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Baume-les-Messieurs

 

Edifice
Eglise Saint-Pierre-et-Saint-Paul, ancienne abbatiale
Situation
Centre village, 39210 (Jura)
Parties Romanes
Nef, bas-côtés, transept et parties du chœur
Décoration Chapiteaux et fragments déposés
Datation
Fin du 11e siècle et première moitié du 12e siècle

 

 

Introduction - Historique - Description - Visite

 

Introduction

L’abbaye de Baume se situe dans un site naturel unique dans le Jura, près de Lons-le-Saunier et non loin de la Bresse bourguignonne. Le petit village touristique est blotti au fond d'une magnifique reculée entourée de hautes roches calcaires. Il s’agit d’une abbaye très ancienne, reconstruite à la fin du 9e siècle par l'abbé Bernon, le fondateur de Cluny. Comme l’abbaye contemporaine de Gigny, Baume fut convertie plus tard en prieuré clunisien, perdant le minimum de son indépendance vis-à-vis de la grande abbaye devenue sa mère. La grande église abbatiale romane et l’ampleur des bâtiments claustraux reflètent la grandeur de l’ensemble monastique que constituait Baume au temps de son rayonnement. La longue nef romane de l'église attire l’attention : ses neuf travées, revoûtées en ogives, reposent sur des piles appareillées de sections altérées rondes, carrées et octogonales, comme à Lons. Elle fut largement construite à la fin du 11e siècle dans le style roman primitif typique pour le Jura, rappelant la nef de Tournus et Chapaize pour ses piliers maçonnés. Le transept saillant est également roman et ses bras sont voûtés en berceau. Le chœur bénédictin du 11e siècle a disparu, la disposition de ses absides échelonnées a été retrouvée par les fouilles sous le chœur gothique. On visite encore les bâtiments de l’abbaye, reconstruits entre le 13e et le 18e siècle, groupés autour de trois cours reliées par des passages voûtes, avec au centre le cloître gothique. Quelques chapiteaux déposés du 12e siècle proviennent peut-être du cloître roman.

 

 

 

Vaisseau de l'église

 

 

Historique

Les origines du monastère de Baume sont incertaines. Une abbaye bénédictine aurait été fondée pendant la deuxième moitié du 6e siècle par saint Colomban, mais il s’agit d’une légende que les sources ne puissent pas confirmer. On présume alors que ce premier établissement fut détruit par les Sarrasins au 8e siècle et relevé par saint Eutice. Une donation de Lothaire II à l’archevêque de Besançon Arduic fait mention de la celle de Baume en 869 (cella balmensis). C’était alors une dépendance monastique de Château-Chalon. Vers 890 l’abbaye est reformée et reconstruite par Bernon, abbé de Gigny, qui devint abbé de Baume (890-927), et lui fut donnée par Louis III l'Aveugle, roi de Provence. Une mention de 903 confirme Baume comme possession de Gigny. C’est de ces deux monastères comtois que Bernon part en 909 pour fonder la fameuse abbaye de Cluny. Détruite par les Hongrois à la fin du 10e siècle, la période suivante marque la reconstruction de l’abbaye de Baume, mais les sources ne nous en donnent pas de repères exacts. L’église romane aurait été commencée par l’abbé Bernard 1er (1076-1083) et terminée sous Albéric (1104-1139). Baume est donné à Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, par le pape Eugene III en 1147 et devint alors devint prieuré clunisien. Elle devint abbaye impériale en 1157 par intervention de Frédéric Barberousse, empereur germanique. En 1186 elle fut à nouveau soumise à Cluny par le pape Urbain III mais il garde cependant une certaine autonomie vis-à-vis de l’abbaye-mère, avec la libre élection de son abbé confirmée vers 1202. L’abbaye est incendiée en 1336, entamant probablement la destruction du cloître, puis pillée par les Anglais. Au début du 15e siècle, l’abbaye est restaurée dans le style gothique par l’abbé Aimé de Chalon (1390-1437). Le déclin de l’abbaye est marqué par le régime de la commande depuis 1489 et par des incendies en 1520 et 1560. L’abbaye est sécularisée en 1759 quand les chanoines transforment l’église en collégiale. Le chapitre fut supprimé en 1790 et la Révolution entame la vente du monastère dont les biens sont dispersés et les bâtiments transformés en habitations. L’église devint paroissiale et le cloître fut détruit en 1806 et 1865. L’abbaye est sauvée par des classements aux Monuments Historiques en 1849 et 1862 et par des restaurations en 1851-53, 1858-66 et 1880-89. De nos jours, la compartimentation des bâtiments abbatiaux en maisons privées persiste. Des fouilles et recherches archéologiques en 2007-2010 ont considérablement augmenté les connaissances sur les états de construction de l’abbatiale et des bâtiments abbatiaux.

 

L'abbaye dans son cadre naturel

 

 

Description

Le monastère comprend la longue église abbatiale au nord et les bâtiments abbatiaux regroupés autour de trois cours. L’église conserve de l’époque romane sa grande nef de neuf travées et le transept, remontant en grande partie à la fin du 11e siècle et la première partie du 12e siècle, avec des éléments plus anciens dans les parties orientales. L’église a été remaniée à l’époque gothique, le chœur et la voûte de la nef ont été reconstruits au 13e siècle et l’abside et le portail sont du 15e siècle. Les fouilles récentes ont retracé le plan du chœur roman bénédictin avec absidioles échelonnées, remontant à un premier état de l’an mil, et l’existence d’un narthex avec clochers devant la façade occidentale et d’une chapelle mariale. Les bâtiments du monastère, en majeure partie fermés à la visite, ont été reconstruits du 13e au 18e siècle.

 

Plan de l'église romane

 

A l’extérieur, on remarque d’abord la longue masse trapue de la nef, dont la plupart des baies des collatéraux ont été remaniées. Au nord on peut trouver des traces de bandes lombardes au niveau des dernières travées du bas-côté sans doute indiquant un état antérieur de la nef. Sa façade occidentale est gothique avec grande baie surmontant le portail avec une statue au trumeau. Le transept est tronqué au nord et le bras sud culmine sur le clocher dont la base est romane avec murs en petit appareil et baie ébrasée. La partie haute du clocher et sa flèche ont été reconstruites au 16e siècle. Le chevet polygonal est gothique et offre des images spectaculaires avec le site naturel du cirque de Baume.

 

Extérieur de l'abbatiale :
Chevet
Nef
Nef
Transept
Façade
Portail
Clocher
Base de clocher

 

La grande nef de Baume est une construction romane assez homogène même si on peut remarquer plusieurs phases dans sa construction. Le premier niveau des piliers et grandes arcades est daté vers la fin du 11e siècle. L’alternance des piliers carrés, ronds et octogonaux est typique du Jura, mais absente dans les dernières travées où tous les piliers sont carrés. Les bas-côtés voûtés d’arêtes sur doubleaux et pilastres sont de la même époque. Le deuxième étage du vaisseau central avec les fenêtres hautes, en partie murées, est attribué à une deuxième campagne, vers le début du 12e siècle. Les voûtes d’ogives reposant sur des culots sculptés de têtes sont du 13e siècle. L’étude des supports de la nef indique que la nef était couverte à l’origine en berceau sur doubleaux remplacé peut-être par une charpente avant la construction de la voûte gothique. Des pierres tombales gothiques sont déposées contre les murs des bas-côtés.

 

Intérieur de la nef :
Nef
Nef
Nef
Voûtes
Elévation
Elévation
Elévation
Culots
Bas-côté
Bas-côté
Bas-côté
Piliers

 

Le transept roman est du type bas et saillant. La croisée continue la voûte gothique de la nef avec deux arcs en plein cintre s’ouvrant sur les croisillons. Le bras nord, réduit à une seule travée, a été partiellement détruit par un éboulement de terrain au 16e siècle. Le bras sud conserve son unité romane avec deux travées voûtées en berceau sur doubleau. Sa deuxième travée se trouve dans la base du clocher et communiquait avec le cloître. A l’origine deux autres clochers surmontaient la croisée et le bras nord, dont on peut retrouver des vestiges dans les combles. Depuis le transept on retrouve les vestiges des travées en berceau qui donnaient sur les absidioles intérieures du chevet roman, transformées en chapelle gothique au nord et en rampe d’escalier au sud. Le chœur a été reconstruit au milieu du 13e siècle avec deux travées voûtées d’ogives et chapelles latérales rectangulaires. Les murs en petit appareil du chœur du 11e siècle sont en partie conservés, avec un triplet de baies découvert dans les combles au sud. L’abside à pans est du début du 15e siècle. Une chapelle mariale ou chapelle Notre-Dame dans la tradition clunisienne jouxtait le chœur au sud, ouverte sur la base du clocher. Vraisemblablement construite pendant la deuxième moitié du 11e siècle, d’après les recherches récentes, elle marque l’évolution continue du chantier de l’abbatiale. La chapelle avait deux travées et une abside, transformée en chapelle Notre-Dame de Salins fondée en 1452 puis en sacristie, sa première travée voûtée en arête est conservée dans une cave privée. Au nord du chœur se trouvent les chapelles gothiques de Chalon et des Tombeaux. Parmi les objets d’art conservés dans le chœur mentionnons le gisant du 13e siècle de Mahaut de Chalon et le grand retable flamand de 1525.

 

Transept et chœur :
Transept
Transept
Transept
Transept
Chapelle sud
Chapelle nord
Chapelle nord
Abside

 

 

Bâtiments de l'abbaye

Les bâtiments abbatiaux se regroupent autour de trois cours reliées par deux passages voûtés : la cour du cloître au centre, la cour abbatiale à l’ouest et la cour des chanoines à l’est. L’ensemble a été reconstruit aux époques gothique et classique et ne laissent que des vestiges archéologiques du monastère de l’époque romane. Les parties les plus anciennes sont alors les salles situées autour du cloître, aux voûtes d’ogives sur piliers à chapiteaux : les celliers et cuisines à l’ouest et l’ancienne salle capitulaire à l’est. Les salles ont été cloisonnées et transformées et leur style se reconnait le mieux dans les deux passages aménagés tardivement comme entrée du cloître. Le cloître a été reconstruit au 15e siècle, on n’en retrouve que les arrachements des arcades et colonnes des galeries détruites. Sa fontaine hexagonale au centre pourrait remonter au 17e siècle sur des fondations plus anciennes. Au-dessus des celliers, le grand logis abbatial du début du 16e siècle présente une large façade avec escaliers et des salles voûtées d’ogives. Les bâtiments au sud du cloître et les demeures des chanoines sur la cour orientale sont du 18e siècle. Le chauffoir, le dortoir et le réfectoire, qui se situaient autour du cloître, ont été détruits. Autour de la grande cour ouest on trouve les bâtiments du quartier abbatial : tour de justice du 16e siècle, hôtellerie du 17e siècle, porterie du 16e siècle et donjon du 14e siècle.

 

Bâtiments de l'abbaye

 

Cloître
Cloître
Puits
Passage est
Passage ouest
Passage ouest
Chapiteau de passage
Chapiteau de passage
Cellier
Chapiteau de cellier
Cour des chanoines
Cour abbatiale
Logis abbatial
Donjon
Hôtellerie
Tour de Justice

 

Plusieurs chapiteaux déposés sont à voir dans l’abbaye dont certains proviendraient du cloître roman. Un grand chapiteau double présente des personnages tandis que d’autres chapiteaux sont sculptés de feuillages et d’entrelacs. On conserve aussi des colonnes, une partie du trumeau du portail roman avec inscriptions et le tombeau du 12e siècle de l’ermite Renaud. Longtemps exposée dans le chœur de l’abbatiale, une nouvelle présentation dans le logis est en cours. D’autres chapiteaux romans ont été réemployés dans la construction du logis et de sa cuisine.

 

Chapiteaux déposés :
Personnages
Entrelacs
Décor végétal
Colonnes

 

 

Visite

L’abbaye se visite toute l'année. Visites guidées en été.

Pour en savoir plus sur Baume-les-Messieurs, vous pouvez visiter les sites Internet suivants :

Site du village : http://www.baumelesmessieurs.fr/.
Site touristique : http://www.tourisme-hauteseille.fr/abbayes.htm.
Page sites clunisiens : http://www.sitesclunisiens.org/article.php?sid=108.
Page blog Romaanse kunst en architectuur : https://romaans.blogspot.com/2018/08/abdijkerk-saint-pierre-et-paul-te-baume.html.
Page structurae : http://structurae.info/ouvrages/ancienne-abbaye-saint-pierre-saint-paul.
Visite virtuelle : http://www.ecranpanoramique.com/En_extra_files/abbaye-de-Baume.html.

Vous pouvez également consulter les références suivantes :

- Braun S., Le Jura roman : architecture et sculpture, XIe-XIIe siècles, 2005.
- David S., Dans le Jura roman: Premières églises, 2021.
- Lacroix P., Eglises Jurasiennes Romanes et Gothiques, Cetre.
- Lambert M-J. et Vergnolle E., Eglises romanes du Jura, 1998.
- Oursel R., Franche-Comté, Bresse romanes, Zodiaque, La Nuit des temps, 1979.
- Sapin C., Arnaud C. et Berry W., Bourgogne Romane, Dijon, 2006.

- Vincent J-L., Eglises du Jura, 2022.
- Voros C., Sites Clunisiens en Europe, Fédération des Sites Clunisiens, 2004.


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