images des chapiteaux
:
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Oiseaux à queues de serpents |
Oiseaux à
têtes humaines |
Sirènes
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Rinceaux et
têtes monstrueuses |
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Montres |
Oiseau et serpent |
Feuilles et
masque |
Feuilles et
masque |
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Feuillage |
Feuillage |
Feuillage |
Feuillage |
Le mobilier
de l’église est digne d’intérêt
et même encore en partie romane. L’autel
dans l’abside est du 12e siècle et sa pierre de base
serait la pierre du pont où saint Florent aurait été
décapité. Dans le croisillon nord, un beau Christ
aux outrages en bois remonte également au 12e siècle.
Les fonts baptismaux, dans le bas-côté
sud, également du 12e siècle, est octogonal avec formes
cubiques. Un fragment carolingien avec des entrelacs a été
réemployé dans le bas-côté nord. L’église
conserve les reliquaires de ses deux saints patrons : la châsse
dorée de saint Florent dans le chœur et le sarcophage
de saint Honoré avec une châsse du 16e siècle
en bois peint dans le croisillon nord. Des pierres tombales présentent
de belles dalles du 13e au 17e siècle. Enfin, le calvaire
dans la nef et le triptyque dans le chœur sont des œuvres
du 17e siècle.
Le mobilier ancien
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Autel |
Christ aux
outrages |
Fonts baptismaux
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Pierre tombale |
Le bourg de
Til-Châtel, important castrum au Moyen-âge, possédait
plusieurs autres édifices intéressants. Du grand château-fort
des seigneurs de Til, au sommet de la butte, il ne reste que la
porte d’entrée. Le bâtiment avec porte en plein
cintre et fenêtres à accolade, transformée en
habitation, pourrait remonter en partie à la même époque
que l'église. Plus bas dans le bourg, près de la place
du Tertre, se trouvent encore les bâtiments et la chapelle
gothique d’un ancien hôpital construit
aux 12e et 13e siècles en bordure de la voie Agrippa.
La Commanderie
de Templiers de Fontenotte enfin, se situait au
sud de la ville. Fondée en 1190, on y rencontre encore la
ferme templière avec sa tourelle d’escalier, transformée
en exploitation agricole après la Révolution. Sa chapelle
de style de transition a été démontée
dans les années 1960 et reconstruite sur le domaine de la
Bergerie à Corcelles-les-Monts près de Dijon.
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La chapelle
templière de Fontenotte, reconstruite à Corcelles |
Visite
L'église
est ouverte à la visite toute l'année.
Pour en savoir
plus sur Til-Châtel, vous pouvez visiter les sites Internet
suivants:
Site du village
: http://www.til-chatel.fr/.
Communauté de communes au nord de Dijon : http://www.covati.fr/.
Page blog monde de la marche : http://mondedelamarche.canalblog.com/archives/2008/09/01/10424118.html.
Page petit patrimoine : http://www.petit-patrimoine.com/fiche-petit-patrimoine.php?id_pp=21638_1
Page la France médiévale : https://lafrancemedievale.blogspot.com/2016/04/til-chatel-21-eglise-romane-saint.html.
Page Bourgogne médiévale : http://bourgognemedievale.com/departement-et-pays/cote-dor/pays-seine-tille/til-chatel/
.
Page de blog roman : https://romaans.blogspot.com/2022/12/eglise-saint-florent-te-til-chatel-cote.html.
Vous pouvez
également consulter les références suivantes
:
- Buquet J.-M.,
Buquet, ses différentes études sur le village
et Fontenotte, Le Lien, 2004.
- Deschamps
P., Les deux tympans de Saint-Benigne de Dijon et de Til-Châtel,
Bulletin monumental, 1922.
- Huguenin A.,
Til-Chatel, Les seigneurs, Saint Florent et Saint Honoré,
Dijon.
- Janin C.,
Histoire de Til-Châtel, Société d'Histoire
Tille/Ignon.
- Oursel R., Bourgogne Romane, Zodiaque, La Nuit des temps
1, 1968.
- Sapin C., Arnaud C. et Berry W., Bourgogne Romane, Dijon,
2006.
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