Le site sur l'Art Roman en Bourgogne
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Berzé-la-Ville

 

Edifice
Chapelle du Château des Moines, ancienne priorale
Situation
Coté ouest du village, 71960 (Saône-et-Loire)
Parties Romanes
Chapelle à deux étages : nef, chœur et abside
Décoration Fresques romanes, arcatures, chapiteaux, modillons
Datation
Fin du 11e siècle (étage inférieur) et début du 12e siècle (étage supérieur)

 

 

Introduction - Historique - Description - Visite

 

Introduction

Berzé-la-Ville est un petit village admirablement situé entre les monts du Mâconnais à peu de distance de Cluny. Il est dominé par le Château des Moines, un ancien prieuré clunisien. On dit que l’illustre saint Hugues de Semur, abbé de la grande abbaye voisine au 11e siècle, venait s’y reposer. La chapelle de l'abbé, bien conservée, se compose de deux étages romans. L’étage inférieur est voûté en berceau et date encore du 11e siècle, bien que l’étage supérieur soit de la reconstruction du début du siècle suivant. Ceci est d’une architecture agréable avec sa petite nef unique en berceau, sa travée de chœur et son abside à arcatures avec colonnettes et chapiteaux. Mais cette chapelle dont l’architecture apparaît bien modeste entre les richesses de l’art roman de cette région tient son grand renom de ses fresques magnifiques qui couvrent les murs et la voûte de l’abside, à l’intérieur. L’ensemble du début du 12e siècle, d’inspiration nettement Byzantine, est en effet le meilleur exemple de l’art pictural clunisien après la perte de Cluny III et est considéré comme le plus important spécimen de la peinture romane en Bourgogne. Son état de conservation est remarquable, du fait que ce n’est qu’en 1887 que les fresques ont été redécouvertes sous le badigeon. Le cul-de-four est occupé dans toute sa hauteur par le grand Christ en majesté dans sa mandorle, entouré d'apôtres, de saints et d'évêques. Dans les arcatures aveugles de l’abside on admire les scènes de martyre de saint Blaise et de saint Vincent, et dans les parties basses de l’abside neuf bustes de saints complètent l’ensemble d’une beauté impressionnante. La chapelle et les bâtiments qui l’entourent sont actuellement la propriété de l’Académie de Mâcon.
Dans le village, on peut visiter également l’église paroissiale Notre-Dame-de-la-Purification, dont la nef est partiellement romane et le est chœur gothique. Plus loin, on visite encore le château-fort de Berzé-le-Châtel et sa chapelle castrale romane.

 

 

Les fresques magnifiques de l'abside

 

Historique

Le site du Château des Moines occupe des terres appartenant à l’abbaye de Cluny dès le 10e siècle. Un prieuré-doyenné clunisien y fut fondé au 11e siècle, dépendant au début du monastère de Marcigny en Brionnais. En 1088 le prieuré de Berzé passe directement sous l'obédience de Cluny par échange avec Iguerande. Le site devient le lieu de séjour de choix du grand abbé Hugues de Semur (1049-1109). La construction de la chapelle privée de l’abbé fut commencée à la fin du 11e siècle. La chapelle fut incendiée par le foudre en 1109. Hugues, qui mourut en 1109, organise sa restauration par testament. Le monastère fut alors complété par le prieur Seguin sous l’abbatiat de Ponce de Melgueil (1109-1122).
Avec le déclin de l’abbaye de Cluny, Berzé entre dans l’oubli. Le Château des Moines est sécularisé à la Révolution et vendu en 1791. Il devient exploitation agricole privée et la chapelle fut transformée en grange à fourrage. Les célèbres fresques romanes ont été redécouvertes en 1887 par l’abbé Philibert Jolivet et la chapelle est classée Monument Historique en 1893. Toujours propriété privée, Joan Evans donne la chapelle à l’Académie de Mâcon en 1947. Les fresques ont été restaurées en 1979, 1981 et 2000.

 

Description

La Chapelle des Moines, derrière la porte d’entrée du Château des Moines, est un bâtiment simple se composant de deux étages. L’étage inférieur ou la crypte, datant de la fin du 11e siècle, est voûtée en berceau. Il était utilisé comme cellier et fait office de salle d’expositions sur les fresques. L’étage supérieur date du début du 12e siècle. Il se compose d’une nef de trois travées, d’une travée de chœur et d’une abside. C’est la partie ouverte à la visite et où se trouvent les fresques romanes qui sont l’attrait principal de la chapelle.

A l’extérieur de la chapelle on remarque l’architecture soignée du bâtiment. Le décor est modeste. Les murs de la nef sont allégés de bandes lombardes reliant les contreforts. La corniche de l’abside semi-circulaire présente des modillons romans sculptés de motifs simples. Les toitures sont en lave. Les autres bâtiments autour de la cour du Château ont été reconstruits en 1740 à l’emplacement de l’ancien prieuré. On y remarque encore la ferme, le logis principal et la tour d’angle.

Extérieur de la chapelle :
Prieuré
Abside
Extérieur
Modillons

 

Entrons dans la chapelle pour visiter l’intérieur lumineux de l’étage supérieur. Les murs de la courte nef, voûtée en berceau, sont décorés d’arcatures sur consoles entourant les baies. La travée de chœur, plus basse, est voûtée en berceau également et éclairée par deux étages de baies. Elle s’ouvre sous un arc triomphal à double rouleau retombant sur deux colonnes engagées avec des chapiteaux à feuilles et volutes. L’abside voûtée en cul-de-four, plus basse encore, conserve un décor magnifique de fresques. Ses baies sont encadrées par cinq arcatures sur colonnettes à chapiteaux sculptées d’oiseaux et de feuilles d’eau.

Intérieur de la chapelle :
 
Chapelle basse
Abside
Nef
 
 
Arcatures de la nef
Voûte du chœur
Arcatures de l'abside
 
 
Chapiteau du chœur
Chapiteau à oiseaux
Chapiteau de l'abside
 

 

Les fresques de l’abside attirent toute l’attention. C’est le plus grand ensemble de fresques romanes en Bourgogne et le meilleur exemple de l’art pictural de l’atelier de Cluny III. Les fresques sont généralement datées de 1105-1115, c’est à dire, à la fin ou juste après l’abbatiat de Hugues. L’iconographie est un témoin très impdécapitation de saint Blaiseortant de la grande époque clunisienne, représentant une quarantaine de personnages dans des scènes bibliques et hagiographiques. On y retrouve des influences de l’art byzantin et de l’art pictural de Rome. Les fresques attestent l’usage d’une technique mixte, combinant la peinture à fresque en majeure partie et des finitions peintes à sec. La palette riche comporte les ocres jaune et rouge, le minium, le vermillon, la terre verte, le bleu de lapis-lazuli, le blanc et le noir de carbone. Les fresques, bien conservées, dont certaines parties ont été recouvertes par une deuxième couche vers la fin du Moyen Âge, ont été restaurées aux 19e et 20e siècles.
Au centre du cul-de-four de l’abside trône le Christ en Majesté bénissant, représenté dans une mandorle. Au-dessus de son nimbe se trouve la main de Dieu dans un cercle. Les douze apôtres jouxtent le Christ : le cortège de saint Paul à gauche et le cortège de saint Pierre à droite. On y reconnaît la donation de la loi à saint Pierre, dite traditio legis, ainsi que la clé de saint Pierre et des phylactères. En bas du cul-de-four on admire deux saints, à gauche, et deux évêques ou abbés, à droite. Entre les arcatures de l’abside, au pied du Christ, on voit six bustes de Vierges sages ou de saints, avec des ornements vestimentaires. Les deux arcatures aveugles de l’abside représentent des scènes de martyres particulièrement belles. A gauche, il y a le martyre de saint Blaise, avec son emprisonnement en haut et sa décapitation en bas. A droite, on admire le martyre de saint Vincent de Saragosse, torturé sur une maie de pressoir. Le choix des deux saints sud-européens est considéré comme un hommage clunisien aux Arméniens et aux Espagnols. Dans le soubassement de l’abside, neuf bustes de saints et de martyrs occupent l’espace sous les baies. A gauche, Abdon, Sennen, Dorothée et Gorgon sont des martyrs orientaux. Au centre, Sébastien, Serge et Bacchus sont les saints de la Rome éternelle. A droite, Denis et Quentin sont des saints de l’occident de la chrétienté. Sur les piédroits de l’arc triomphal de l’abside on trouve deux bustes d’abbés qu’on croit représenter Mayeul et Odilon de Cluny. En haut de l’arc triomphal, l’ensemble absidal est complété par un agneau et par deux anges. On retrouve encore d’autres fresques, plus simples et plus abîmées, sur les voûtes du chœur et de la nef : des motifs géométriques, des palmettes, et des traces d’une Cène et d’une Entrée à Jérusalem.

 

Les fresques du chœur :
 
Christ en Majesté
Les apôtres
Les apôtres
 
 
Christ et main Dieu
Odilon et sainte
Vierges sages
 
 
Martyre de saint Blaise
Martyre de saint Vincent
Bustes de saints
 

 

 

Le village et l'église paroissiale

 

 

A voir aussi à Berzé :

 

 

 

Visite

 

La chapelle est ouverte de Mars à Novembre (fermée 12-14h). La visite est payante.

Pour en savoir plus sur Berzé, vous pouvez visiter les sites Internet suivants:

Site de la Chapelle des Moines : http://chapelledesmoines.fr/.
Site de l'association des amis du vieux Berzé: http://amisvieuxberze71.org/.
Site de la commune: http://berzelaville.fr/.
Site officielle de la chapelle: http://www.academiedemacon.fr/chapelle.htm.
Page romanes.com : http://www.romanes.org/Berze-la-Ville//index.html.
Page art-roman.net : http://www.art-roman.net/berze/berze.htm.
Page wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Chapelle_des_moines_de_Berz%C3%A9-la-Ville.
Page sites clunisiens : http://www.sitesclunisiens.org/article.php?sid=111.
Page photos églises : http://photos-eglises.fr/Bourgogne/71/BerzeVille/berze.htm.
Page terre de trésors : http://www.terredetresors.com/tresors/la_chapelle_aux_moines_de_berze-la-ville.html.
Article C.E.M. : https://cem.revues.org/11622?lang=en.

Remerciements : les photos de la page sont de Cees van Halderen.

Vous pouvez également consulter les références suivantes :

- Jantzen M., La Chapelle aux Moines à Berzé-la-Ville, Monuments Historiques.
- Lapina E., The Mural Paintings of Berzé-la-Ville in the Context of the First Crusade and the Reconquista, Journal of Medieval History, 2005.
- Magnien E., Les peintures murales de Berzé-la-Ville, Mâcon, 1958.
- Méhue D., Berzé-la-Ville, Chapelle des moines, Dossiers d'Archéologie, 2002.
- Mercier F., Les Primitifs Français, La Peinture Clunisienne en Bourgogne à l’Epoque Romane, Son histoire et sa technique, Paris, 1932.
- Mercier F., Berzé-la-Ville, La Chapelle du Chateau des Moines, Société Francaise d'archéologie,1937.
- Nicolas F., Les Peintures Murales à la Chapelle des Moines de Berze-la-Ville, Académie de Macon.
- Oursel R., Les peintures de la chapelle des moines de Berzé.
- Palazzo E., L’iconographie des fresques de Berzé-la-Ville dans le contexte de la réforme grégorienne, Cahiers de Saint-Michel de Cuxa, 1988.
- Rollier-Hanselmann J., D’Auxerre à Cluny: techniques de la peinture murale entre le VIIIe et le XIIe siecle en Bourgogne, Poitiers, 1997.
- Rollier-Hanselmann J., Les peintures murales de Cluny III et de Berzé-la-Ville, Dossiers d'Archéologie, 2002.
- Rollier-Hanselmann J., Berzé-la-Ville, La Chapelle des Moines : découverte d’un Christ caché sous les repeints, Société française d’archéologie, 2005.
- Rollier-Hanselmann J., La Chapelle des Moines de Berzé-la-Ville : image du monde chrétien médiéval, 2007.
- Russo D., Espace peint, espace symbolique, construction ecclésiastique : les peintures de Berzé-la-Ville, Revue Mabillon, 2000.
- Stratford N., Visite de Berzé-la-Ville, Le gouvernement d'Hughes de Semur à Cluny, Cluny, 1990.
- Virey J., Peintures Murales de la Chapelle des Moines à Berzé-la-Ville, Mâcon, 1913.
- Virey J., Saint-Hugues et la Chapelle de Berzé, Mâcon, 1930.
- Virey J., Les Eglises Romanes de l’Ancien Diocèse de Macon, Cluny et sa région, Mâcon, 1935.

 


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